La réforme qui va plaire aux retraités : pourquoi la France n'y coupera pas si Macron reste au pouvoirIstock
Le pouvoir travaille à la maîtrise des dépenses publiques. Ce qu'il ne saurait faire sans conduire à son terme une réforme des plus favorables aux retraités.
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Les comptes, dit-on, sont dans le rouge. Cela n'a rien de très étonnant : déjà (bien) avant la pandémie qui frappe la France depuis désormais plus d'un an, les tenants de la rigueur budgétaire tiraient la sonnette d'alarme. Ainsi, certains taxaient l'Etat français de compter parmi les pires gestionnaires, rappelait le titre spécialisé Boursier.com… en 2008. Les critiques n'ont pas nécessairement cessé depuis, à mesure que gonflait la dette publique.

Puis, est survenu le coronavirus Covid-19. Force est de constater que la crise sanitaire a déjà coûté très cher à la France. En outre, l'Etat a décidé d'abandonner la carte austéritaire au profit du "quoiqu'il en coûte", qui aura permis de soutenir l'économie de l'Hexagone mais s'est mécaniquement avéré assez onéreux. Ainsi, le gouvernement a mis en place divers dispositifs d'aides aux ménages et aux entreprises tels que la prise en charge d'une partie de l'indemnité de chômage partiel ou le report - parfois suppression pure et simple - de certaines charges.

Autant le dire clairement : les finances publiques ont souffert d'un tel effort, ainsi que le rappelle L'Opinion (article abonné). Mais ce n'est rien : Bruno Le Maire et Olivier Dussopt ont un plan.

Finances publiques : faut-il s'attendre à un retour de l'austérité sous Emmanuel Macron ?

Le projet porté par le ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance ainsi que par son ministre délégué pourrait d'ailleurs plaire aux retraités : il repose sur la bonne conduite de la réforme des retraites. Or, ainsi que le rappelait le Huffington Post en 2019, ils en sont les principaux soutiens. Une analyse à laquelle souscrit le politologue Christophe Bouillaud, ainsi qu'il l'a plusieurs fois expliqué dans nos colonnes.

Est-ce à dire que ce plan de stabilisation et de redressement des comptes publics leur sera favorable ? Récapitulatif.

Finances publiques : le plan qui va plaire aux retraités

Le projet présenté ce mercredi 14 avril 2021 par Bruno Le Maire et Olivier Dussopt prévoit de rétablir les comptes publics mais sans jamais passer par la moindre hausse d'impôts.

Non, les deux ministres ont identifié d'autres leviers. Il s'agit donc de "soutenir la croissance potentielle, notamment par le plan de relance, et maîtriser l'évolution des dépenses publiques en contenant leur progression à +0,7% par an en volume entre 2022 et 2027".

Cela, assurent-ils, ne peut passer que par la réforme des retraites puisqu'il serait complexe de mobiliser autant les autres composantes de la dépense publique que sont l'Etat et les collectivités locales. Et Bercy de pointer du doigt les défauts du modèle de solidarités inter-génération en place dans l'Hexagone. "Le système actuel de retraite est trop fragmenté et porteur d'inégalités ; il n'incite pas assez à l'emploi des seniors, alors que la France pâtit d'un taux d'emploi des seniors parmi les plus faibles des pays avancés, ce qui freine la prospérité collective du pays ; enfin, la soutenabilité financière du système n'est pas assurée avec les paramètres actuels", peut-on ainsi lire dans le rapport.

Mais pourquoi un tel constat - et le plan qui va avec pourrait-il plaire aux retraités ?

Finances publiques : les retraités d'aujourd'hui préservés, mais pas ceux de demain ?

La réforme des retraites, qui est présentée comme la pierre angulaire du projet, indique L'Opinion, ne concernera pas les retraités actuels. Qu'il s'agisse de celle, paramétrique, défendue par Bruno Le Maire ou de celle, systémique, voulue par Emmanuel Macron ; elles ne modifient tous deux que les règles pour les générations à venir. C'est précisément, juge Christophe Bouillaud, ce qui pourrait séduire celles et ceux qui ont d'ores et déjà liquidé leurs droits.

"Les retraités français souhaitent une réforme des retraites qui leur garantira que les pensions des autres demeurent moins élevées afin qu'il soit possible de financer les leurs. En somme, ils veulent que l'on coupe l'échelle qui leur a permis de grimper en haut de l'arbre duquel ils goûtent les fruits", explique-t-il dans nos colonnes.