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Récemment épinglé par Mediapart pour quelques unes de ses frasques les plus exotiques, François Goullet de Rugy n'en est visiblement pas à son coup d'essai. Le journal d'investigation a creusé… Et continue de révéler des éléments potentiellement accablants.
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Affaire François de Rugy : le ministre a-t-il bénéficié d’un logement à loyer social préférentiel ?

Un feuilleton qui pourrait ne pas s’arrêter. C’est parce qu’elle mobilisait - sans pour autant l’occuper - un logement  à vocation sociale que François de Rugy a limogée sa directrice de cabinet. Problème ? Il semblerait que le ministre de la Transition écologique et solidaire, à qui le chef de l’Etat vient de renouveler sa confiance, bénéficie lui aussi d’un tel privilège, révèle le journal d’investigation Mediapart (article abonné). 

Chaque mois, depuis juillet 2016, François de Rugy payerait donc un loyer de 531 pour pouvoir habiter un appartement social de la commune d’Orvault (Pays nantais, Bretagne) qu’il dit mettre à la disposition de ses enfants en week-end, lorsqu’il en a la garde. C’est là un souci : comme le rappelle Le Monde, les règles permettant d’accéder à un tel bien sont strictes. D’une part, les revenus du ministre (9 940 euros bruts mensuels) excèdent très largement les plafonds autorisés et d’autre part, un logement social vise normalement à offrir une résidence principale à ses résidents.

Dans le détail, rapporte Mediapart, l’appartement loué par François de Rugy mesure 48 m² et comporte deux pièces. "Cette information, si elle est avérée, je n’en n’ai moi-même jamais eu connaissance", s’est défendu l’ancien président du Parti écologiste, qui dit d’ailleurs payer 622 euros mensuels, parking compris. "Un montant conforme au prix du marché", poursuit-il, information confirmée par le Huffington Post.

Au bord des larmes devant Jean-Jacques Bourdin, François de Rugy s’en est violemment pris au journal d’investigation, dénonçant des "mensonges" et accusant le site de "mener en permanence des campagnes contre ceux qui gouvernent’". Il s’est d’ailleurs dit "attaqué matin, midi et soir" et a concédé être "très en colère" depuis la lecture de l’article déclarant qu’il occupait un logement social.

Affaire François de Rugy : un sèche-cheveux doré à la feuille d’or ?

François de Rugy ne se serait pas arrêté là, explique Le Parisien, dont Le Nouvel Observateur reprend les informations. Non content de participer à de luxueux dîners, le président de l’Assemblée nationale est également accusé par le quotidien d’avoir acheté "un sèche-cheveux, doré à la feuille d’or, pour la somme de 499 euros".

D’après le journal, qui utilise d’ailleurs le conditionnel souligne l’hebdomadaire marqué à gauche, le dit appareil serait resté à l’Hôtel de Lassay, après la nomination de François de Rugy au ministère de l’écologie.

"On raconte que j’ai fait acheter un sèche-cheveux plaqué or, plaqué avec des feuilles d’or. Où va-t-on ? C’est n’importe quoi", s’est agacé le ministre d'État, au micro de Jean-Jacques Bourdin, le 12 juillet 2019. "Je vais demander au ‘Parisien’ qu’ils me le montrent ce sèche-cheveux", a-t-il ensuite poursuivi. 

Depuis, rappelle Le Parisien, François de Rugy s’est engagé à "rembourser chaque euro contesté". L’annonce, formulée après son entrevue avec le Premier ministre, pourrait ne pas suffire à enterrer l’affaire. "De tout problème, de tout dysfonctionnement, il faut tirer des leçons", déclarait d’ailleurs "à demi-mot", un proche du président de la République. Et si le ministre a assuré qu’il ne démissionnerait pas, les noms de ses potentiels successeurs commençaient déjà à circuler jeudi, révèle le quotidien régional…

Affaire François de Rugy : des dîners de luxe et un mariage aux frais du contribuable ?

Pour "rester connectés à la vraie vie", durant l’exercice de ses fonctions au Perchoir, François de Rugy organisait avec son épouse de somptueux dîners. Sur les tables de l’Hôtel de Lassay, la résidence de la présidence de l’Assemblée nationale, trônaient quelques homards géants "finement préparés", agrémentés de quelques bouteilles grands-crus dont certaines sont estimées à plus de 500 euros. Les récentes révélations de Mediapart, cela ne fait pas de doute, sont proprement accablantes pour le ministre de la Transition écologique et solidaire.

Ce n’est pourtant pas la seule casserole que l’ancien rival de Benoît Hamon se retrouve à traîner. Avant d’organiser des dîners privés au frais de l'État avait déjà dû se justifier pour certaines dépenses jugées "curieuses", rappelle Le Figaro. Le ministre avait notamment organisé son déjeuner de mariage à l’Hôtel de Lassay, en décembre 2017. Un choix qui n’avait pas fait l’unanimité, pour dire le moins… "Il a tout réglé avec son propre argent. Et la réception a eu lieu dans un salon privé de son logement de fonction", avait tenté de rassurer son entourage.

Par ailleurs, François Goullet de Rugy a multiplié les achats directement financés par le palais Bourbon : quatre appareils à raclette et trois jeux de huit spatules, pour un total de 200,57 euros, mais aussi un vélo elliptique d’une valeur vénale de 768,99 euros. Les partisans de l’ancien président de l’Assemblée nationale avancent la nécessité de cette dépense, pointant du doigt des horaires "peu compatibles avec la salle de sport"…

Autre point de crispation : le troisième chauffeur embauché par François de Rugy. Compte tenu des allers-retours que l’ancien président devait réaliser entre Paris et sa circonscription, il avait cru bon d’employer une troisième personne. Un choix des plus critiqué, rappelle le quotidien national. "Ce sont les chauffeurs eux-mêmes qui m’ont expliqué qu’ils devaient être trois pour assurer correctement le roulement, la distance entre Nantes et Paris étant importante", s’est défendu le ministre.

Affaire François de Rugy : avez-vous payé pour les travaux dans son appartement ?

François de Rugy semble aimer les homards… Et les appartements bien entretenus. Comme l’a dévoilé Mediapart, quelques heures seulement après les premières révélations, le ministre de la Transition écologique et solidaire n’a pas utilisé l’argent public que pour régaler ses convives lors de luxueux dîner. Il a également fait entièrement réaménager son logement de fonction, installé hôtel de Roquelaure.

Au total, les travaux auraient coûtés plus de 63 000 euros. Réalisés entre fin 2018 et début 2019, ils ont permis la construction d’un dressing estimé à près de 17 000 euros, ainsi que de très onéreux travaux de peintures (35 390 euros). Le ministre d'État a fait repeindre les sols (4639 euros), les salles de bains (6057 euros), et le dressing fraîchement construit (16 996 euros). Des "travaux de conforts", assure Mediapart, dont Le Figaro reprend les informations.

Des accusations auxquelles le ministre a rapidement apporté des réponses : "Si le montant des différents travaux réalisés est important, il est lié au caractère très particulier des lieux où ils ont été effectués : l’Hôtel de Roquelaure, comme d’autres ministères, est un élément du patrimoine français, construit au début du XVIIIème siècle", écrit le ministre sur son compte Facebook.

Affaire François de Rugy : sa directrice de cabinet également épinglée

Homards géants, vaisselle en or et lourds travaux de rénovation… Les temps sont durs pour François de Rugy mais, hélas pour lui, les révélations ne s’arrêtent pas là. Mediapart a également épinglé sa directrice de cabinet, Nicole Klein, à qui il a demandé de quitter ses fonctions.

Problème ? Depuis 2001, la préfète serait locataire d’un logement social à Paris. Or, elle n’habitait plus capitale après 2006. Elle aurait donc continué à profiter de ce bien, "privant ainsi d’une possibilité de logement l’un des quelque 200 000 demandeurs de logements sociaux à Paris", écrit le site d’investigation.

Pour sa défense, la haute fonctionnaire clame que la situation est légale et assure avoir répondu à tous les critères d’admissions à l’obtention d’un HLM… Quand elle en a fait la demande. "Je ne considère en aucun cas que mon logement aurait été un logement social vacant mais plutôt un havre toujours occupé, au milieu de douze mutations souvent très rapides et toujours au service de l’intérêt général. Les préfets ont une peur bleue de perdre leur emploi du jour au lendemain et de se retrouver sans rien", a-t-elle ajouté.