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Le Canard Enchaîné a révélé cette semaine qu'une soixantaine de parlementaires était en délicatesse avec le fisc. En faisant partie, Philippe Marini et Lucien Degauchy ont voulu s'expliquer.

La nouvelle a fait râler de nombreux Français cette semaine. Dans sa dernière édition, le Canard Enchaîné a en effet révélé que plus de soixante parlementaires ne seraient pas en règles avec l’administration fiscale. Des erreurs auraient notamment été pointées dans leurs déclarations de revenus et de patrimoine. Et alors que le journal précisait que les noms des élus visés ne seraient pas communiqués avant "la fin de l’année", deux d’entre eux ont décidé de se faire connaître. Leur objectif : donner leur version des faits. Aussi, Lucien Degauchy et Philippe Marini, respectivement député et sénateur UMP de l’Oise, ont accordé un entretien au Monde.

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"Dans mon esprit, cet argent n’était pas à moi""En aucun cas, je n’ai cherché à tricher", s’est défendu Lucien Degauchy. Propriétaire d’un immeuble au Pré-Saint-Gervais, l’élu l’a estimé à 471 000 euros dans sa déclaration de patrimoine, tandis que la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) l’a, elle, estimé à 1,6 million d’euros. Un décalage que le député justifie par l’état général du bien : "les plancher s’écroulent, il y a des travaux de confortation. Un marchand de biens m’avait même dit qu’il n’en ferait rien et le démolirait pour reconstruire derrière". Egalement épinglé pour un compte en banque en Suisse crée en 1981 et déclaré en France en 2013, Lucien Degauchy a assuré que "dans (s)on esprit, cet argent n’était pas à (lui), (…) c’était un héritage". Et celui-ci de railler le fait qu’on lui reproche aujourd’hui "de ne pas l’avoir déclaré plus tôt".

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Quant à lui visé pour l’évaluation d’un bien immobilier de famille, Philippe Marini a fait valoir que celui-ci était dans sa famille "depuis des années" et qu’il n’y avait tout simplement "pas prêté attention". Non content d’être dans le viseur du fisc, l’élu a déploré : "pour remplir notre déclaration de patrimoine, on se contente de recopier l’ISF. Or, c’est l’éternel problème : si les chiffres datent, le marché a pu évoluer".  Tous les deux ont cependant reconnu qu’ils "négociaient depuis l’été avec la HATVP" pour tenter de trouver un terrain d’entente.

"Ils sont quelques-uns à tenter sciemment de tromper l’administration"Dans son article, le Canard Enchainé précisait que deux catégories de fraudeurs présumés se distinguaient par la soixantaine repérée. "Nombre d’entre eux minimisent leur patrimoine, par négligence ou par calcul, mais sans dépasser les 5 ou 10% de la valeur réelle", commentait un responsable de Bercy dans les colonnes du journal "En revanche, ils sont quelques-uns à tenter sciemment de tromper l’administration", avait-t-il ajouté.