La bête du Gévaudan : la théorie du coup montéAFP
Au XVIIIe siècle, un animal sauvage et mystérieux sème la terreur dans cette provine occitane. S'agit-il d'un loup ou d'un chien ? Alors que la réponse n'est pas définitive, certains évoquent un coup monté, puisqu'un tueur serait en réalité "la bête du Gévaudan".
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Une bête assoiffée de sang, qui tue des femmes et des enfants. Ce n’est pas le scénario d’un film d’horreur, mais bien ce qui a fait trembler des milliers de Français durant trois ans dans le Gévaudan, entre 1764 et 1767. Cette province située en actuelle Occitanie est faite de plaines et de prairies et les attaques de loups y sont nombreuses. Pourtant, cette fois-ci quelque chose semble bien différent… 

La bête du Gévaudan : une centaine d'attaques en trois ans

Tout commence en juin 1764 lorsqu’une bête étrange blesse grièvement une femme qui gardait son troupeau. Des témoins, qui ont assisté à la scène, sont formels : il ne s’agit pas d’un loup mais d’un animal bien plus imposant, plus haut et plus agressif. La bête ferait la taille d’un âne, aurait un pelage gris avec des nuances du rouge et des dents très acérées. Un chien sauvage ? Un loup ? Le mystère reste entier.

Quelques jours plus tard, l’étrange animal attaque une seconde fois, blessant mortellement une jeune fille. Elle est la première victime de la bête du Gévaudan, qui commence à inquiéter les habitants des environs. Selon les décomptes de l’époque, l’animal aurait tué entre 88 et 124 personnes en trois ans. L’abattage de certains animaux ne change rien à la situation et la rumeur d’une bête sauvage et légendaire dépasse les frontières du Gévaudan, pour se diffuser dans l’ensemble du royaume de Louis XV et même à l’étranger. 

Averti de ces attaques en série, le roi envoie des équipes de Paris pour mettre fin à ce règne de la terreur. La fin semble actée le 20 septembre 1765, lorsqu’un des soldats du roi tue un grand canidé, qui ressemble à un loup. La dépouille est envoyée à Versailles et l’affaire semble être terminée pour Louis XV. Pourtant, dans le Gévaudan, les attaques se poursuivent après le 20 septembre…

Durant 18 mois, la liste des victimes s’allonge, preuve que le monstre n’a pas été abattu. C’est finalement un jeune homme du coin qui abat un canidé de grande taille, mettant fin immédiatement aux attaques. Chien, loup, animal fantastique… 250 ans plus tard, sait-on de quoi il s’agit ?   

La bête du Gévaudan : un loup ou un chien ?

Pour de nombreux historiens, la bête du Gévaudan serait en réalité les bêtes du Gévaudan, plusieurs loups qui seraient devenus des prédateurs de l’Homme. Trois ou quatre auraient sévi à la même période, se mettant à manger des humains parce qu’ils n’avaient pas assez de proies parmi les autres animaux des environs. 

Certains ont également évoqué un mélange entre un chien et un loup, sans que cela ne puisse jamais être prouvé, les dépouilles des animaux ayant disparu depuis longtemps. Pourtant, pour l’écrivain Michel Louis – qui a publié un livre sur la bête du Gévaudan – les loups ne peuvent pas être responsables de ces différentes attaques. Pour lui, le loup sauvage est bien trop timide pour commettre des agressions pareilles, en plein jour. Il explique également qu’à cette époque, l’animal était très présent en France et que les habitants savaient donc très bien à quoi il ressemblait. 

Enfin, pour lui, les mélanges entre chiens et loups étaient fréquents à l’époque, donnant des animaux sauvages qui ne craignaient pas l’homme et dont le caractère instable aurait pu correspondre avec de telles attaques. Pour lui, peut-être même qu’aucun animal n’est à l’origine de ces décès. La bête du Gévaudan est-elle un coup monté ? Il évoque la piste du meurtrier déguisé…  

La bête du Gévaudan : un coup monté par l'homme ?

Et si ces crimes étaient ceux d’un sadique ? En 1911, le docteur Puech est le premier à théoriser une implication humaine dans les attaques du Gévaudan. Selon lui, il s’agirait d’un homme, déguisé en bête sauvage, qui aurait décapité ses victimes avant d’abandonner leurs vêtements sur le chemin, faisant croire ainsi à une attaque d’origine animale. 

Cette thèse n’a jamais été explicitement approuvée, alors que d’autres auteurs ont évoqué, par la suite, une association entre un homme et une bête sauvage, qui aurait été dressée pour tuer des humains. Pour plusieurs observateurs, qui se sont prononcés sur le sujet tout au long du XXe siècle, un loup est incapable de décapiter une personne… Alors, bête ou homme ?

Crédit photo : ©AFP