L'ancien chef de l'Etat et député de Corrèze doit diffuser ce samedi 9 novembre le premier épisode de cette émission audio ou "podcast" dans laquelle il recevra des invités pour les interviewer.
Planet : L'épargne des Français est-elle en sécurité ? D'aucuns s'inquiètent en effet d'une potentielle faillite des banques en raison de la crise sanitaire. Face à la crise économique de 2008, de nombreux États avaient fait le choix de sauver les banques, parfois au détriment des ménages. Ce risque existe-t-il encore aujourd'hui ?
Frédéric Farah : Il parait nécessaire pour l'heure de raison garder, différents dispositifs existent pour parer à des éventualités. L'épargne des Français est protégée dans une certaine limite. Les comptes de dépôt et d'épargne non réglementée sont couverts à hauteur de 100 000 euros par client et par établissement.
Les livrets d'épargne réglementée font l'objet d'une garantie spécifique de l'État. Les titres sont couverts à hauteur de 70 000 euros en cas d'indisponibilité. Les contrats d'assurance vie profitent d'une garantie de 70 000 euros. Voilà différents dispositifs qui existent pour protéger l'épargne des français. De manière plus générale, la faillite des banques n'est pas encore au programme si je puis dire, car la crise n'a pas encore épousé une forme financière. C'est l'année 2021 qui va nous indiquer si la crise économique bascule en crise financière en raison des faillites nombreuses qui vont se présenter.
Épargne des Français : faillites, crise sanitaire, ces signes qui inquiètent
Pour l'heure, de nombreuses entreprises dites zombies sont maintenues artificiellement en vie par les différents dispositifs de l'État. Mais si notre économie continue de vivre au rythme de confinements à répétition, notre activité ne pourra pas vraiment retrouver un horizon de visibilité suffisant. La Banque Centrale Européenne (BCE) interviendrait massivement en cas de crise financière, mais le risque pourrait venir des banques systémiques , car celles-ci sont too big to fail, c'est-à-dire trop importantes pour être renflouées. Pour l'heure, il faut rester prudent et voir l'évolution de la crise dans les mois suivants et surtout si l'on vit à l'heure des confinements à répétition. Voila presque qu'un an que nous sommes entrés dans la crise sanitaire et sa gestion par le gouvernement n'invite franchement pas à l'optimisme.
Planet : 2020 constitue une année historique sur bien des plans. La pandémie de coronavirus Covid-19 a poussé le gouvernement à réagir, lequel a engagé une série de dépenses pour protéger l'économie française de l'arrêt total. Dorénavant, la dette de l'Hexagone excède 100% du PIB. Dans quelle mesure s'agit-il d'un problème pour les épargnants ? L'État pourrait-il être tenté de saisir certaines de leurs ressources ?
Frédéric Farah : Encore une fois le plus important est moins le montant de la dette, que ses modalités de financement. Pour l'heure, la France ne rencontre aucun problème à placer sa dette. 39 milliards d'euros ont été acquittés en charges d'intérêts de la dette en 202, soit 1,6% du PIB, le ratio le plus bas depuis 20 ans. La France a emprunté 260 milliards d'euros l'an dernier sans la moindre difficulté, elle compte en faire davantage. Pour l'heure, la France n'a aucun souci à placer sa dette.
Quant aux ménages, ils disposent de titres de la dette indirectement. Près de 20 % sont détenus par des compagnies d'assurance, qui "achètent" des titres de dette française pour les placements d'assurance vie. De la sorte, les particuliers sont donc indirectement détenteurs d'une partie significative de la dette publique française. Si des annulations possibles ou envisageables de la dette ont lieu, il s'agira de s'assurer que les détenteurs de titres de dettes publiques ne soient pas perdants.
"Saisir l'épargne n'est pas la bonne solution"
Je doute que la solution de saisir l'épargne soit la réponse. Gardons aussi à l'esprit, que plus de 50% de la dette publique est détenue par des investisseurs étrangers.
La France aujourd'hui ne doit pas regarder la dépense si je puis dire, pour non seulement pour amortir les effets de la crise, mais aussi préparer le futur. L'heure n'est pas à l'austérité.
Planet : Outre les éléments précédemment évoqués, dans quelle mesure la crise économique, elle-même engendrée par la crise sanitaire, peut-elle fragiliser l'épargne sur le long terme ?
Frédéric Farah : L'épargne ne paraît pas menacée à terme. Le problème à mon sens est la croissance d'une épargne de précaution issue surtout des catégories favorisées. D'autres qui le sont moins désépargnent ou n'épargnent pas. Aujourd'hui le manque d'investissement, couplé à une épargne abondante rend plus que jamais légitime une intervention massive de l'État.
"Les incertitudes sanitaires invite inévitablement à la précaution"
De manière générale, si la gestion de la crise n'est pas meilleure, ce n'est pas seulement l'épargne qui pourrait être dans la tourmente, mais le tissu économique et social. La crise sociale est déjà là, les inégalités progressent. La question serait aussi de transformer cet épargne en investissement, mais les incertitudes sanitaires invitent inévitablement à la précaution.