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Nouvelles dénonciations. Selon une enquête de l'UFC-Que-Choisir, de nombreux professionnels usent de "pratiques désastreuses".
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Rénovation énergétique : des professionnels pointés du doigt

Absence de devis, flambée des prix, conseils inadéquats… Voici les constats qu’ont pu établir les bénévoles de l’UFC-Que-Choisir, après avoir testé quelques 500 professionnels. A l’issue de son enquête "client-mystère" menée entre le 29 septembre et 13 octobre 2018 auprès de 291 magasins de fenêtres, 157 stands de fenêtres et 60 stands de photovoltaïque en foires et salons dans 72 départements, l’association a publié ce mercredi 27 mars, des résultats accablants. 

Les acteurs du secteur, et en particulier les installateurs de panneaux solaires et de fenêtres, dont les travaux sont une nouvelle fois éligibles à des crédits d’impôts, déçoivent. Ils sont en effet "à nouveau lourdement discrédités" par des "pratiques désastreuses", déclare-t-elle.

Rénovation énergétique : un devis inexistant et des prix mirobolants

Nouveau défi des consommateurs ? Faire jouer la concurrence sans avoir de devis.

"Le premier enseignement de notre étude porte sur la difficulté pour les consommateurs à obtenir un devis", regrette l'association. "Malgré les demandes de nos enquêteurs, près de six professionnels sur dix (58 %) ont refusé de leur remettre un devis à l’issue de l’entretien."

Invité sur Europe 1, Matthieu Robin, chargé de mission à l’UFC-Que Choisir et en charge de l'étude Rénovation énergétique alerte : "C'est très problématique, car le devis est l'unique moyen de faire jouer la concurrence pour ce type de services. Ce qui est le plus intéressant, c'est ce que ça cache. Pour le même besoin exprimé par le consommateur, les tarifs vont du simple au quadruple (de 4.000 à 18.000 euros pour les fenêtres par exemple), et du simple au triple pour le photovoltaïque," (de 2000 à 7000 euros par kWc2).

Rénovation énergétique : des pratiques commerciales abusives

Des allégations "fantaisistes" à foison. 16% des commerciaux ont promis aux bénévoles "une baisse drastique de leur facture énergétique, sans même avoir visité leur logement", assure Que-Choisir. Cela peut donc causer de très mauvaises surprises, à réception de la note.

18% des professionnels sous-estiment d'autre part le coût réel des travaux. La raison ? Ils assurent à tort aux clients leur éligibilité à diverses aides de l’Etat.

Rappelons d’ailleurs que pour bénéficier du crédit d’impôt, les travaux doivent impérativement être réalisés par une entreprise titulaire du label public Reconnu Garant de l’Environnement (RGE).

Rénovation énergétique : un label RGE utilisé à tort

Un tiers des stands de photovoltaïque visités (21 sur 60) mentent ouvertement à ce sujet. Ils prétendent l’avoir, "alors qu’il n’est rien", déplore l’association de défense des consommateurs.

Mais selon elle, ce label n’est pas non plus la garantie de propositions adéquates, en particulier pour ce qui est des fenêtres. Plus de 20% des professionnels labellisés contactés prodiguent en effet des conseils médiocres. Ils ont proposé aux "clients-mystères" des fenêtres moins efficaces que l'étalonnage en matière de performance thermique établi par les finances publiques. "Quand on regarde la qualité des conseils prodigués par les RGE, il est nécessaire de revoir leur qualification", soutient Matthieu Robin.

"Qu'ils disposent ou non du label public (…), moins d'un commercial sur cinq (19%) s'est enquis des caractéristiques d'aération du domicile de nos bénévoles en total contravention avec les règles élémentaires de la profession", dévoile l’UFC-Que-Choisir.

Pour toutes ces raisons, l’association appelle donc à revoir en profondeur la labellisation et renforcer l'obligation de résultats.

Rénovation énergétique : action urgente demandée

Bien que la baisse de la consommation d'énergie des bâtiments fasse partie des objectifs du gouvernement, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) lancée en 2018, tarde à être déployée, rappelle Europe 1. Il vise à rénover 500 000 logements par an pour un budget public de 14 milliards d'euros sur cinq ans, soit jusqu’en 2023. Le Ministre de la Transition écologique et solidaire doit d’ailleurs présenter prochainement son projet de loi Energie-Climat. 

Face à ces déplorables constatations, l’association exige "une action urgente pour un cadre juridique efficace permettant de préserver les droits des consommateurs et de relever le défi de la transition écologique des logements."