Déconfinement : pourquoi la date du 11 mai semble très optimisteAFP
Le président de la République a été clair : si la situation le permet, il souhaite que la mise sous cloche du pays prenne fin à compter du 11 mai 2020. Pourtant, à en croire certains experts, cette date pourrait s'avérer dangereuse... Et pour cause !
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"Le déconfinement, on ne le fait que quand une partie de la population est immunisée. Là nous ne sommes mêmes pas à 5%", alertait sans hésiter le docteur Vincent Carret, praticien hospitalier interrogé par le journal local Var-Matin. Le médecin, en première ligne contre le coronavirus Covid-19, s'exprimait à l'aube du dernier discours d'Emmanuel Macron, estimant qu'il n'était pas encore envisageable de mettre un terme aux mesures de distanciation sociale qui régissent pour l'heure le pays et à la politique de restriction des sorties. "Ce serait beaucoup trop tôt. Le danger, c'est de se prendre une deuxième vague. Et là, on ne s'en remettra pas", prévenait-il.

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Un avis partagé par bien d'autres professionnels de la santé, y compris à l'approche du déconfinement promis par le chef de l'Etat, rapporte Business Insider. En effet, une récente étude publiée par l'Institut Pasteur corrobore les prédictions du docteur Vincent Carret : le mardi 21 avril, moins de 6% avaient été infectés par l'épidémie qui nécessite la mise sous cloche de l'Hexagone. C'est bien trop peu. "Pour que l'immunité collective soit suffisante pour éviter une deuxième vague, il faudrait 70% de personnes immunisées. On est très en dessous", affirme d'ailleurs Simon Cauchemez, auteur principal de l'étude, contacté par l'AFP.

Un intervalle d'incertitude qui ne laisse aucun doute

Et lui de poursuivre : "L'intervalle d'incertitude est important, entre 3 et 10%". "Mais que ce soit 6%, 10% ou même 20%, ça ne change pas vraiment la nature du problème, qui est que dans tous les cas, on sera très loin des 70% dont on aurait besoin pour pouvoir faire une sortie du confinement sans problème", note le chercheur.

Pourquoi les Français peinent-ils à développer une développer une immunité de groupe ?

Pourtant, si la population peine tant à développer une immunité de groupe, c'est précisément parce qu'elle est protégée par le confinement. "Le nombre moyen de personnes infectées par un cas est passé de 3,3" avant le confinement à 0,5 pendant", affirme en effet l'étude.

Pour autant, le but premier du confinement n'est pas d'empêcher l'immunité de groupe – que le Royaume-Uni cherchait d'ailleurs activement à développer – mais à aplanir la courbe de contagion, de sorte à permettre la prise en charge des malades par les personnels médicaux et paramédicaux.

Attention, cependant. Comme le rappelle Le Monde, l'étendue de nos connaissances sur l'immunité ne permet pas encore de s'assurer qu'il est strictement impossible de voir une résurgence du virus...

Les gestes qu'il faudra encore appliquer

En moyenne, actuellement, seules 0,5% des personnes infectées meurent depuis les débuts du confinement. Toutefois ces chiffres sont à relativiser puisqu'ils peuvent varier considérablement d'une population à l'autre affirme Simon Cauchemez. "Les hommes sont bien plus à risque de décéder lorsqu'ils sont infectés que les femmes (ils ont un risque 50% supérieur aux femmes) et ce différentiel augmente avec l'âge", prévient-il.

Pour éviter d'autres drames, il faudra donc être extrêmement vigilant. "Au sortir du confinement, si on veut éviter une vague importante, des mesures devront être maintenues", fait-il savoir.