Taxe d'habitation : ce jeu de bonneteau qui va vous coûter cherIstock
Le chef de l'Etat s'y est engagé il y a déjà un moment et il pourrait bientôt achever de réaliser sa promesse : sous peu, la taxe d'habitation sera supprimée. Cela signifie-t-il pour autant que vous n'aurez plus à la payer ? Il faudra peut-être s'attendre à une entourloupe…
Sommaire

"Plus personne ne la paiera", affirmait Emmanuel Macron, en Janvier 2019, à l'occasion d'un passage dans la Drôme. A l'époque, le président de la République débattait avec les Françaises et les Français à qui il promettait déjà la suppression de la taxe d'habitation rappelle BFMTV. A l'époque, poursuit le journal sur son site d'information, cet impôt local rapportait quelques 23 milliards d'euros annuels aux collectivités locales. Une somme importante, qu'il faudra, d'une façon ou d'une autre, retrouver.

C'est un fait établi : la suppression de la taxe d'habitation - qui ne concernait "que" 80% de la population en 2020 et qui sera définitivement enterrée après 2021 - coûte cher. C'est un véritable budget à financer. Si les Françaises et les Français n'ont plus à la payer, cela représentera pour eux un véritable gain de pouvoir d'achat poursuivait d'ailleurs la chaîne d'information en continu. Mais il ne faut pas être naïf… Il n'existe, en effet, pas des dizaines de façons de combler le vide créé par une disparition total de cet impôt.

BFMTV identifiait trois solutions. La plus probable, estiment les journalistes de la chaîne, ne plaira pas aux contribuables.

Allez-vous devoir payer la suppression de la taxe d'habitation ?

"En théorie la suppression de la dernière tranche de la taxe d'habitation, qui concerne les 20% des ménages les plus aisés de France, devrait être compensée par l'Etat à travers un jeu de bonneteau. Cela dit, reste à voir si cette compensation sera totale et si elle va suivre l'évolution des dépenses des collectivités locales", alerte l'économiste Philippe Crevel, pour qui il faut, de fait s'attendre à des ajustements sur d'autres impôts.

Au premier rang desquels, la taxe foncière. "Il est évident que les collectivités locales pourraient être tentées de ponctionner davantage les contribuables soumis à la taxe foncière si l'Etat ne compense pas l'intégralité de l'argent perdu. Cela va de soi", souligne-t-il. Les propriétaires ont-ils de quoi s'inquiéter ? Sans aucun doute. Mais ils ne sont pas les seuls…

Sur qui repose la suppression de la taxe d'habitation ?

Naturellement, le seul transfert vers la taxe foncière ne suffira pas à financer l'intégralité des 23 milliards d'euros que représentait initialement la taxe d'habitation. "Les propriétaires ne seront pas les seuls à soutenir financièrement la mesure d'Emmanuel Macron", note simplement le directeur du Cercle de l'Epargne, pour qui cette charge sera celle de tous les citoyens.

"Il n'y a pas de magie : Emmanuel Macron ne peut pas promettre une suppression d'impôt, annoncer qu'il n'en créera pas de nouveau sans prélever ailleurs les sommes auxquels il a officiellement renoncé. Ce qu'il a donné dans la poche A, il le reprendra dans une autre. Sans nécessairement préciser laquelle", poursuit l'économiste.

"Cela passera donc mécaniquement par un jeu de bonneteau sur d'autres impôts, comme la TVA par exemple. Donc, tous les contribuables paieront pour la suppression de la taxe d'habitation. Il y a fort à parier que cela engendrera aussi de la dette… et donc que ce sera aussi à nos enfants de payer", estime le spécialiste.

Combien va vous coûter la suppression de la taxe d'habitation ?

"Il faudra bien, d'une façon ou d'une autre, rendre aux collectivités locales tout l'argent qu'elles ont perdu", insiste Philippe Crevel. Comprendre, les 23 milliards évoqués par BFMTV, ou presque. "Il ne faut pas oublier que a taxe d'habitation était partiellement prise en charge par l'Etat, ce qui signifie donc que le coût net sera légèrement inférieur", poursuit l'économiste.

Une question demeure, cependant : quand Emmanuel Macron a opté pour la suppression de cet impôt ancien, "archaïque" selon Philippe Crevel, y avait-il d'autres options de financement possible ? Pour le directeur du Cercle de l'Epargne, le président a fait le choix le plus simple.

"La suppression de la taxe d'habitation est un dossier extrêmement ancien, dont on parle depuis les années 80. Elle avait d'ailleurs été votée dans les années 90 mais n'a finalement jamais été appliquée. C'est un impôt archaïque, en cela qu'il est calculé sur la base de valeurs cadastrales anciennes et mal réévaluées", analyse l'économiste libéral.

"Pour compenser la suppression de la taxe d'habitation, il fallait retrouver une base d'imposition. Or, il n'y en a pas 36 000… Auparavant, on aurait pu imposer les portes et les fenêtres. Aujourd'hui, on se tourne bien plus volontiers vers les revenus, la consommation, ou la propriété", rappelle-t-il encore.