Euro numérique : pourquoi les banques craignent une fuite des dépôts de leur client ? Istock
Le projet d'euro digital inquiète les banques, qui craignent qu'il de perdre de précieuses liquidités. Si ce ces dernières plaident pour en limiter la détention à 500 euros par personne, la BCE plaide pour un chiffrage de 3.000 euros. On vous explique pourquoi.
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L'euro numérique, le projet de la Banque centrale européenne (BCE) suscite de plus en plus de débat.  Il est au coeur de la crispation entre l'autorité européenne et les banques, qui porte sur la limite de détention des dépôts d'euros numériques.

La semaine dernière, les économistes de la BCE ont réitéré leur préférence d'une limite de 3.000 euros par Européen. Un tel montant permettrait de "contenir de manière efficace" l'impact de l'euro numérique sur les dépôts et la liquidités des banques, souligne l'étude, comme le rapporte le journal  Les Echos

Les économistes de la BCE ont calculé que si les 400 millions d'Européens bancarisés adoptaient "simultanément" l'euro numérique, la fuite des dépôts des particuliers atteindrait jusqu'à 15%. Dans ce contexte, la banque française BNP Paribas avait suggéré une limite de 500 euros par particulier.

Qu'est-ce que l'euro numérique ?

L'euro numérique serait une forme électronique de monnaie de banque centrale. Mais rassurez-vous, il existerait en parallèle des pièces et billets sans les faire disparaître. Une monnaie numérique est une unité de compte qui se transmet sur un réseau informatique, d'utilisateur à utilisateur, définit le site des Echos. Les participants au réseau créent des échanges entre eux en-dehors de toute monnaie. L'euro numérique permettait donc à tous, ménages comme entreprises, d'effectuer des paiements quotidiens rapidement, facilement et en toute sécurité, affirme la BCE.

Ces devises pourraient être stockées dans un "porte-monnaie numérique". Il est envisagé que particuliers et entreprises puissent déposer directement cette monnaie auprès de la banque centrale. Son accès est jusqu'ici réservé aux banques commerciales.

Cette monnaie ne devrait pas être une cryptomonnaie spéculative mais plutôt un monnaie d'échange . Elle permettrait de faire des achats, d'envoyer de l'argent, ou d'en recevoir, tout en utilisant une monnaie déjà connue.

Elle est en ce moment en phase d'expérimentation.

L'euro numérique permettra de payer aussi bien en ligne que hors ligne

Pour rappel, fin juin, l'Europe a présenté les détails de son euro numérique, qui reprend - paradoxalement - certaines caractéristique du bitcoin, la première cryptomonnaie mondiale. L'euro numérique sera "accessible à tous, partout et gratuitement" dans les 20 pays utilisant la monnaie unique, a expliqué le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis. L'euro numérique permettra de payer aussi bien en ligne que hors ligne.

Début novembre, la BCE a lancé sa phase d'expérimentation de l'euro numérique, pour une durée de 2 ans. Le Parlement européen et le Conseil devront ensuite adopter la proposition de la BCE, avant que la BCE ne décide de choisir si elle souhaite mettre en circulation un tel euro numérique, d'ici 2027 ou 2028.

Pourrait t-elle  vraiement voir le jour ?

Quels sont les freins à son adoption ?

Le principal frein a son lancement ? La fuite des épargnants vers cette nouvelle forme de monnaie. Situation qui fragiliserait les banques de la zone euro. L'euro numérique permettrait effectivement aux clients d'éviter les frais d'un compte de dépôt classique. Ce risque est d'autant plus important en période de crise, où les épargnants, défiants vis-à-vis du système bancaire,pourraient convertir leurs comptes courants.

Pour éviter cette fuite des clients des banques classique, l'institut propose notamment de limiter le nombre d'euros numériques, que chacun pourrait posséder ou échanger. Les dépôts pourraient également être soumis au taux d'intérêt punitif de la BCE sur les dépôts (actuellement de -0,5 %). Dans ce contexte, la banque française BNP Paribas avait suggéré une limite de 500 euros par particulier. Mais la semaine dernière, les économistes de la BCE ont réitéré leur préférence d'une limite de 3.000 euros par Européen. Ce qui explique les tensions actuelles et la crainte des banques sur le sujet.