7 réformes de François qui ont bouleversé l’Église… et irrité le Vatican
Le pape François est mort lundi 21 avril au Vatican à l’âge de 88 ans. Après douze ans à la tête de l’Eglise catholique, il laisse derrière lui un héritage marquant.
Depuis son élection en mars 2013, le pape François n'a en effet cesse de détonner dans l’univers feutré de l’Église catholique. Premier pape jésuite, premier pape sud-américain, il a dès les premiers jours donné le ton : simplicité, proximité avec les plus fragiles, rejet des privilèges. Mais au-delà du symbole, c’est un chantier profond qu’il a ouvert. Une décennie plus tard, le visage de l’Église est en pleine transformation.
Tout au long de son pontificat, François a porté une vision résolument pastorale, inclusive et contemporaine. Pourtant, chaque réforme a suscité aussi son lot de crispations, en particulier dans les cercles conservateurs du Vatican ou parmi certains cardinaux influents. Voici sept grandes réformes qui ont marqué le pontificat de François, au risque de provoquer remous, critiques… voire opposition ouverte.
Une révolution verte : l’écologie comme devoir spirituel
Avec l’encyclique Laudato Si’ publiée en 2015, François a placé la crise climatique au cœur de la mission chrétienne. Il y dénonçait les ravages du consumérisme, la destruction des écosystèmes, et appelle à une "conversion écologique". Une première dans l’histoire de l’Église. Alors que l’urgence climatique est de plus en plus pressante, le pape n’avait pas hésité à critiquer les États et les multinationales, suscitant admiration chez les jeunes catholiques, mais agacement chez certains conservateurs qui jugent ce discours trop militant.
La transparence financière imposée au Vatican
Dans un contexte de scandales financiers à répétition, François a entrepris de réformer de fond en comble les finances vaticanes. Contrôles renforcés, restructuration de la Banque du Vatican, audits externes : le pape a voulu en finir avec l’opacité. Le procès historique du cardinal Becciu, accusé de malversations, illustre sa volonté d’agir. Une réforme salutaire mais explosive, qui lui vaut des ennemis jusque dans la Curie.
L’écoute des peuples autochtones : le Synode pour l’Amazonie
En 2019, François a convoqué un synode inédit dédié à l’Amazonie. Objectif : repenser la mission de l’Église dans les zones isolées et donner une voix aux peuples autochtones. Il y est question de justice sociale, d’environnement, et même d’ordonner des hommes mariés pour pallier le manque de prêtres. Si certaines mesures restent symboliques, ce synode a provoqué un véritable débat mondial sur le fonctionnement centralisé de l’Église. Rome, elle, a tremblé.
Une Église plus ouverte aux divorcés remariés
Amoris Laetitia, texte-clé publié en 2016, marque un tournant. Il ne remet pas en cause la doctrine sur le mariage, mais invite à accueillir avec bienveillance les divorcés remariés. L’accès à la communion peut être envisagé au cas par cas. Une ouverture pastorale qui scandalise certains cardinaux conservateurs. En 2017, plusieurs d’entre eux réclamaient des "éclaircissements" au pape, sans réponse officielle. Le fossé se creuse.
Une parole plus inclusive envers les personnes LGBTQ+
"Qui suis-je pour juger ?" : cette phrase lancée par le pape en 2013 à propos des personnes homosexuelles a marqué les esprits. Depuis, François a multiplié les gestes d’ouverture, soutenant les lois d’union civile et appelant à l’accueil inconditionnel. Une position qui reste ambiguë sur le plan doctrinal, mais qui change profondément le ton. Une évolution encore très contestée dans certaines régions du monde.
Des femmes plus visibles dans la gouvernance de l’Église
Sans ouvrir la voie au sacerdoce féminin, le pape François a nommé plusieurs femmes à des postes clés au Vatican, notamment au sein du dicastère (ministère) pour les laïcs et de la commission théologique internationale. Il a aussi officialisé en 2021 leur droit d’exercer certains ministères liturgiques. Une avancée timide mais symbolique, qui rencontre une forte opposition de certains prélats attachés à la structure traditionnelle de l’Église.
Une lutte déterminée contre les abus sexuels
C’est l’un des chantiers les plus attendus… et les plus délicats. Depuis 2019, François a renforcé les procédures contre les abus sexuels dans l’Église, levé le secret pontifical sur les enquêtes, et établi une obligation de signalement. Malgré les résistances internes, des diocèses sont désormais contraints à plus de transparence. En France, le rapport Sauvé, soutenu moralement par Rome, a renforcé l’élan réformateur, mais les tensions restent fortes entre Rome et certains évêques sur le rythme et l’ampleur du changement.
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