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Serge L. est propriétaire d'un studio à Paris. A Planet, il raconte les problème de loyers impayés qu'il a rencontrés et dont le manque à gagner s'élève aujourd'hui à 4600 euros.
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N’ayant pas de grosses économies, Serge L., 45 ans, pacsé et sans enfant, décide en 2011 d’acheter à des amis un studio à Paris pour 120 000 euros. Objectif : faire un investissement locatif pour acheter un appartement plus grand par la suite. Avec le premier locataire tout se passe bien, mais les choses changent en 2012 quand il accepte le dossier d’une nouvelle locataire. "Pour les petites surfaces comme ça, les locataires changent généralement tous les trois ou quatre ans, explique Serge L. Le loyer est de 630 euros et pour cette locataire, j’ai accepté le dossier même si elle avait des revenus un petit peu en-dessous des exigences (ndlr : gagner trois fois le montant du loyer) parce qu’elle avait de bons garants : ses parents. A l’époque, ils gagnaient plus de 300 00 euros par an. Ca m’a rassuré."

Sauf que les problèmes commencent tout de suite pour Serge L. Dès le début, les loyers arrivent de manière aléatoire. "C’était des retards de 15 jours, puis un mois, puis deux, avant qu’on arrive à trois mois de loyers en retard. Je me suis tourné vers les cautionnaires qui m’ont réglé assez rapidement" raconte-il. Les problèmes de retard ne s’arrêtent pas pour autant et en plus de cela, la locataire tarde à signaler une fuite d’eau. Serge L. engage des travaux mais demande à ce que les loyers soient désormais réguliers. "On a finalement décidé de refaire tout l’appartement pour 8000 euros et en faisant un petit prêt. A deux, nous sommes à 4000 euros, ce n'est pas énorme", détaille-t-il.

Des tentations pour apaiser la situation

La demande de plus de régularité est sans effet assure Serge L. En août 2017, il fait parvenir par voie d’huissier un commandement de payer après trois mois de loyer de retard. Il en adresse également un aux parents de la jeune femme pour avertir de la défaillance de la locataire. "Les parents ont envoyé un courrier à l’huissier pour lui dire qu’ils n’avaient pas mémoire d’être caution. Alors qu’on s’était déjà parlé au téléphone !", raconte le propriétaire. La locataire dispose alors de deux mois pour régulariser la situation, là encore sans effet. "Au mois de décembre, j’ai à nouveau adressé un commandement de payer par voie d’huissier. Ils me doivent 4000 euros plus les frais de huissier, donc on dépasse alors les 4600 euros", ajoute-t-il.

La locataire a désormais jsuqu’au 15 février pour régler la situation mais Serge L. n’est pas très optimiste. "Elle m’a envoyé un SMS qui est assez éloquent, visiblement il est hors de question qu’elle paye", assure-t-il. Quant aux parents, ils font savoir en recommandé qu’ils se retirent de la caution et qu’ils ne sont donc plus redevables.

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Dans l'attente

Serge L. a depuis décidé de faire appel à l’UNPI, Union Nationale des Propriétaires Immobiliers, pour se faire épauler dans son dossier. Il s’avère que son acte de cautionnement a été mal rédigé et que les parents de la jeune fille, selon la jurisprudence peuvent se retirer.

Dans le futur, Serge L. envisage de faire appel à un avocat, mais là-encore ça sera sur ses frais. Il est pris à la gorge. "Nous louons notre habitation pour 900 euros, il y a le prêt immobilier à rembourser de 850 euros par mois, et un prêt pour une voiture à 350 euros par mois. A cela, il faut rajouter les impôts. Même si je suis tous les mois à découvert, pour l’instant ma banque est compréhensive, mais si les virements ne sont plus autorisés, ça risque de ne pas durer", s’inquiète-t-il. Impossible d’envisager de vendre non plus en l’état, au risque d’entraîner une grosse décote.

Serge L. ne regrette pas d’avoir acheté mais s’il devrait le refaire, il prendrait des garanties plus fortes ou une assurance. "Mon objectif ce n’est pas de virer ma locataire, c’est juste d’être payé. Ca remet des projets à plus tard, les vacances tombent à l’eau…", décrit-il. Surtout, le quadragénaire sait que cela peut prendre plusieurs années avant qu’il ne retrouve son dû. "En tant que petit propriétaire on est assez démunis. J’ai l’impression que nous allons payer pour eux. On a voulu être réglo avec la location, le loyer est correct, mais au final je me fais avoir", conclut-il.

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