Superéthanol E85 : ce carburant pourrait vous faire gagner beaucoup d'argentAFP
Le superéthanol E85 connait un grand succès en raison de son prix très attractif. Mais quels sont ses avantages et inconvénients ?
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Superéthanol E85 : qu’est-ce que c’est ?

Le superéthanol E85 ou bioéthanol connait un franc succès. Il séduit de plus en plus de Français pour ses nombreux atouts, notamment pour son coût financier. En 2018, ses ventes ont bondi de 55%, selon le Collectif du Bioéthanol.

Avec un prix à 0,70 euro le litre, ce carburant bat tous ses concurrents. C’est plus de deux fois moins chers que le Sans Plomb 98 (E5) qui est à 1,5 euro le litre et que le gazole qui est à 1,4 euro le litre (données du 31 janvier 2019). Un écart significatif qui se doit en partie grâce à sa faible taxation. En effet, le superéthanol est soumis à six fois moins de taxes que le gazole par exemple : 12 centimes contre 60 centimes. 

Ce carburant est un alcool agricole fabriqué à base de betteraves à sucre et de céréales (maïs et blé) produits en France. C’est ce qu’on appelle le bioéthanol, qui est présent à hauteur de 65% - 95% dans le superéthanol. Est rajouté à cela de l’essence sans plomb 95.

Toutefois, ce mélange entraine une surconsommation de carburant comprise entre 20 et 30%. Mais grâce à son prix très avantageux, il est possible d’effectuer une centaine d'euros d'économie par an selon 60 millions de consommateurs.  Par exemple, sur 10 000 kilomètres parcourus en un an, les utilisateurs d'essence dépensent en moyenne 1 050 euros contre 612 euros pour les adeptes du superéthanol.

Un simulateur a été mis en place sur le site bioethanolcarburant.com. pour permettre aux utilisateurs d’estimer les économies réalisées en roulant à l’E85.

Comment en profiter ?

Pour profiter de ce carburant au prix défiant toute concurrence, deux solutions s’offrent à vous.

Tout d’abord, un boîtier doit impérativement être installé dans votre véhicule pour qu’il puisse rouler avec du superéthanol. Ce dispositif électronique "permet au moteur d’injecter la bonne quantité de carburant en fonction de la proportion d’éthanol présente dans le réservoir pour un fonctionnement optimal" indique le site bioethanolcarburant.com.

Ce même site a par ailleurs mis à disposition des consommateurs une liste divulguant les six boîtiers homologués ainsi que le nom des fabricants. Mais attention, cette démarche à un prix. Le montant d’un boîtier est estimé entre 700 et 1 500 euros. Il faut par ailleurs ajouter à cela des frais pour la modification de la carte grise.

Toutefois, tous les véhicules ne sont pas compatibles avec ce système. En effet, il ne peut être installé que "sur des voitures avec une motorisation essence répondant à la norme Euro3 et au-delà, soit des voitures vendues à partir de l’an 2000. Elles doivent avoir une puissance fiscale inférieure à 14 CV et être sans filtre à particules" explique le magazine 60 millions de consommateurs. C’est depuis décembre 2017 que toutes ces régulations ont été mises en œuvre via un arrêté publié par le ministère de la Transition écologique. 

Autrement, il faut se procurer une voiture flexfuel pour profiter de ce carburant. Cependant, les offres se font rares. C’est pourquoi il serait judicieux de repérer des véhicules d’occasion. Il y en aurait près de 32 000 sur le marché.  Deux tiers seraient des Renault et des Dacia.

Où en trouver ?

Pour s'approvisionner en E85, encore faut-il qu'il y ait des stations-services adaptées à proximité des consommateurs. D'après les professionnels de la filière, il y aurait du superéthanol dans 1 106 stations-service fin 2018. Bien que ce chiffre augmente d'année en année, il ne représente que 10% sur l'ensemble des stations-service.

Le site bioethanolcarburant.com a établi la liste des distributeurs qui distribue du ce carburant en France. Par ailleurs, une application a été mise en place pour répondre à la même demande. Disponible sur Android et iOs, elle permet de géolocaliser les stations à proximité tout en affichant leurs tarifs. Une initiative utile et pratique notamment lorsque les consommateurs voyagent. En effet, grâce à la géolocalisation, cette plateforme affiche les stations concernées sur un trajet donné.

Pas de panique s’il n’y en a pas aux alentours, un véhicule flexfuel ou muni d’un boîtier peut tout de même s’approvisionner en SP95, SP98, SP95 E10 ou avec un mélange de ces carburants.

Quelle garantie ?

En cas de détérioration du boîtier, le client devra jouer sur une garantie en se tournant vers le fabricant de celui-ci et non vers le constructeur. Contacté par Que Choisir, les constructeurs ont confirmé qu’ "après le montage d’un boîtier E85, toute avarie moteur, électronique ou du circuit de carburant qui pourrait être attribuée au boîtier annulera d’office la garantie". Elle se fera donc auprès du fabricant pour toutes les pièces en contact avec le carburant (circuit d’alimentation, moteur, échappement…). Et c’est l’arrêté du 30 novembre 2017 qui vient le confirmer. Par exemple, elle est de 3 ans pour le fabricant Biomotors.

Toyota n’a lui, pas mâché ses mots sur la question : "Nos moteurs ne sont pas conçus pour ce carburant et nous déconseillons donc à nos clients de monter ces boîtiers, même s’ils sont homologués" explique la firme, d’après Le Parisien. La société a par ailleurs ajouté que la garantie n’était pas valide si la panne est liée à l’utilisation du E85.

Bon pour l'environnement ? 

Sur le plan environnemental, le E85 a un atout majeur. En effet, son utilisation permettrait de diviser par deux les émissions de CO2. Pour rappel, c’est le principal gaz contribuant au réchauffement climatique de la planète.

Par ailleurs, "le bénéfice environnemental est même considérable en ce qui concerne les rejets d’oxydes d’azote (-29 à -35 %) et de particules fines (-90 %) dans l’atmosphère" rapporte le magazine Capital.

Cependant, en raison de son mode de fabrication, de grandes cultures intensives ont lieu en France. Cette pratique a un lourd impact sur l’environnement. Des surfaces sont par conséquent utilisées pour la production de ce biocarburant alors qu’elles pourraient servir à l’alimentation. Au total 300 000 ha sont utilisés pour ces cultures, ce qui représente 1% de la surface agricole utile française indique le magazine L'argus