A la suite d'un guet-apens menés par des adolescents, un enseignant comparaît au tribunal pour détention d'images pédopornographiques. Il est poursuivi pour "corruption de mineurs". L'enquête est toujours en cours.
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"Lycéenne salope", voici l'une des recherches qu'un instituteur a tapé sur un site pornographique. Ce mardi 27 août 2019, le professeur des écoles de 50 ans comparaissait pour détention d'images à caractère pédopornographique au tribunal correctionnel d'Épinal (Vosges) après avoir été piégé par des lycéens. 

Le 29 mai 2019, l'enseignant s'inscrit sur la messagerie Coco, un site de tchat libre. Il localise sa position et converse avec une jeune fille, Lisa, 16 ans. L'homme au casier vierge lui donne rendez-vous au parc thermal de Vittel.

À son arrivée, l'instituteur ne voit aucune fille car Lisa n'existe pas. Il a en réalité été victime d'un guet-apens par des lycéens. "Un groupe de sept à dix adolescents, casques à la main, l'invectivent, le menacent. Il a été lynché alors qu'il n'y avait aucune infraction au moment où il se rend au parc", explique Nancy Risacher, l'avocate du prévenu.

10 jours plus tard, c'est l'un d'entre eux qui se rend à la gendarmerie pour annoncer qu'il a "tendu un piège à un pédophile".

Perquisition du domicile, garde à vue, comparution au tribunal

Peu après cette déposition, les forces de l'ordre ont perquisitionné son domicile près d'Epinal. D'après le rapport d'analyse effectué sur son matériel informatique, plusieurs fichiers (dont 29 photos) à caractère pornographique et pédopornographique sont découverts, rapporte Le Parisien. 

"Je suis tombé des nues quand on me l'a annoncé lors de ma garde à vue. Ces images-là, je ne les avais jamais vues", affirme le suspect. En couple depuis 5 ans, il ne nie pas avoir une addiction au sexe et avoue même avoir un besoin quotidien de consulter des contenus à caractère sexuel. Il explique pourtant être "un homme à la vie sexuelle inexistante", relaie le quotidien. 

"Comment expliquez-vous alors qu'elles soient sur vos appareils dont vous êtes le seul utilisateur?" lui demande la présidente. "J'ai téléchargé le logiciel Tor le 26 juillet 2016, peu après l'attentat de Nice car sur les chaînes info, je n'arrêtais pas d'entendre parler du Darknet qu'utilisaient les terroristes", se justifie-t-il.

Des recherches connotées

L'homme au crané rasé et petit bouc poursuit sa plaidoirie : "Peut-être par déformation professionnelle, j'ai fouillé et j'ai tapé des mots-clés". La présidente cite donc ces "mots-clés" : "lycéenne salope", "lycéenne en robe noire". Elle lui demande alors : "À l'époque dans les médias, on parlait de terrorisme, et pas de pédophilie. Ce sont des recherches connotées, on est d'accord ?".

"Je ne nie pas. Lycéenne, ça ne veut pas dire 5-6 ans. Quand vous allez sur Jacquie et Michel, il y a des lycéennes de 18 ans. Dans mon esprit, je cherchais des jeunes majeures parce qu'elles peuvent avoir redoublé. Je ne suis pas attiré par les mineures. Il ajoute n'y être allé qu'une seule fois et que les images se sont enregistrées.

Lorsque la présidente lui demande pourquoi il s'est rendu au parc, il explique qu'il voulait juste voir si la fille allait venir et conclut : "Je serais parti dans tous les cas, c'est trop dangereux, je le sais".

Poursuivi pour "corruption de mineurs"

Le suspect est tout de même soutenu par la directrice de l'école primaire dans laquelle il travaille, une de ses collègues, son ex-femme et sa belle-fille, écrit le quotidien.

Le ministère public n'est en revanche pas convaincu par ces explications "approximatives". Il réclame huit mois de prison avec sursis, une obligation de soins pendant deux ans et l'interdiction d'exercer toute activité bénévole ou salariée en lien avec des mineurs. En effet, le parquet pense que l'enseignant peut récidiver. Pour l'académie, le suspect reste "présumé innocent", aucune décision n'a encore été prise. 

La décision a été mise en délibéré au 6 septembre 2019, conclut Le Parisien