Retraite : pourquoi vous allez tous y perdreIllustrationIstock
Plusieurs économistes se sont penchés sur les affirmations de l'exécutif, qui promettait, dans la note de Jean-Paul Delevoye, un nouveau système presque toujours gagnant. D'après ces experts, en revanche, il pourrait n'y avoir que des perdants…
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Réforme des retraites : ce rapport explosif qui pourrait vous inquiéter

Repenser les solidarités intergénérationnelles en France pour un système plus juste et plus "universel" ? C'est le maître mot, rappelle France Info, du rapport dévoilé à la mi-juillet par Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites qui vient d'entrer au gouvernement. C'est aussi ce à quoi aspirent les syndicats, avec qui les discussions devraient reprendre sous peu. 

Pourtant, d'après les informations du Parisien, cette universalité affichée pourrait s'avérer préjudiciable pour l'intégralité des Françaises et des Français concernés par le drastique changement d'orientation souhaité par Emmanuel Macron. Une récente note, formulée par un collectif de plusieurs économistes, mais aussi d'experts et de fonctionnaires, s'est penché sur les multiples cas type avancés par le haut-commissaire. C'est sur la base de ces derniers que l'exécutif avait pu promettre une réforme qui ne ferait quasiment aucun perdant.

Problème ? Il s'agirait ni plus ni moins d'une "entourloupe", assurent ces économistes, qui s'agacent des "comparaisons truquées" qui minent les calculs du rapport Delevoye. Ils pointent du doigt un élément en particulier : les simulations n'ont pas été effectuées sur la base de 43 ans de cotisations, la durée en vigueur actuellement, mais de 44,3 années.

Nécessairement, ces imprécisions dans le rapport de l'ancien maire de Bapaume (Pas-de-Calais, Hauts-de-France) ne sont pas sans impact sur le montant comparé des pensions. Le passage d'un régime de retraite à l'autre, indique le collectif citoyen intitulé "réformedesretraites.fr" pourrait coûter cher aux assuré(e)s…

Réforme des retraites : ce que pourraient perdre les nouveaux pensionnaires 

Le collectif fournit trois exemples particulièrement parlant, supposés illustrer l'absence de gagnant dans le nouveau régime. 

Le premier concerne un salarié du privé, non cadre. Il débute sa carrière à 22 ans et prend sa retraite à 64 ans, en 2025. Le deuxième se concentre sur une secrétaire d'administration (fonctionnaire de catégorie B), elle aussi née en 1961. Comme dans le premier cas, elle commence sa carrière à 22 ans et liquide ses droits à la retraite en 2025, à 64 ans. Enfin, dans le troisième cas, le collectif se penche sur la situation d'un employé au SMIC, né en 1961, âgé de 22 ans au début de sa carrière et dont la cessation d'activité survient en 2025, pour ses 64 ans.

A chaque fois, la comparaison est effectuée avec l'enfant du pensionnaire, dont la situation est similaire (22 ans au début de la carrière, 64 ans lors du départ à la retraite qui survient toujours en 2054, même situation professionnelle). Tous, dans le cadre de cette hypothèse, sont nés en 1990. 

  • Dans le premier cas (salarié non cadre du privé), la pension du père, une fois retraité, s'élève à 72,5% de son dernier salaire. Pour le fils elle n'est que de 55,8%.
  • Dans le deuxième cas (fonctionnaire de catégorie B), la pension de la mère, une fois retraitée, s'élève à 64,1% de son dernier salaire. Pour la fille elle n'est que de 54,4%.
  • Dans le troisième cas (employé au SMIC), la pension du père s'élève à 81,6% de son dernier salaire. Pour le fils, elle n'est que de 64,8%.

"Pour avoir la même pension que leurs parents, leurs enfants devront partir plus tard, jusqu'à 3 ans et demi pour, l'employé au SMIC", note Le Parisien.

"Alors que la retraite de Marie - appelons-là ainsi - permettra de maintenir son niveau de vie, celle de sa fille Maryam sera synonyme de déclassement. Ou alors elle devra travailler jusqu'à 67 ans et demi pour avoir le niveau de pension de sa mère Marie à 64 ans", s'indigne le collectif, qui déplore une réforme pensée pour "entraîner une baisse considérable des taux de remplacements par rapport à aujourd'hui".

"On s'est appuyé exclusivement sur les trois cas types issus des données du Conseil d'Orientation des Retraites. Les quatre autres cas types ne sont pas sourcés", indiquent les spécialistes, quand ils sont questionnés sur leur méthodologie. "Nous avons comparé la situation projetée dans le cadre de la réforme prévue par le gouvernement - selon les hypothèses appliquées par Jean-Paul Delevoye dans ses cas types - avec la situation actuelle des retraités", poursuivent-ils.