Communication, adaptabilité, vision d’ensemble ... Le thème astral de François Bayrou nous donne les prévisions des astres pour son début de mandat de Premier ministre. Stanislas Delorme, consultant intuitif,...
Cela ne saurait plus tarder. Après la victoire d'Edouard Philippe au Havre et la débâcle essuyée par La République en Marche lors des dernières élections municipales, Emmanuel Macron va remanier le gouvernement. Et, de toute évidence, il n'a pas l'intention d'attendre, explique France Info. Le dernier Conseil des ministre de l'équipe en place aura bientôt lieu, affirme le site d'information qui précise qu'au sein des ministères, les visages devraient avoir changé dès le mercredi 8 juillet 2020.
Ce remaniement, qui a longtemps fait l'objet de rumeurs avant d'être annoncé officiellement par Sibeth-Ndiaye, le 21 juin 2020, fait suite à la crise sanitaire qui continue de bouleverser le fonctionnement normal du pays, ainsi qu'au confinement précédemment décidé par l'exécutif. D'aucuns, rappelle Le Monde, soulignent aussi le potentiel virage à gauche - ou en tout cas, un peu moins droitier - que le président de la République pourrait être tenté d'amorcer. Une idée que le Premier ministre n'a pas manqué de commenter, dans les colonnes du journal local Paris Normandie : "Il sait qui je suis, ce que j'incarne, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire. S'il pense que quelqu'un d'autre est plus utile, je respecterai son choix en toute loyauté".
Mais un remaniement, tout drastique puisse-t-il éventuellement être - Emmanuel Macron ayant promis de se réinventer -, pourra-t-il vraiment redynamiser un mandat essoufflé par une succession de crises, sur les plans sociaux, économiques et sanitaires ?
Emmanuel Macron : quel gouvernement devrait-il choisir pour se protéger ?
"Il y a deux hypothèses", estime d'entrée de jeu le politologue Christophe Bouillaud, contacté par Planet. "Dans le premier cas, qui consiste pour Emmanuel Macron à garder la même ligne politique, il lui faudra épurer le gouvernement actuel, remplacer les ministres qui ne font pas sérieux ou ne sont pas assez professionnels. Il faudrait, par exemple, se débarrasser de Sibeth Ndiaye, mais aussi de Jean-Michel Blanquer ou de Muriel Pénicaud, par exemple", estime le chercheur, qui enseigne à Sciences-Po (Institut d'études politique, IEP) Grenoble.
"L'autre hypothèse consiste à véritablement transformer sa ligne politique et, mécaniquement, cela impliquerait de changer les visages qui composent son gouvernement. Il lui faudrait alors de nouvelles personnes, plus marquantes que n'ont pu l'être les précédents ministres", poursuit le spécialiste, pour qui la question du Premier ministre semble importante. "S'il choisit de renouveler sa confiance en Edouard Philippe, il envoie un signal clair et incontestable : il ne peut plus prétendre n'appartenir ni à la droite, ni à la gauche. C'est un président de droite comme il y en a eu peu au cour de la Vème République. Ce qui, en l'état actuel des choses, ne présente pas que des avantages…", poursuit l'enseignant, non sans rappeler que cela ne le protégerait pas d'une candidature issue des rangs de la droite de gouvernement.
Qui pour incarner un virage plus social ?
S'il entend regagner un peu de popularité, Emmanuel Macron devra donc se séparer d'Edouard Philippe, estime Christophe Bouillaud. Mais par qui le remplacer ? "Pascal Canfin constitue, à mon sens, une alternative intéressante pour le président de la République. Si des personnalités comme celle de Matthieu Orphelin entraient au gouvernement, ce serait aussi l'occasion pour le chef de l'Etat de récupérer son aile gauche, et de ne pas devenir indéniablement un président de droite comme un autre. Il pourrait continuer à jouer au ni-ni et donc, potentiellement, se donner une deuxième chance", analyse le chercheur.
"Si Emmanuel Macron veut faire croire à un changement de cap, il devra changer radicalement de gouvernement, ne laisser place à aucun doute et véritablement tout réinventer de sa doctrine. Il lui faudra alors mettre en place des mesures fortes, favorables aux classes populaires, mais même s'il entreprennait une telle politique, il mettrait du temps à convaincre", poursuit l'enseignant, pour qui il est difficile d'imaginer Emmanuel Macron faire autre chose que du Emmanuel Macron.
"N'oublions pas non plus qu'en s'éloignant d'Edouard Philippe, il lui ouvre un boulevard potentiel pour une candidature en 2022. Quelque soit le scénario, sur le plan électoral, il n'est pas sans conséquences", note encore le spécialiste en sciences-politiques.
Un remaniement peut-il sauver Emmanuel Macron ?
Cela n'a rien de neuf : tout ou partie de la population française semble ne plus accorder le moindre crédit à la classe politique. Déjà en janvier 2019, La Voix du Nord s'attardait sur la question. Dès lors, un remaniement suffira-t-il à sortir Emmanuel Macron de la tourmente ? Pas sûr affirme Christophe Bouillaud, pour qui "le problème n'est pas un soucis de visage". "La plupart des ministres d'Emmanuel Macron demeurent assez inconnus des Français. Le fond du problème est ailleurs", balaie-t-il.
"C'est bien la politique menée par le chef de l'Etat qui a engendré cette situation. Son action économique et sociale ainsi que, dans une certaine mesure, son manque d'action écologique, posent problème à tout une partie des Françaises et des Français. Emmanuel Macron est le président des riches - ou, au moins, il est perçu comme tel - et tant qu'il ne changera pas cela le soucis perdurera", explique l'enseignant-chercheur, non sans nuancer la rupture de la confiance.
"Ce sont les classes populaires qui n'ont plus confiance dans notre système démocratique et politique. C'est elles qui n'ont plus d'offre politique dans laquelle se retrouver, à gauche comme à droite ainsi qu'en témoigne le net recul du Rassemblement National", explique-t-il encore, non sans souligner les risques que cela représente pour ces oubliés de la politique.
Et lui de conclure : "C'est cela qui engendre des troubles à des violences, dont les classes populaires souffrent comme dans le cas des gilets jaunes. Mais ça n'est pas suffisant pour menacer, institutionnellement, Emmanuel Macron.