Eliane Houlette dénonce des pressions dans l'affaire FillonAFP
Alors que le jugement de l'affaire Fillon doit être rendu le 29 juin 2020, Eliane Houlette pointe l'attitude de sa hiérarchie... Des propos qui sèment le doute et font réagir la droite.
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Le procès de François et Pénélope Fillon a eu lieu du 26 février au 11 mars 2020. À l'issue de celui-ci, le parquet national financier a demandé de la prison ferme et une peine d'inéligibilité contre l'ancien Premier ministre. Les trois accusés, à savoir le couple Fillon et Marc Joulaud, risquent de la prison avec sursis ainsi que de lourdes amendes. Les six avocats de la défense, eux, plaident la relaxe. 

Affaire Fillon : des soupçons d'instrumentalisation politique

Le mercredi 10 juin 2020, Eliane Houlette s'est exprimée devant la commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée nationale. Cette institution vise à gérer les obstacles de l'indépendance du pouvoir judiciaire...  Selon Le Figaro, la magistrate à la retraite dénonce, ce jour-là, les pressions qu'elle aurait subies de la part de sa supérieure hiérarchique, Catherine Champrenault. La procureure générale de Paris lui aurait adressé de "très, très nombreuses demandes d'un degré de pression ahurissante", confie Eliane Houlette. "Je les ai ressenties comme une énorme pression", ajoute-t-elle. 

L'ancienne procureure explique que le parquet général exigeait d'elle des remontées d'informations très rapides et très complètes : "Les demandes de précisions, de chronologie générale (...), les demandes d'éléments sur les auditions, les demandes de notes des conseils des mis en cause... ", énumère-t-elle. L'ex-magistrate réactive ainsi le doute qui planait déjà sur les soupçons d'instrumentalisation politique dans l'affaire Fillon. Elle déclare : "On ne peut que se poser des questions. C'est un contrôle très étroit…". Une seconde révélation de l'ancienne procureure suscite l'interrogation générale...

Affaire Fillon : une convocation troublante 

Le 15 février 2017, Eliane Houlette est convoquée au parquet général. La cause ? "Le choix procédural que j'avais adopté ne convenait pas", explique-t-elle devant la commission. En effet, la procureure générale l'incite à changer de voie procédurale. En tant que procureure du parquet national financier, c'est Eliane Houlette qui lance les poursuites contre l'ancien candidat à l'élection présidentielle. Elle conduisait jusque-là une enquête préliminaire visant les emplois fictifs attribués à Pénélope Fillon, mais la demande de sa supérieure la pousse à ouvrir une information judiciaire contre le couple le 24 février 2017. Les soutiens de François Fillon n'ont pas tardé à réagir.

Affaire Fillon : des propos qui suscitent l'indignation de la droite

Ces révélations créent un véritable scandale auprès de la droite, qui érige François Fillon comme une victime d'un guet-apens judiciaire. Damien Abad, président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, dénonce : "Instrumentaliser une procédure judiciaire à des fins électorales et politiques constitue une grave atteinte à la démocratie". 

Maître Antonin Lévy, avocat de François Fillon, est formel : "Rarement dans l'histoire, un dossier aura été à ce point instrumentalisé et biaisé dès son origine. Il est maintenant établi que l'objectif a été, dès les premiers jours, de conduire à la mise en examen de François Fillon", rapporte Le Monde. Pour rappel, les six avocats des prévenus demandent la relaxe de leurs clients et attaquent l'instruction, qu'ils estiment "à charge".