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Près d'un an après l'annonce de la hausse de la CSG, Emmanuel Macron et le gouvernement ont fait un geste envers 300 000 retraités. Une décision révélatrice de leur poids politique.
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Emmanuel Macron : pourquoi il choie les retraités

"Arrêtez d’emmerder les retraités". Vraie colère ou sortie préparée ? Toujours est-il qu’avec cette phrase en partie empruntée à George Pompidou, Emmanuel Macron a souhaité envoyer un vrai message rassurant aux anciens actifs. Elle trahit également la crainte pour le chef de l’Etat de se couper d’une partie de la population qui pèse pour beaucoup dans le jeu électoral français.

Il ne faut pas s’y tromper, les retraités sont particulièrement remontés face à Emmanuel Macron et les chiffres concernant cette tranche d’âge sont alarmants. Selon un sondage Ifop pour Le JDD en date de cette semaine, le chef de l’Etat a perdu plus de la moitié de ses sympathisants chez les anciens actifs. Alors qu’ils étaient 67% à l’approuver au moment de son élection en mai 2017, ils ne sont plus que 31%.

Bien conscient que la digue risque de lâcher, Emmanuel Macron a annoncé que, non pas 100 000, mais 300 000 retraités seraient exonérés de la hausse de la CSG.

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Ce que doit Emmanuel Macron aux retraités : son élection en partie

Pourquoi le président porte une attention particulière aux retraités, plus peut-être qu’aux autr es ? Parce qu’ils constituent une solide part de son électorat. Au second tour, ils sont 80% à avoir voté pour lui au second tour de l’élection présidentielle en 2017, contre Marine Le Pen.

Sur le premier tour, la concurrence était plus serrée et si les retraités ont voté à 36% pour François Fillon, c’est Emmanuel Macron qui arrive juste derrière avec 26% de leurs voix. Des résultats en accord avec les grandes tendances agitant le corps électoral français : les retraités, bien qu’ils constituent une classe hétérogène, votent plutôt au centre-droit et peu aux extrêmes. 

L’opération reconquête, comme certains aiment à qualifier les récentes sorties d’Emmanuel Macron, arrive à un moment bien précis du quinquennat : à hui mois des élections européennes, qui seront par ailleurs suivies des municipales en 2020.

Emmanuel Macron face aux retraités : les enjeux des prochaines élections

Emmanuel Macron doit dès à présent envisager la stratégie à adopter pour les européennes de 2019 et les municipales de 2020, alors que jamais son parti n’a été confronté à des scrutins locaux. Un vrai défi pour une formation politique sans ancrage.

Dans ces deux rendez-vous, mais plus particulièremet pour les européennes, les retraités représentent un vivier de bulletins. Ils sont en effet la catégorie de la population qui est généralement la mieux inscrite et qui s’abstient le moins. En France, le taux d’abstention lors des dernières élections européennes en 2014 était de 56%, contre 59,36% en 2009. Lors du scrutin il y a un peu moins de dix ans, les études avaient montré que les retraités étaient la catégorie de population qui s’était le plus déplacée pour aller voter avec les fonctionnaires. (INSEE).

Cette propension des seniors à voter plus que leurs cadets est une donnée qui n’a pas échappé aux partis, au point que certains observateurs de la vie politique n’hésitent pas à parler d’une forme de "seniorisation" des campagnes électorales. Gage enfin que pour continuer à avancer le nouveau monde a bel et bien besoin de l’ancien : en 2040, un Français sur quatre aura plus de 65 ans