Jacques Chirac : l'histoire derrière la photo mythiqueabacapress
En 1980, Jacques Chirac est photographié en train d'enjamber le tourniquet du métro. L'ancien président de la République est-il de "la France qui triche", comme le laissait penser certains journaux ?
Sommaire

Jacques Chirac s'est éteint ce jeudi 26 septembre 2019 à l'âge de 86 ans. Outre le discours du Vel d'hiv' et le refus d'intervenir en Irak, l'ancien président a marqué les esprits par sa proximité avec les Français, comme ce fut le cas, par exemple, dans le Val d'Oise, rappelle Le Parisien.

Frasques amoureuses, bonne chère, blagues grivoises, coups de gueule, affaires judiciaires... C'est pour toutes ces raisons que l'ex-chef de l'Etat est connu aujourd'hui. En 1980, une photo immortalisa parfaitement l'anti-conformisme du président.

En 1978, Jacques Chirac est victime d'un accident de la route dans son département de Corrèze. Il est hospitalisé à Cochin, d'où il lancera son fameux appel en faveur d'une politique souverainiste, souligne LCI. Une fois rétabli, il s'agit de repasser aux choses sérieuses. L'élection présidentielle de 1981 approche et le candidat RPR doit marquer des points s'il souhaite battre François Mitterrand.

Jacques Chirac : un anticonformiste "théâtral", "dynamique" et "vraiment à part"

Invité à visiter le métro parisien, il pose tout sourire devant les objectifs à la station Auber. Mais au moment de glisser son ticket dans la machine, le tourniquet se bloque. Impatient de montrer aux journalistes que sa santé est rétablie et qu'il n'est pas homme à reculer devant l'adversité, le candidat de la droite saute par dessus le portique.

L'image pourrait laisser penser que Jacques Chirac fraude, l'homme politique n'ayant pas particulièrement marqué les esprits par son honnêteté. Or, il n'en est rien. Jean-Claude Delmas, photographe pour l'Agence France Presse (AFP), a immortalisé l'instant. Il se confie au Parisien : "L'histoire est toute simple. Jacques Chirac venait inaugurer une expo de peintures dans la station. Je ne voulais pas faire une photo banale du maire regardant une exposition. On était quelques journalistes et je me suis dit 'je vais quand même faire son arrivée au métro, on ne sait jamais'. J'ai fait en tout sept photos de la séquence".

"Le directeur de la RATP lui a glissé un billet dans le portique mais Chirac a oublié de le reprendre", se souvient le photographe. "Il ne prenait jamais le métro, il ne savait pas comment ça fonctionnait, comme beaucoup de politiques. Le ticket étant encore dans la machine, le portillon ne s'est pas ouvert. Il a donc décidé de sauter par-dessus", ajoute-t-il.

Jean-Claude Delmas se souvient d'un "personnage théâtral, faisant de grands gestes. Il était dynamique, vraiment à part. La plupart des politiques d'alors étaient assez figés". Invité à l'Elysée pour une rencontre avec la presse, il offre une copie du tirage au président français. "Comme souvent, sa réaction était sans parti pris. On s'est regardé et on a ri ensemble", se rappelle-t-il.

Jacques Chirac n'a donc pas fraudé le métro. Dans son édition du 21 juillet 1994, juste avant la campagne présidentielle qui vit Jacques Chirac l'emporter, Le Nouvel Observateur publiera tout de même la photo en première page avec comme une : "La France qui triche".

Jacques Chirac : un adepte des formules crues

Le président de la République était un habitué des écarts de conduite, et de langage. En témoigne sa phrase prononcée en 1977 (un an avant son accident de voiture) : "J'apprécie plus le pain, le pâté et le saucisson que les limitations de vitesse" et citée par Ouest France. Dans la même veine, rappelle Le Parisien, il déclare en 2006 : "Les feux rouges, je les ai grillés toute ma vie. Tu crois peut-être qu’on en arrive là en auto-stop ?"

En 1988, il accompagne le président François Mitterrand à un sommet européen. Irrité par l'intransigeance de Margareth Thatcher, il explose, souligne Libération : "Mais qu'est-ce qu'elle veut cette mégère ? Mes couilles sur un plateau ?" Pas de chance, son micro était resté ouvert. Cité par Eric Zemmour, il déplore, se souvient Marianne, qu'on "greffe de tout aujourd’hui, des reins, des bras, un cœur. Sauf les couilles. Par manque de donneur".