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La situation est surprenante pour ne pas dire inédite. Le député des Yvelines Henri Guaino a déposé à l'assemblée nationale une résolution "tendant à la suspension des poursuites engagées contre Henri Guaino".

 

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Depuis ses propos sur le juge Gentil, Henri Guaino est visé par une plainte pour outrage à magistrat. Ce mardi, il a déposé une proposition de résolution à l’assemblée pour suspendre les poursuites à son encontre.

Si le texte est ratifié par ses collègues parlementaires, il ne pourra pas faire l’objet de poursuites sur ce grief jusqu’à la fin de sa mandature, soit en 2017. En effet, une disposition constitutionnelle prévoit un éventuel arrêt des procédures à l’encontre d’un député "si l'assemblée dont il fait partie le requiert".

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En clair, le député des Yvelines demande à ses pairs de lui offrir une suspension des poursuites. Comme le rappelle Le HuffPost, "l'usage veut que ce soit un autre parlementaire que celui visé par la justice qui dépose une résolution". Or aujourd’hui, c’est bien Henri Guaino qui en fait la demande.

La liberté d’expression comme argument

"L’indignation face aux abus d’une autorité ou d’un pouvoir publics n’est-elle pas un droit imprescriptible pour tout citoyen, a fortiori pour tout élu, dans une démocratie ?" écrit l’ancien plume de Nicolas Sarkozy. "Dans une société libre, la caricature et la polémique sont préférables à la censure" renchérit-il en citant Jaurès et Clémenceau.

Christian Jacob, président du groupe UMP à l’assemblée, a indiqué au Scan que le groupe du parti d’opposition n’avait pas encore acté le soutien à Henri Guaino. Au moment de l’affaire, ce dernier avait reçu le soutien de 105 députés UMP concernant les propos qu’il avait tenus le 22 mars à l’égard du juge bordelais dont il avait affirmé qu’il avait "déshonoré un homme, les institutions, la justice". L’union syndicale de la magistrature avait alors porté plainte pour outrage.

Interrogé par Metronews, le président de l'USM Christophe Regnard s'est insurgé contre cette initiative dénonçant une "étonnante conception de la démocratie"  conduisant le député des Yvelines à vouloir se "soustraire à la justice". Sur Twitter, les réactions n'ont pas manqué et nombreux sont ceux qui ont raillé cette résolution.

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