Affaire des emplois fictifs : cette mise en examen qui embarrasse François BayrouAFP
Le patron du MoDem a été mis en examen ce vendredi 6 décembre au soir. François Bayrou, est poursuivi pour "complicité de détournement de fonds publics" dans l'affaire des assistants d'eurodéputés du MoDem.
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"Tout le monde est mis en examen ou à peu près dans la vie politique française." François Bayrou s’attendait-il au pire le 28 novembre dernier au micro de BFMTV-RMC ou souhait-il banaliser l’évènement ?

La décision était attendue. Après Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez, Michel Mercier et plusieurs autres anciens élus ou cadres du parti centriste, c’est au tour du président du MoDem d’être mis en examen. Le maire de Pau, convoqué vendredi 6 décembre par les juges du pôle financier de Paris dans le cadre de l'affaire des assistants d'eurodéputés du MoDem, est visé du chef de "complicité de détournement de fonds publics". Durant environ 10 heures, il a dû répondre point par point à l’ensemble des questions posées, dans le bureau des juges d'instruction Charlotte Bilger, Bénédicte de Perthuis et Patricia Simon au tribunal de Paris, d’après des sources concordantes à l'AFP.

"Cette mise en examen, annoncée à l'avance dans les journaux, a été décidée à l'encontre de tous les éléments de preuves produits", a indiqué à l’AFP Me Pierre Cornut-Gentille, avocat de M. Bayrou. "La suite de l'instruction démontrera qu'elle est totalement infondée".

François Bayrou mis en examen : un montage financier frauduleux ?

Depuis le 15 novembre, plusieurs figures du parti centriste ont été mises en examen. La justice a convoqué François Bayrou afin de répondre à ces interrogations : les collaborateurs du Parlement européen ont-ils vraiment réalisé des tâches financées par les crédits européens ? Ce montage servait-il à financer frauduleusement la masse salariale du parti ?

François Bayrou est soupçonné d'être responsable de l'ensemble du système présumé reproché au parti centriste. Celui-ci conteste.

François Bayrou mis en examen : "Il y a des calomniateurs"

"Ça n'est pas parce qu'on vous accuse de quelque chose que c'est vrai", a martelé le 28 novembre dernier François Bayrou au micro de BFMTV-RMC. "Ils étaient payés pour la fraction de temps par le Parlement européen et l'autre fraction du temps par notre mouvement, point", a assuré le maire de Pau, évoquant des contrats à temps partiels.

"Il y a des calomniateurs", a-t-il ajouté. "Les adversaires politiques les plus nuisibles, c'est ceux qui ont été près de vous à une certaine époque". Vise-t-il Corinne Lepage? Dans un livre oublié en 2014, Les Mains Propres, la fondatrice du Cap21 confiait qu'à l'époque où elle était eurodéputée MoDem, François Bayrou lui avait été "demandé de mettre un assistant à disposition". Elle atteste avoir refusé de le faire.

D’après les enquêteurs "des éléments laissent à penser que le MoDem aurait pu institutionnaliser dans son mode de fonctionnement l'utilisation des ressources du Parlement européen à son profil".

Mise en examen : coup dur pour François Bayrou

Alors que le dossier des emplois fictifs semblait en sommeil depuis 2017, il a spectaculairement ressurgi à l'occasion de la candidature avortée de Sylvie Goulard au poste de commissaire européen.

Cet acte d'instruction constitue d’ailleurs "un coup dur pour celui qui a placé le combat pour la transparence et la probité en politique au cœur de son engagement", rapporte L'Express.

Lors de la dernière campagne présidentielle, son soutien à Emmanuel Macron tenait en effet à l'inscription au sein de son programme d ’une proposition de loi sur la moralisation de la vie politique. "C'est une exigence sans laquelle je n'aurais pas fait cette alliance", déclarait-il.

Nommé garde des Sceaux en mai 2017, François Bayrou avait été contraint de démissionner quelques semaines plus tard à la suite de l'ouverture d'une enquête préliminaire par le Parquet de Paris. Nicole Belloubet a donc pris la main sur son projet, qui prévoyait d'interdire l'emploi, par des parlementaires, de membres de leur famille ou la suppression de leur réserve parlementaire.

Les deux ministres Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard, également concernées par l’affaire, avaient également dû quitter le gouvernement.one/1