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Plusieurs milliards détournés ! Pendant plusieurs années, des gangs étrangers auraient organisé une titanesque fraude sociale et fiscale. Une partie aurait même servi à subventionner le réseau terroriste islamiste.
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Une enquête glaçante

La Grande-Bretagne entre stupeur et révolte. Ce samedi 30 mars 2019, la publication de l’enquête du Sunday Times a créé un véritable scandale. A l’issue de deux années de travail, une énorme escroquerie menée par des gangs pakistanais et indiens a été découverte : environ huit milliards de livres sterling d’argent public auraient été détournés, sans compter les différentes escroqueries visant les entreprises ou les personnes, rapporte Le Figaro.

Fait extrêmement troublant, le fisc britannique, qui suivait l’affaire depuis 24 ans, aurait refusé de transmettre ses informations aux services de renseignement.

Motif avancé ? L’objectif était de "protéger les données fiscales" des dangereux fraudeurs. Pourtant, ceux-ci avaient été identifiés…

Des experts de l’arnaque

Détournements d’argent public, faux numéros de sécurité sociale, exploitations de travailleurs non déclarés, fraude aux allocations…Telles étaient les pratiques employées par le gang, depuis le début des années 1990. Il agissait à Londres et sa périphérie, à Birmingham, et dans le nord-ouest de l’Angleterre jusqu’en Écosse, révèle Le Sunday Times.

Le secteur privé a aussi été touché : ventes de contrefaçon, arnaque à l’assurance automobile, aux prêts immobiliers, aux cartes de crédits, etc. Rien ne semblait arrêter les malfaiteurs.

D’après le journaliste Tom Harper, qui a pu consulter différents documents, dont une enquête interne du fisc britannique, Her Majesty’s Revenue and Customs (HMRC), le réseau entretenait des relations importantes avec des groupes terroristes, dont Al-Qaïda !

Oussama Ben Laden en aurait bénéficié

Création de camps d’entraînement et autres activités !

Voici comment ont été utilisés les fonds transférés à Al-Qaïda au Pakistan et en Afghanistan. Au total, 80 millions d’euros ont permis ce financement. D’autres fonds auraient été transmis vers Hong-Kong et Dubai.

Selon le contre-espionnage britannique (MI5), "une partie de l’argent a même atteint le refuge d’Oussama Ben Laden au Pakistan, avant sa neutralisation en 2011", indique Le Figaro.

Abou Hamza, le recruteur d’Al-Qaïda condamné en 2015 à la prison à vie aux États-Unis, aurait d’ailleurs collaboré avec le clan. Tom Harper dévoile par ailleurs que plusieurs informations auraient été trouvées dans l’ordinateur d’un comptable du réseau, récupéré en Afghanistan par la CIA et les renseignements extérieurs (MI6).

Pourquoi tout cela est-il resté sous silence ?

Un droit de communication refusé

Aucune information transmise avant plusieurs années. Bien que les découvertes effectuées pendant des décennies soient de la plus haute importance, le fisc britannique a pris la décision de les garder secrètes.

D’après le Sunday Times, au moins quatre responsables du HMRC ont conjuré leurs supérieurs de lancer des poursuites, mais sans succès. Leurs demandes auraient été rejetées "en raison de leur nature complexe et de leur manque de ressources".

Depuis la sortie de l’article, la vérité sur ce silence est demandée. Le député travailliste, Meg Hillier, réclame même une enquête parlementaire et s’étonne de cet agissement : "Le HRMC partage régulièrement des informations avec d’autres agences, et je trouve donc extraordinaire qu’il ne l’ait pas fait dans ce dossier."

Que se cache-t-il donc derrière cette affaire ?

Agences gouvernementales et politiciens corrompus

Des hypothèses extrêmement déroutantes. Selon le Sunday Times, ces non-dits peuvent s’expliquer de plusieurs façons.

Afin de protéger et assurer les détournements, les malfaiteurs auraient en effet infiltré de nombreuses agences gouvernementales, et corrompu des politiciens. Des "milliers de livres" auraient été donnés au Parti Travailliste, qui gouvernait alors le pays.

D’ailleurs, l’enquête interne menée par le HRMC évoque "de nombreux membres du gang impliqués dans des thinks tanks, et des cercles d’affaires, qui les mettaient en contact avec d’importants politiciens britanniques". 

L’auteur indique même avoir "vu un membre du gang aux côtés de Tony Blair à au moins deux reprises, après la guerre en Irak".