Procès de Mazan : les audiences reprennent cette semaine avec huit nouveaux accusés
Sur les 51 accusés de ce procès hors norme, 36 se sont déjà succédés à la barre depuis le 2 septembre. Tous sont accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot sur l’invitation de son ex-mari qui la droguait. La plupart sont poursuivis pour viols aggravés et risquent jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle. Ce lundi, la neuvième semaine du procès des viols de Mazan s’ouvre avec huit nouveaux accusés dont les cas seront étudiés par la Cour criminelle du Vaucluse.
“On fatigue. On fatigue beaucoup du côté de Gisèle Pelicot d’entendre à peu près systématiquement les mêmes explications des accusés sur le terrain juridique de l’intention, […] entendre qu’elle a été victime de viol “par accident”, de viol “par erreur de jugement”, de viol “à contre-coeur”. Finalement, ce qu’on vient lui expliquer, c’est qu’elle est victime exclusivement de son mari", a déclaré auprès de l’AFP l’un de ses avocats, Me Antoine Camus.
Un accusé est jugé en son absence
“C’est une course d’endurance, mais elle reste évidemment combative et déterminée à aller jusqu’au bout, parce qu’elle est aussi portée par cet élan de soutien qui dépasse les frontières de la France”, a-t-il poursuivi.
Ces huit nouveaux accusés sont l’avant-dernier groupe à défiler devant la Cour criminelle du Vaucluse. Il restera ensuite six derniers accusés avant les plaidoiries et le verdict attendu le 20 décembre prochain. Dans ce nouveau groupe, un chauffeur routier de 36 ans, un ouvrier de 31 ans âgé de 22 ans au moment des faits ou encore un célibataire séropositif de 63 ans qui s’est rendu à six reprises à Mazan, sans jamais porter de préservatif. Zoom sur les huit accusés à la barre cette semaine.
Hassan O., en fuite
Identifié dans une scène de viol sur Gisèle Pelicot en date du 7 mars 2018, il devait être interpellé en septembre 2021. Les policiers de la PJ ne l’avaient pas trouvé, l’homme ayant fui à l’étranger, entre la Roumanie, pays de sa compagne, et le Maroc. Toujours visé par un mandat d’arrêt international, il sera donc jugé par défaut.
Romain V., 63 ans
Ce célibataire séropositif de 63 ans s’est rendu à six reprises à Mazan, sans jamais porter de préservatif. Il n’avait pas informé Dominique Pelicot être porteur du VIH.
Saifeddine G., 36 ans
Père de trois fils et installé à Carpentras, il s’est rendu une fois chez les Pelicot à Mazan, en novembre 2019. Chauffeur-routier de profession, Saifeddine G. assure qu'il ignorait que Gisèle Pelicot était droguée et inconsciente et que s’il en avait eu connaissance, il n'y serait pas allé et aurait appelé la police. Dans une lettre adressée à la juge d'instruction, il lui a présenté ses excuses. Il fait partie des 14 accusés qui reconnaissent les faits de viols aggravés.
Paul G., 31 ans
Originaire de Guinée, Paul G. est arrivé en France à l'adolescence comme mineur isolé. Il a eu un enfant avec une femme qui s’est séparée de lui après des violences conjugales contre lesquelles elle n'a pas déposé plainte par crainte. Paul G. n'avait que 22 ans quand il s’est rendu chez les Pelicot à Mazan, au printemps 2016. Il a expliqué aux enquêteurs n’avoir pas réalisé sur le moment la gravité de ses actes, mais qu'il avait ensuite refusé de s'y rendre une deuxième fois et qu'il reconnaissait qu'il s'agissait d'un viol.
Omar D., 36 ans
Cet agent d'entretien était déjà connu de la justice, principalement pour des infractions routières. Il avait 29 ans quand il s’est rendu chez les Pelicot à Mazan. C’était un habitué du site internet coco.fr et il a avoué avoir déjà eu recours à des prostituées. Il n’a pas reconnu les faits qui lui sont reprochés.
Cendric V., 44 ans
Originaire de Sorgues, il est père de deux enfants de deux mères différentes et est manager dans un restaurant de Corse. Il a nié les faits.
Cédric G., 50 ans
Ce technicien informatique de 50 ans est père d'une fille qu'il ne voit plus depuis sa séparation difficile avec la mère. L’homme avait même demandé à Dominique Pelicot de lui fournir des médicaments pour reproduire le même procédé de soumission chimique sur sa propre femme. Les deux s’étaient même rendus près de chez elle mais avaient renoncé parce que les lieux n'étaient pas suffisamment discrets.