Mort d'Emile : qu'est-ce qu'un "jumeau numérique" créé pour fouiller la zone de découverte du corps? abacapress
Les enquêteurs ont dressé une "cartographie numérique" des lieux autour desquels a été retrouvé le corps d'Emile Soleil, l'enfant disparu en juillet 2023 au Haut-Vernet. Explications.
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La science au service de l'enquête. L'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), a placé des "capteurs multispectraux" autour de la zone où ont été retrouvé les ossements du petit Emile Soleil, le 30 mars 2024 près du hameau du Haut-Vernet dans les Alpes de Haute-Provence. C'est ce dont ils ont fait part à la presse lors d'une conférence qui s'est tenu le 1e avril, rapporte notamment BFMTV

Des drones pour "numériser" la scène

Les scientifiques en charge de cette partie de l'enquête ont utilisé trois drones afin de filmer, photographier et repérer des éléments qui ne seraient pas visibles à l'œil nu  ou qui sont difficilement accessibles en raison du relief escarpé des lieux. Ensuite, une version numérique en 3D des lieux pourra être établie. 

Objectif de cette opération: capter le plus finement possible l'ensemble des éléments présents sur la scène afin de replacer chaque indice dans son contexte précis et éliminer les éventuelles modifications ayant pu la "polluer" après cette captation (telles que des piétinements, etc). 

L'un des responsables de l'IRCGN a expliqué à la presse que ce procédé permettrait de "créer une version numérique de la scène telle qu'elle a existé au moment où on s'est déplacé, pour pouvoir se repositionner dedans et replacer l'ensemble des éléments qui ont été prélevés". La précision serait telle qu'il serait même possible de "replacer des indices de l’ordre du centimètre", a ajouté l'officier de gendarmerie. 

A cela s'ajouteront les travaux d'anthropologues, chargés, selon la Dépêche, d'évaluer quand le corps a pu être déposé sur place, et combien de temps il aurait pu y séjourer. 

Les multiples applications des "jumeaux numériques"

Cette technique se rapproche de la création d'un "jumeau numérique". Il s'agit d'enregistrer un maximum d'informations concernant un objet, une situation, ou bien comme dans ce cas, un lieu, pour le traduire dans une version dématérialisée.

Les autres modèles virtuels employant ce procédé peuvent même permettre de réaliser des simulations, comme l'indique cette page de l'entreprise de matériel informatique et de logiciels IBM. De nombreuses recherches académiques sont menées sur ces sujets, par exemple dans le domaine industriel, par exemple l'Institut Mines-Atlantique à Nantes

Pour les industriels, cela permet notamment de modéliser des projets, des maquettes, etc. Ainsi la SNCF l'aurait employée pour projeter de future gare, et EDF pour concevoir des centrales, indique le JDN, ou bien encore, comme le liste Ouest-France, pour concevoir des produits plus "durables", personnaliser la médecine, reconstruire des villes.

En matière d'investigation criminelle, une filiale du groupe Leica, spécialisé en matériel photo, propose des outils spécifiques afin de créer les fameux "digital twins" (jumeaux numériques, en anglais). 

L'étrange geste d'une randonneuse

L'enfant, alors sous la garde de ses grands-parents, avait disparu le 8 juillet 2023. En dépit de plusieurs battues et fouilles menées au cours des semaines et mois suivants, rien ne permettait d'affirmer ou d'infirmer la mort du petit garçon. Mais, le samedi 30 mars, une randonneuse a retrouvé des ossements, notamment un crâne, qu'elle a elle-même rapporté à la gendarmerieont confirmé les autorités à Nice-Matin. 

Après cette information sur la découverte d'ossements, confirmée par le parquet d'Aix-en-Provence le 31 mars, une cagnotte a été lancée sur une plateforme en ligne afin de financer des funérailles pour le petit garçon.