Connaissez-vous vos droits au travail ?
1 - Je passe des coups de fil personnels
Attention : l'employeur peut s'assurer du caractère non abusif de cette utilisation en contrôlant les appels sortants. Il a également le droit de bloquer l'accès à certains numéros de téléphone comme les appels à l'étranger ou les numéros surtaxés (08...). L'usage est en général fixé par le règlement intérieur ou par note de service.
Et pour les téléphones portables : de la même manière, tout est question de mesure et vous serez sanctionné (avertissements jusqu'au licenciement) si cela trouble le bon déroulement de votre service à l'entreprise.
* Commission nationale de l’informatique et des libertés
2 - Je m'habille comme je veux
Certaines obligations vestimentaires peuvent aussi être prévues dans le contrat de travail ou dans le règlement intérieur. Elles doivent être justifiées par la nature de la tâche à accomplir et avoir pour objectif de respecter l'image de l'entreprise auprès d'une clientèle. S'il est normal qu’un professeur de sport porte un survêtement pour son activité, il n’en est pas de même pour une secrétaire en contact direct avec le public.
Respecter une certaine décence : votre employeur peut vous demander d'éviter certaines tenues (comme un short très court avec une chemise transparente sans soutien-gorge) si elles troublent l'entreprise.
3 - Je surfe sur le net de l'entreprise
En revanche, votre employeur peut fixer des conditions et des limites à l'utilisation du net, en plaçant des dispositifs de filtrage de sites pornographiques, pédophiles, d'incitation à la haine raciale... Il lui est possible aussi d'interdire le téléchargement de logiciels, la connexion sur un forum ou un "chat", et même l'accès à votre boîte électronique pour éviter les risques de virus informatiques.
Il peut également mettre en place des logiciels permettant de surveiller votre activité sur Internet (sites visités, temps passé) à condition de le déclarer à la CNIL*, de vous en informer et de prévenir les représentants du personnel.
* Commission nationale de l’informatique et des libertés
4 - Une caméra me surveille
Le recours aux caméras dans le seul but de contrôler l'activité professionnelle des salariés est condamnable, excepté dans les lieux ouverts au public comme les commerces ou certaines administrations.
L'employeur doit cependant en informer les salariés, les délégués ou représentants du personnel et la CNIL*, si le système prévoit un enregistrement des images sur support numérique. Un panneau d'information doit être placé de façon visible pour avertir toute personne de l'existence des caméras.
* Commission nationale de l’informatique et des libertés
5 - Mon patron refuse que je prenne mes congés quand je veux
Dans d'autres cas, l'employeur, pour la bonne marche de l'entreprise, peut opter pour des départs échelonnés imposés, ou la fermeture de la société, après consultation avec les représentants du personnel, entre le 1er mai et le 31 octobre. Les dates de vacances sont alors les mêmes pour tous.
6 - Je subis un harcèlement moral
Selon l'INRS*, un salarié sur six en France estime être l’objet de comportements hostiles dans le cadre de son travail, sous forme d'agressions verbales, d'humiliations, de brimades, de mises à l'écart ou au placard, de rétrogradations sans explication, de critiques injustifiées sur son travail quotidien...
Vos droits : Le harcèlement, moral comme sexuel, est interdit par le Code du travail et le code pénal. Pour qu'il y ait harcèlement, il faut remarquer la présence d'agissements hostiles répétés au quotidien. Un acte isolé, comme une parole vexatoire lors d'une réunion, ne suffit pas.
C'est à la victime de relever les faits. Elle doit démontrer ce qu'elle subit, en accumulant les preuves (courriers, e-mail, notes de services, tenue d'un cahier...) et montrer que cela l'affecte dans sa santé mentale et physique (certificat médical). A elle de contacter ensuite la médecine du travail, les syndicats...
* INRS : Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.
7 - Je m'absente régulièrement de mon poste pour aller fumer
Attention : ce n'est pas un "vrai" temps pour vous, et vous devez rester à la disposition de l'entreprise. En cas d'abus et de désorganisation du service (sur une chaîne de montage, dans un restaurant ou en grande distribution...), l'employeur peut réglementer ces pauses avec une badgeuse, voire interdire les allées et venues des fumeurs. Le salarié n'aura le droit de s'absenter que pendant sa pause déjeuner ou effective (au minimum une pause de 20min pour 6h de travail).
8 - Mon patron a fouillé dans mes dossiers pendant mon absence
Si vous avez créé un répertoire précis en mentionnant « personnel », il ne peut pas l'ouvrir et en prendre connaissance.
Autre droit : le vestiaire personnel attribué au salarié ne peut être fouillé qu'en cas de risque pour la santé ou pour la sécurité de l'entreprise. La possibilité d'une fouille doit être mentionnée dans le règlement intérieur. L'employé devra être présent ainsi qu'un tiers avant ouverture.
9 - Mon employeur ne veut pas nous voir manger dans l'entreprise
Sachez-le : aucune loi n'impose à l’employeur de donner des tickets restaurant aux salariés ni de prendre en charge leurs repas à l’extérieur. Il s'agit bien souvent d'un avantage lié à la convention collective, d'un usage professionnel ou d'un accord d'entreprise.
10 - Comment se défendre ?
Vous êtes face à un employeur qui ne respecte pas certaines de ses obligations ou vous contrôle abusivement ?
Dans un premier temps, tournez vous vers les délégués du personnel qui ont leur mot à dire et peuvent faire valoir vos droits. Vous pouvez aussi contacter les syndicats, même si vous n'êtes pas affilié(e), ou la CNIL* s'il s'agit d'une atteinte à votre liberté individuelle, comme une surveillance par caméra qui viole votre intimité au travail par exemple.
En cas de harcèlement, n'hésitez pas à vous tourner vers la médecine du travail. Tenue au secret professionnel, elle peut intervenir soit pour vous changer de poste, soit pour obliger votre employeur à vous licencier (au lieu de vous forcer à démissionner).
Vous pouvez également vous tournez vers l'inspection du travail. Et si le litige persiste, il faudra saisir le conseil des Prud'hommes.
* Commission nationale de l’informatique et des libertés