La rivalité entre Manuel Valls et Emmanuel Macron a rythmé tout ou partie de la fin du quinquennat de François Hollande. Mais avant de se détester (et de se réconcilier ?), les deux hommes s'appréciaient assez pour que Manuel Valls insiste pour l'avoir au gouvernement…
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Il lui a ouvert les portes du pouvoir. Et de toute évidence, il en est fier ! Manuel Valls, qui a longtemps détesté le chef de l'Etat, n'hésite pas dorénavant à se féliciter d'un "coup de génie". De quoi parle-t-il ? Du jour où il a insisté auprès de François Hollande - "qui était déjà assez convaincu", précise-t-il tout de même - pour faire entrer Emmanuel Macron au sein de son gouvernement. 

L'ancien Premier ministre, qui s'est aussi exprimé sur Lionel Jospin et Jean-Luc Mélenchon, a pris la parole sur le plateau de BFMTV, le dimanche 13 septembre 2020. Il était invité par Ruth Elkrief, rappelle Le Point, et c'est avec elle qu'il s'est confié au sujet de l'arrivée du futur chef d'Etat sous sa houlette. Avant cela, il était secrétaire général adjoint de l'Elysée. "Après, ça s'est cassé", commente d'ailleurs la journaliste. Et Manuel Valls de balayer ça d'un revers de main : "Oui, mais ça, c'est la vie politique".

Pour Manuel Valls, Emmanuel Macron a toujours visé François Hollande

"J'ai quand même raconté pendant des semaines à François Hollande qu'Emmanuel Macron ne me visait pas moi, il le visait lui", poursuit l'ancien socialiste - qui jugeait d'ailleurs que le Parti Socialiste devait se débarasser de ce nom. Déjà à l'époque, et c'est peut-être là le fameux "coup de génie" dont il se vante, Emmanuel Macron "voulait être président de la République". Pourtant, il le sait bien : cela ne suffit pas. Sans quoi, lui même n'aurait pas eu à faire le deuil de son envie d'Elysée. 

Emmanuel Macron a "joué et gagné", juge l'ancien député de l'Essonne, qui estime tout de même qu'il a eu droit à un contexte particulier. "Il y a eu les circonstances : la chance, la primaire de la droite, les affaires qui ont touché Fillon, le choix décisif de François Bayrou, la primaire de la gauche", liste-t-il.

Mais, plus que tout, si Manuel Valls se félicite d'avoir accueilli Emmanuel Macron au sein de son équipe gouvernementale, c'est en raison de la façon dont les choses ont pu tourner depuis…

Manuel Valls et le dégagisme

"Emmanuel Macron a été élu dans une crise politique majeure, avec un mouvement de dégagisme profond. Nous avons élu un président réformiste, jeune, européen, progressiste", vante encore l'ancien Premier ministre, défait lors de la primaire de la gauche en faveur d'un certains Benoît Hamon. Il ne s'arrête pas là. Un autre point essentiel à ses yeux : "Nous n'avons pas eu un populiste type Mélenchon ou Le Pen et nous avons évité François Fillon", assène-t-il. L'ex-député garde d'ailleurs ses piques pour le patron des Insoumis. Car ce qui lui importe ; "au fond, ce qui compte", insiste-t-il, "c'est le résultat". Peu lui chaut, en somme, si c'est Emmanuel Macron qui porte les réformes qu'il s'entendait mener.

Manuel Valls a-t-il un problème avec la radicalité ?

Ce dont Manuel Valls est moins friand, c'est de la radicalité dont peut faire preuve une partie de sa famille politique. Il adhère davantage aux idées portées par le président de la République qu'à celles aujourd'hui défendues - à défaut d'embrasser - Lionel Jospin. L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac a récemment fait un come back politique et n'a pas hésité à s'attaquer au chef de l'Etat. Pour son successeur, il se fourvoie et n'a pas choisi le bon ennemi.

"Il se trompe totalement, ou alors, il ne veut pas comprendre ce qui est en train de se passe", s'agace en effet Manuel Valls, pour qui "Mélenchon ne se situe pas dans le camps des républicains".