TÉMOIGNAGE. Mes pires souvenirs de pompier volontaireIllustrationIstock
Marion, pompière volontaire depuis un an et demi, nous partage son quotidien, ses aventures et son parcours.
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En France, 78% des sapeurs-pompiers sont volontaires.  Marion, elle aussi, a décidé de prendre part à cette aventure il y a un an et demi. Pour Planet, elle revient sur son parcours, ses interventions, mais aussi ses meilleurs souvenirs... Ainsi que les moins bons. Témoignage. 

Planet. Qu'est-ce qui vous a motivé à devenir pompier volontaire ?

Marion. Je suis entrée à la caserne en février 2021. C'est tout bête, mais quand je prenais les transports en commun et que j'entendais qu'il y avait un malaise voyageur, je me sentais mal de ne pas pouvoir aider. Au collège, j'avais passé lePSC1, donc je connaissais les premiers gestes de secours, mais je ne me sentais pas assez légitime pour me porter volontaire. J'avais fait trois massages cardiaques sur un mannequin dans ma vie, alors je ne voyais pas vraiment comment je pouvais être utile... 

Planet. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? 

Marion. J'ai déposé mon dossier en août 2020. J'ai passé toute une série de tests, comme des entretiens de motivation, des épreuves de français et de mathématiques ainsi que des épreuves physiques. Comme j'ai choisi le parcours secouriste et non le parcours incendie, l'évaluation physique consistait à de la lutte léger, des parcours d'obstacles avec un gilet lesté et des poids... J'ai choisi le parcous secouriste car physiquement l'autre était plus éprouvant, et je savais que je ne le tenais pas. De plus, mes motivations étaient vraiment de pouvoir secourir les gens. 

Comment se déroulent les gardes des pompiers volontaires ? 

Planet. Combien de temps accordez-vous de temps à la caserne ? 

Marion. Pour ce qui est des gardes, il faut donner 48 heures de disponibilité par mois, réparties en quatre créneaux de 12 heures. La caserne en choisit au moins deux de 12 heures chacune. Naturellement, je peux en faire plus : certains font dix, quinze gardes par mois... En août, par exemple, j'en ai fait cinq. En plus des gardes, il y a les formations, la distribution des calendriers, puis des évènements de convivialité: journées de sensibilisation, stands, animations à la caserne, journées portes ouvertes...

Si j'ai voulu être pompier volontaire maintenant, c'est pour donner de mon temps avant de construire une famille. 

Planet. Quelles sont vos missions, au juste ? 

Marion.  J'occupe deux types de postes à la caserne. D'abord, équipière, donc je prends une place dans un camion et je pars en intervention. Mais aussi stationnaire : c'est la personne qui gère l'organisation de la caserne, qui choisit qui part dans quel camion, qui répond au téléphone, contacte le chef de centre en cas de problème... 

Le meilleur et le pire d'être pompier volontaire

Planet. Quels sont vos meilleurs souvenirs en tant que pompier volontaire ? 

Marion. Il y a plusieurs types d'intervention. Je garde un très bon souvenir de certaines interventions, quand on est face à des gens sympathiques comme une personne âgée qui a fait un malaise ou une chute et qui avait juste besoin de discuter ou d'échanger. Ces personnes nous offrent souvent plein de choses comme des gâteaux, que nous refusons bien sûr car nous ne sommes pas là pour repartir avec des cadeaux. Ce sont des personnes qui ont besoin d'un lien social et c'est agréable d'échanger un moment avec eux et de repartir avec la sensation de leur avoir offrir un instant de joie dans leur journée. 

Planet. Et les pires ? 

Marion. A l'inverse il y a des interventions plus stressantes, comme les arrêts cardiaques où l'on est obligé de passer en mode robot et de suivre les ordres et ce que l'on a appris. Il faut gérer la mort, la famille autour, et quand c'est sur la voie publique les personnes qui filment ou qui observent. La police qui vient poser des questions également. 

J'ai aussi de mauvais souvenirs des interventions sur les enfants qui sont tout aussi stressantes et sur lesquelles on peut encore moins se permettre de montrer nos émotions. J'ai l'exemple d'un bébé qui s'étouffait : les parents nous ont donné leur enfant en panique, et là il ne faut pas montrer notre stress, et il faut que les coéquipiers se comprennent sans se parler. Parfois, il y a des choses que l'on ne peut pas dire devant les parents, notamment si l'on pense qu'il y a eu une négligence, par exemple.