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Horaires allégés, primes exorbitantes, avantages injustifiés... Sur l'Île de Beauté, les cheminots sont encore plus privilégiés qu'ailleurs, comme le souligne la Cour des comptes.
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Privilèges des cheminots : pourquoi la Corse traite-t-elle ses travailleurs du rail différemment ?

Tous les cheminots ne sont pas logés à la même enseigne. Du moins, c’est là l’avis exprimé par la Cour des comptes qui épingle la gestion des des chemins de fer de l’Île de Beauté. Pour s’occuper des 232 kilomètres de voie et des 16 gares de la Corse, la collectivité territoriale de Corse a repris les activités de la SNCF en 2012. Elle emploie 272 personnes qui, comme l’indique Le Figaro, ne travaillent parfois que 5h par jour. Les temps de travails précis des salariés n’étant pas contrôlés, entre autres, la Cour des comptes indique avoir eu des difficultés à mener ces analyses.

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Avant toute chose, la Cour des comptes pointe du doigt de nombreuses irrégularités de gestion. Elle estime que l’organisation de la Seml CFC (Société anonyme d’économie mixte locale des chemins de fer de la Corse) est "perfectible". Le conseil d’administration se réunirait trop peu "au regard de ses obligations de validation de toute dépense supérieur à 25 000 euros" et n’a ni organisé, ni exigé la "mise en place d’outils de pilotage et de programmation malgré l’attache d’un directeur général et d’un directeur technique délégué". Impossible, d’ailleurs, d’évaluer l’utilité de ces acteurs puisque leurs missions et leurs objectifs n’ont pas été définis.

D’une façon générale, comme le précise Le Figaro, la "bienveillance financière" règne. La collectivité, actionnaire majoritaire, verse chaque année une dotation de plus de 20 millions d’euros. En raison d’un soutien financier qualifié d’"inconditionnel", au sens où la collectivité s'est engagée à prendre à sa charge tout déséquilibre financier, la direction n’a jamais eu besoin de réfléchir à comment optimiser ses résultats ou réaliser des économies. Si la Seml CFC parvient même à générer des excédents, aucun effort concret n’aurait été entrepris pour valoriser le parc immobilier ou les activités touristiques.

Privilèges des cheminots : des surcoûts importants pour l'entreprise

Ce sont essentiellement les 272 salariés qui profitent de la générosité de la collectivité territoriale. Outre des horaires de travail très allégés (certains employés ne travaillent que 5h par jour, estime la Cour des comptes), le personnel bénéficie des nombreuses primes. Parfois surévaluées, comme c’est le cas de la prime kilométrique : elle correspond à 2.68 millions de kilomètres indemnisées… Quand la production actuelle, tenant compte du nombre de personnel standard dans chaque train, s’élève à 1,89 millions de kilomètres. Ils ont également droit à ce que la Cour des comptes appelle des indemnités "irrégulièrement attribuées" : des repas alors que les salariés ne travaillent qu’en demi-journée, soit le matin, soit dans l’après-midi. Dans la même veine, des heures supplémentaires sont versées alors que les agents ne réalisent pas les horaires réglementaires. Les sages critiquent également des primes dont les montants sont supérieurs au plafonds exonérés et qui engendrent d’importants surcoûts pour l’entreprise.

Ce n’est pas tout. En moyenne, les agents sont absent 28 jours par an, pour maladie ou accidents du travail. Enfin, en dépit de ces conditions de travail, le climat social dans l’entreprise reste marqué par de nombreuses tensions. En quatre an, elle a dû faire face à trois grèves et onze préavis de grève qui, comme le rappelle Le Figaro, n’ont pas systématiquement engendré des retenus sur les salaires.