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Le gouvernement réfléchit à un deuxième jour travaillé non payé. Sa mise en place implique de faire l'impasse sur un des 11 jours fériés qui existent en France.
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Une nouvelle journée de solidarité ?

Au sommet de l’Etat, ni Emmanuel Macron ni Agnès Buzyn n’excluent la possibilité d’une nouvelle journée de solidarité. La ministre de la Santé a d’ailleurs récemment estimé, au micro de BFMTV, qu’il s’agissait d’une "piste" pour financer la prise en charge des personnes âgées. Compte tenu de la démographie française et du vieillissement général de la population, il s’agit de dépenses qui seront mécaniquement amenées à augmenter.

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Après avoir évoqué d’autres possibilités comme un mélange de "la partie dépendance et la partie soins en une seule enveloppe" ou le recours aux "assurances privées" ce qui ne correspondrait pas à son "modèle préférentiel", elle a aussi évoqué la journée de solidarité. "Jean-Pierre Raffarin avait inventé la journée de solidarité active. (...) On pourrait imaginer deux lundi de Pentecôte travaillés", expliquait-elle, sans toutefois donner son sentiment sur la question. Elle assure vouloir, avant tout, un "débat sociétal", comme le rapporte France Soir.

Indéniablement, une telle solution aurait ses avantages. D’après Ouest France, la précédente journée de solidarité aurait rapporté 2, 37 milliards d’euros. En 2016, c’était 2, 293 milliards, selon la CNSA, l’organisme chargé de sa gestion. Toutefois... certains "détails" pourraient déplaire aux travailleurs.

Nouvelle journée de solidarité : le 1er janvier concerné ?

Si une nouvelle journée de solidarité active devait voir le jour, elle remplacerait nécessairement l’un des 11 jours fériés qui existent en France.

D’après le site France Soir, il est probable qu’une nouvelle journée de solidarité active prenne la place du jour de l’an. Et pour cause ! Il s’agit du seul jour férié "laïque", si l’on ne compte pas les célébrations des armistices, la fête nationale du 14 juillet et celle du travail, le 1er mai, toutes exclues pour le journal.

Il est peu probable, d’après le site d’information, que l’on touche aux armistices. Une majorité de Français estiment en effet que ces jours doivent rester férié pour commémoration. En 2015, 84% des Français estimaient que le 11 novembre, l’armistice de la première guerre mondiale, devait rester férié comme le rappelle BFMTV. D’après l’institut Elabe, c’est la preuve que la "der des der" est "profondément inscrite dans la mémoire collective française".

Nouvelle journée de solidarité : le 8 mai concerné ?

Le 8 mai vise à commémorer l’armistice de la seconde guerre mondiale. C’est en effet le 8 mais 1945 que prirent fin les conflits.

Toutefois, en pratique, le 8 mai n’a pas toujours été un jour chômé et il ne l’est pas pas partout aujourd’hui. Parmi les Alliés, par exemple, seuls les Français chôment ce jour-là. Les Anglais, les Américains n’ont pas de jour férié associé, comme l’indique France Info. Les Belges non plus, précise Le Soir. Quant aux Russes, ils fêtent l’armistice le 9.

En France, ce jour férié a été supprimé en 1959 par le général de Gaulle. En 1975, Valéry Giscard d’Estaing a décidé de couper court à toutes les commémorations pour pouvoir se rapprocher davantage de l’Allemagne. C’est François Mitterrand qui a rétabli le jour férié et les commémorations en 1981. Si un jour férié devait être supprimé pour permettre le financement du vieillissement de la population, il n’est pas inenvisageable qu’il s’agisse du 8 mai. Après tout… Ce ne serait pas la première fois.

Nouvelle journée de solidarité : la fête du travail concernée ?

La fête du travail ne fait pas un très bon candidat pour une éventuelle future journée de solidarité. Et pour cause ! Comme le rappelle La Croix, elle est fêtée presque partout dans le monde et son caractère universelle la rend forcément plus difficile à supprimer.

Elle a été créée en 1889 aux Etats-Unis, à la suite d’incidents violents à Chicago. Les syndicats américains ont lancé un appel à la grève le 1er mai, le jour du renouvellement des contrats de travail comme l’indique le quotidien, pour revendiquer huit heures de travail quotidien. Le 3 mai, plusieurs grévistes sont tués par la police. Le 4 mai, un attentat a lieu a la suite d’un meeting anarchiste. La police tire dans la foule. Au total, sept agents sont tués. Plusieurs manifestants meurent également.

Elle n’est pas fêtée partout à la même date. Le Sri-Lanka célèbre la fête du travail le 7 mai, par exemple. Au Royaume-Unis, on la fête le premier lundi de mai, contre le quatrième lundi d’octobre en Nouvelle-Zélande. Au Japon, en Afghanistan, en Iran et dans certains Indiens, rapporte La Croix, elle est fêtée le 1er mai. C’est aussi le cas en Iran, mais le jour n’est pas chômé.

Nouvelle journée de solidarité : quid de l’ascension et des autres fêtes religieuses ?

En France, la majorité des jours fériés sont associés à des fêtes religieuses d’ordre chrétienne. Sur les 11 jours fériés, un peu plus de la moitié sont issus de fêtes chrétiennes (lundi de Pâques, jeudi de l’Ascension, lundi de Pentecôte, Assomption, Toussaint, Noël).

Pour France Soir, ils ne font pas office de bon candidats. La réforme du lundi de Pentecôte aurait déjà froissé considérablement l’électorat catholique, ce qui complexe le fait d’y toucher. Toutefois, de l’avis de certains observateurs, ils ont peu de sens aujourd’hui. C’est en tout cas l’analyse de Thomas Guénolé, politologue encarté à la France Insoumise qui estime que "dans une république laïque", fêter l’ascension (autrement dit la montée au ciel du christ ressuscité) est "incongru". A la place, il propose plutôt de "fériériser l’abolition de l’esclavage, le 28 avril".