Réforme des retraites : pourquoi Emmanuel Macron ne peut-il plus reculer ?Illustrationabacapress
Après l'adoption de la réforme des retraites grâce à l'article 49.3, l'exécutif doit faire face à une contestation massive dans la rue. Inflexible depuis le début de cette crise, Emmanuel Macron semble ne plus pouvoir reculer. Explications.
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Déjà fragilisée depuis son début de mandat, la confiance des Français envers le chef de l’État et son gouvernement s’étiole à mesure des semaines. Depuis janvier, la révolte monte à l’encontre d’une réforme des retraites impopulaire et controversée, mais aussi des méthodes mises en place par l’exécutif. Les Français, tout comme l’opposition, rejettent ainsi en masse des temps de débats qui n’ont pas été respectés, des annonces comme le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite, mais aussi la suppression des régimes spéciaux ou la hausse de la durée d’assurance.

Avec l’adoption forcée de cette réforme sans vote majoritaire de l’Assemblée nationale, le torchon brûle chaque jour un peu plus. Dans quelle posture se trouve actuellement le président de la République, Emmanuel Macron ?

Réforme des retraites : le gouvernement dans une impasse

Depuis son premier mandat, Emmanuel Macron ne s’est pas caché de vouloir réformer en profondeur le système des retraites. Il en a même fait son principal cheval de bataille au moment de briguer un deuxième quinquennat à l’Élysée. Après la crise du Covid et tandis que l’inflation ronge le pouvoir d’achat des Français, l’année 2023 s’est donc ouverte avec la présentation du texte de la réforme des retraites par la Première ministre, Elisabeth Borne. Avec des mesures annoncées comme un recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans, une hausse de la durée de cotisation, mais aussi une suppression des régimes spéciaux, les Français se sont aussitôt mobilisés contre la dureté de ces décisions.

De journées de mobilisation en débats houleux à l’Assemblée nationale, le texte n’a pas pu être voté dans l’Hémicycle, malgré un soutien du Sénat. Pour faire adopter cette réforme des retraites difficile, Elisabeth Borne a donc engagé la responsabilité de son gouvernement grâce à l’article 49.3. Une décision choc pour les Français, qui continuent à manifester fermement en demandant le retrait du texte. De son côté, Emmanuel Macron peine à convaincre ses compatriotes, qui pointent du doigt une attitude méprisante de la part du chef de l’État et une impossibilité à comprendre les enjeux actuels des Français.

Réforme des retraites : l’impopularité d’Emmanuel Macron se confirme

Une semaine après l'interview, le président de la République, Emmanuel Macron, continue à rendre les Français particulièrement sceptiques. D’après une étude rapportée par FranceInfo, un baromètre Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale, seuls 30% des personnes interrogées estiment qu’Emmanuel Macron est un “bon président de la République”. Le chiffre montre donc un recul de six points par rapport au mois précédent.

Un second sondage, réalisé par BVA pour RTL, révèle, quant à lui, un chiffre de seulement 28% de personnes interrogées possédant une opinion positive du président de la République. Alors que plusieurs membres du gouvernement, dont Elisabeth Borne et Olivier Véran, communiquent autour d’une ouverture aux négociations et de futures discussions avec les syndicats, la situation s’annonce plus que jamais très difficile.

Réforme des retraites : quelle sortie de crise pour Emmanuel Macron ?

Au cœur de cette tourmente, le président de la République va devoir trancher et se positionner durablement. Tandis qu’il affiche une inflexibilité totale depuis le début de la crise, l’historien et président du Comité d’histoire parlementaire et politique, Jean Garrigues, pense qu’Emmanuel Macron ne pourra pas reculer sur ses positions. Comme il l’explique à Capital, le président “s’est mis dans un piège par son intransigeance et le peu de concessions faites aux oppositions”.

Toujours selon le spécialiste Jean Garrigues, “il y a de fortes probabilités que la stratégie de la main tendue échoue car le lien a été rompu”. Il faut dire que la colère des syndicats et des Français a atteint un tel degré que “s’il n’y a pas un geste fort d’Emmanuel Macron pour attester d’une reconnexion avec l’opinion publique, [les choses risquent d’être compliquées] pour la suite du quinquennat”. Les réactions d’Emmanuel Macron vont donc être particulièrement scrutées ces prochains jours.