Praticien à Grenoble, Hervé Vouaillat fait l'objet de plusieurs plaintes. Surnommé le "chirurgien de l'horreur", il aurait mal soigné nombre de ses patients. Certains ont finalement été amputés, d'autres disent souffrir le martyr.

Serge a 62 ans. Opéré pour une hernie discale en 2014, il a aujourd’hui perdu l’usage de ses jambes et ne peut se déplacer qu’en fauteuil roulant. Frédérique, elle, en a 49. Après une fracture de la cheville en 2009, elle a finalement été amputée du pied. Lise, mère de famille de 54 ans, témoigne dans les colonnes du Parisien : elle aussi souffrait d’une hernie. Hélas, l’intervention s’est mal passé et, face à la douleur, elle a dû consommer beaucoup de morphine. Depuis, elle ne voit plus de l’oeil droit.

Ces trois malheureux ne sont que quelques-uns des patients du docteur Hervé Vouaillat, que le quotidien régional surnomme le "chirurgien de l’horreur". Et pour cause ! L’homme fait l’objet de 27 plaintes. Parmi celles et ceux qu’il a soignés, ils sont des dizaines à l’accuser d’avoir brisé leur vie.

Qui est Hervé Vouaillat, ce chirurgien qui est dorénavant visé par une information judiciaire au parquet de Grenoble ? C’est en raison de "manquements d’une extrême gravité" mais aussi à cause d’un "comportement gravement fautif" que le conseil de l’ordre a décidé de le suspendre pour 18 mois. Chirurgien orthopédiste, il se présente comme un praticien "spécialisé en chirurgie de la colonne vertébrale" sur le site du Centre ostéo-articulaire des Cèdres. Il ne manque pas de préciser qu’il a été "ancien chef de clinique assistant des hôpitaux de Grenoble", où il a également été interne après des études de médecine menées à la faculté de Lyon. Le CHU de Grenoble, pour lequel il a exercé, a d'ailleurs été condamné en 2017, avant de faire appel.

"Le chirurgien m’a placé sur les os du matériel trop grand. C’était obligé que ça casse. Il y a eu des affections. J’ai subi 40 à 50 opérations pour tenter de sauver ma jambe. Mais en février dernier, j’ai dû subir une amputation tibiale. J’en veux énormément à ce docteur", explique Frédérique. Au total, rappelait Le Figaro en mai 2019, 80 victimes présumées ont mis en cause le praticien. Pire ! Deux de ses anciens patients sont morts et leurs proches font d’Hervé Vouaillat le principal responsable. C’est le cas de Noël, un retraité grenoblois de 73 ans, décédé en novembre 2017, ainsi que de Christophe Fuselier, un ancien chauffeur routier qui a lui aussi perdu la jambe après une "opération ratée" du chirurgien. Il est mort le 24 octobre 2019, a 46 ans, après 12 ans d’un "véritable calvaire", explique sa femme au Parisien. Elle a d’ailleurs porté plainte pour "homicide involontaire".

Le chirurgien de l’horreur : des vies brisées et des procès en diffamation ?

"Ma veine iliaque a été sectionnée et mes jambes n’ont pas été irriguées pendant un long moment. Après l’opération, faute de suivi, j’ai souffert d’un syndrome des loges. Les muscles de mes jambes ont subi une pression trop importante. J’ai ensuite eu de nombreuses infections. Au bout de plusieurs années, les médecins n’ont pu éviter l’amputation de ma jambe gauche", racontait Christophe Fuselier, quelques mois avant son décès. "Ce chirurgien ne doit plus opérer", ajoutait-il, non sans évoquer une "vie brisée". Il n’est pas le seul : Bakary Diakité, un autre patient d’Hervé Vouaillat, dit vivre un "enfer" depuis 2015. Ils se plaignent de douleur 24h sur 24, qui les maintiendraient éveillés toute la nuit durant.

Pour ces propos, cependant, quelques-uns et quelques-unes font l’objet d’attaques en diffamation. Le chirurgien orthopédiste a intenté un procès à quatre de ses anciens patients, indique France Bleu Isère. Un retournement de situation que Christophe Fuselier vivait très mal. Son avocat arguait d’ailleurs que "à travers la condamnation du CHU en première instance, c’est la responsabilité du chirurgien qui a été reconnue".