Ouragans plus fréquents : voici les risques en France selon un météorologueIllustrationIstock
INTERVIEW. Alors que les États-Unis pourraient subir en 2024 d'importants ouragans dévastateurs, la France pourrait-elle à terme être touchée ? Planet a interrogé un météorologue pour avoir la réponse.
Sommaire

Avec le dérèglement climatique, les ouragans sont amenés à se multiplier à l'échelle du globe. En France aussi, le phénomène pourrait arriver. Qu'en pensent les spécialistes, à la veille d'un été potentiellement chaud et orageux ? 

La saison des ouragans arrive 

Aux États-Unis, la saison des ouragans (de juin à novembre) arrive à grands pas et pourrait être dévastatrice. Le pays, situé entre l'air froid du Canada, et l'air chaud de l'Amérique latine, se retrouve bien souvent à la merci d'importants ouragans. En 2024, les prévisions ne sont guère optimistes. Selon le site USA Today, qui s'appuie sur une étude de l'université d'État du Colorado 11 ouragans, dont cinq majeurs, pourraient frapper le pays cette année, et plus généralement l'Atlantique Nord. "Tout penche vers une saison extrêmement active : des températures de l’eau de l’Atlantique toujours record et une transition assez rapide vers La Niña" peut-on lire dans l'article.

Les États-Unis se souviennent encore de l'ouragan Katrina, ayant causé la mort d'environ 2 000 personnes en 2005. L'un des ouragans les plus puissants du monde, ayant paralysé la Louisiane, le Mississippi ou encore la Floride. 

Si les risques d'ouragans ont été jusqu'ici très limités en France, la tendance pourrait s'inverser et certaines régions, proches des côtes, pourraient être impactées. Nous avons interrogé Paul Marquis, expert météorologue indépendant sur le phénomène. Tout d'abord, les cyclones se forment par une différence de températures à plusieurs altitudes. La température de l'océan a également sa part de responsabilité, constituant un véritable "carburant pour les ouragans", confirme auprès de Planet l'expert météo. Vous allez le voir, les ouragans pourraient arriver en France, et plus vite qu'on ne le croit. 

"La côte Méditerranéenne et le Sud-Ouest pourraient être concernés"

Paul Marquis est formel, "à la fin du siècle, les températures pourraient atteindre les +5 degrés, quand on voit les conséquences que nous avons déjà actuellement, c'est déjà dramatique". Selon lui, les probabilités d'ouragans pourraient se multiplier en France dès 2050. "Au début, on pourrait avoir un ouragan tous les 10 ans, puis tous les 3 à 5 ans, voire tous les deux ans dans les prochaines décennies". Tout dépendra de la vitesse à laquelle les océans se réchaufferont. À terme, "la côte Méditerranéenne et le Sud-Ouest pourraient être concernés." Le phénomène existe déjà dans le sud et se nomme le TMS, pour Tropical-like Mediterranean Storm. Un événement climatique qui, lui aussi, pourrait se multiplier, et s'intensifier particulièrement à la fin des étés. Le spécialiste du climat appelle à "une campagne de prévention massive" au plus vite dans l'Hexagone. 

"Les gens pensent que c'est impossible en France"

Face à une probabilité plus forte de l'apparition d'ouragans dans les prochaines décennies dans l'Hexagone, les Français ont tendance à ne pas y croire. Une pensée que condamne fermement Paul Marquis : "les gens pensent que c'est impossible en France, les personnes sceptiques sont dans le déni", évoque-t-il. Une campagne de prévention, à travers la sensibilisation et des échanges entre individus, est préconisée par le professionnel. Par ailleurs, la nécessité d'investir dans des infrastructures mieux équipées, et dans "des systèmes d'alertes plus aboutis" pourraient également être nécessaire. 

Ainsi, si les risques de subir des ouragans à l'image de ceux des USA sont faibles à l'heure actuelle, le dérèglement climatique et le réchauffement des océans pourraient changer la donne au cours des prochaines décennies. Les villes proches des côtes pourraient être les plus concernées. En attendant, la France a la chance d'avoir le temps de s'y préparer. Il en va aux autorités compétentes de mettre en place une dynamique de vigilance plus prononcée face aux risques toujours plus grands d'ouragans sur le long terme.