L'affaire des proxénètes du Carlton : le dossier chaud qui implique DSKabacapress
Proxénétisme, corruption, blanchiment d'argent ou encore association de malfaiteurs... Plongez au cœur d'un véritable polar qui touche une fois de plus l'ex-directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Planet.fr retrace pour vous l'affaire qui fait trembler la ville de Lille.
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Une affaire qui éclabousse les respectables notables lillois

Une affaire qui éclabousse les respectables notables lillois© abacapressTout commence le 4 octobre dernier, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par le parquet de Lille pour des faits de proxénétisme aggravé en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment. Le manager de l'hôtel Carlton et son responsable des relations publiques René Kojfer, sont mis en examen pour "proxénétisme aggravé" puis écroués.

Le 13 octobre, c'est au tour du propriétaire de l'hôtel de luxe lui même d'être mis en examen et écroué pour les mêmes faits.

Me Emmanuel Rigiaire, ténor du barreau de Lille est également mis en examen, suspecté d'avoir présenté une de ses clientes en instance de divorce, Mounia 38 ans, à René Kojfer, qui l'aurait mise entre les mains de proxénètes belges. Cette cliente aurait affirmé aux enquêteurs avoir croisé DSK lors de ses escapades à Paris. L'avocat a été néanmoins remis en liberté, mais sous contrôle judiciaire.

Le dernier homme éclaboussé par l'affaire est un chef d'entreprise, David Roquet, travaillant dans le BTP pour une filiale d'Eiffage, présent lors des "parties fines" organisées par le réseau de prostitution. Mis en examen comme les quatre autres, il a corroboré les dires de Mounia en déclarant avoir également rencontré Dominique Strauss-Kahn lors d'une "soirée" parisienne. L'ex-patron du FMI le "fascinait" a t-il confié aux policiers, et il rêvait de faire sa connaissance. 

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René Kojfer, un homme au double-visage

René Kojfer, un homme au double-visage© abacapressRené Kojfer, 69 ans, chargé des relations publiques du Carlton  est une personnalité "connue" du monde de la nuit lillois, selon une source proche du dossier. Il serait un véritable "entremetteur" selon les enquêteurs avec un rôle de "prestataire multi-services" et de "recruteur" pour satisfaire les demandes particulières des clients, selon Le Parisien.  Mais il était également informateur pour la police judiciaire lilloise.

La piste de René Kojfer mène les enquêteurs en Belgique. " Des liens avec des personnes gérant plusieurs établissements de prostitution et bars en Belgique ont été mis en évidence" a indiqué le parquet de Lille.

Le responsable des relations publiques est suspecté d'avoir remis plusieurs prostituées à son ami, le proxénète belge Dominique Alderweirled, surnommé Dodo, interpellé le 1er octobre et actuellement écroué en Belgique. Ce dernier tenait avec sa compagne, Béatrice Legrain, une quinzaine de bars à hôtesses et de salons de massage.

Dans ce vivier, René Kojfer "fournissait" le Carlton en filles mais également le Comfort Hotel de la rue Anatole-France et  l’hôtel des Trois Tours, des établissements fonctionnant " en réseau" d'après la PJ lilloise. L'homme de 69 ans pourrait bien être le pivot du réseau de prostitution lilloise.

Marié et père de deux enfants, il appartient à la communauté israélite du vieux Lille et se revendique franc-maçon.  Il est décrit comme un homme enjôleur et charmeur "avec un bagout incroyable", "qui vous aurait vendu n'importe quoi" témoigne un ami.

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DSK impliqué ?

 DSK impliqué ?© abacapressA peine la plainte de Tristane Banon enterrée par le parquet, le nom de Dominique Strauss-Kahn est encore cité dans un scandale sexuel. Mounia ainsi qu'une autre prostituée, qui oeuvraient au Carlton, ont affirmé l'avoir déjà rencontré lors de parties fines dans un hôtel parisien du boulevard Haussmann au "printemps 2010".  Des rencontres qui auraient été organisées également aux États-Unis lorsque l'ex-patron du FMI résidait à New York. Selon certaines sources proches de l'affaire, plusieurs prostituées auraient rendu visite à DSK outre-Atlantique, fin 2010 et même en mai 2011 juste avant son arrestation.

Les enquêteurs vérifieraient actuellement auprès des compagnies aériennes ces témoignages.

L'ancien directeur du FMI, qui n'avait vraiment pas besoin de ça, a demandé à être entendu "le plus rapidement possible" par les juges lillois. Dans un communiqué, il souhaite que "soit mis un terme aux insinuations et extrapolations hasardeuses et encore une fois malveillantes" portées contre lui.

L'audition est envisagée par les enquêteurs "comme pour des tas d'autres personnes", mais elle n'est pas prévue "dans un proche avenir," a indiqué une source proche de l'affaire. " En l'état actuel des investigations menées par deux juges d'instruction lillois, l'ex-patron du FMI apparaît de manière largement secondaire, (...) on est loin du cœur du dossier."

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"Le service du troisième oreiller, cela n'a jamais existé ici !"

© abacapressDes policiers seraient également impliqués dans l'affaire Carlton. Jean-Christophe Lagarde, commissaire-divisionnaire et patron de la sûreté du Nord, apprécié de ses collègues, a vu son nom cité par deux prostituées. Les mêmes qui ont cité le nom de DSK. A Lille, les deux hommes se connaissaient depuis que l'ancien directeur du FMI, alors candidat non déclaré aux primaires socialistes, avaient sollicité les conseils du commissaire Lagarde sur la sécurité urbaine.

Quatre autres policiers en poste à Lille ou retraités seraient également dans le collimateur des juges. L'affaire éclabousse désormais des fonctionnaires respectés.

Les juges en charge de l'affaire ont réclamé la fermeture de l'hôtel Carlton et de deux établissements voisins faisant partie du "réseau", et qui appartenait au directeur de l'hôtel quatre-étoiles. Une fermeture qui devrait durer trois mois.

"Le service du troisième oreiller, ça n'a jamais existé ici !" proteste vigoureusement Jalania Puthod, qui assure l'intérim au Carlton de Lille depuis que le directeur est sous les verrous. "Si on parle de prostitution de luxe, elles ne sont pas en bas résille avec des décolletés outrageants, elles sont indétectables," relève un réceptionniste.

Les 110 employés des trois hôtels, en colère, craignent désormais pour leurs emplois. Le 17 octobre, ils ont protesté devant le Carlton. L'inspection du travail a tenté de les rassurer en leur expliquant que la direction allait leur payer l'intégralité de leur salaire pendant la durée de la fermeture administrative. Mais pour les employés, le mal est déjà fait. "L'image du Carlton est salie".

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