El Niño : après les fortes chaleurs, faut-il s’attendre à un hiver rigoureux ?IllustrationIstock
Cet été, certaines régions de l'hémisphère nord ont connu des vagues de chaleur exceptionnelles. Face à ces événements climatiques, se profile-t-il des conditions météorologiques extrêmes pour l'hiver à venir ?Guillaume Jauseau, météorologue pour Météo&Radar, nous répond.
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Cet été, de fortes chaleurs ont marqué plusieurs régions de l'hémisphère nord, suscitant des interrogations sur les prévisions pour les mois à venir. Nous nous penchons sur le phénomène climatique El Niño, qui a une histoire bien particulière.

El Niño : un phénomène saisonnier

El Niño est un phénomène climatique saisonnier qui commence généralement au printemps et atteint son apogée autour de la période de Noël, d'où son nom espagnol signifiant "l'enfant". Il se caractérise par une augmentation anormale de la température de l'air et de l'eau dans la région du Pacifique-Est, le long des côtes d'Amérique du Sud.

Mais comment se forme-t-il ? "Il se caractérise par une espèce de poche d’eau chaude au niveau des eaux de surface de la ceinture équatoriale qui se trouve dans le Pacifique", précise Guillaume Jauseau, météorologue spécialisé dans le phénomène El Niño. Les eaux chaudes vont alors bouleverser les alizés, vents secs et chauds qui traversent le Pacifique. Or, ces dernièers sont responsables du transport de la chaleur de la région tropicale vers des régions plus froides.

Bien que localisées, ses répercussions s'étendent à l'échelle mondiale, provoquant des inondations dans certaines régions et des sécheresses dans d'autres. Il peut durer de six à dix-huit mois.

Quelle est la situation actuellement ?

Guillaume Jauseau, nous éclaire sur la situation : "Nous sommes entrés officiellement dans l'épisode El Niño en juin, marqué par une augmentation de la température à la surface de la ceinture équatoriale du Pacifique. Cependant, nous n'avons pas encore atteint l'intensité maximale prévue pour cet hiver".  En effet, le phénomène entraîne une modification des schémas de circulation atmosphérique. Cela s'explique par l'importance des océans dans le fonctionnement du climat. 

L'Europe est-elle la plus impactée ? 

Guillaume Jauseau, répond que "l'Europe n'est pas directement impactée par El Niño, mais plutôt par ses effets indirects en cascade. Pendant un épisode d'El Niño, "l'Europe a tendance à connaître des hivers plus pluvieux et plus doux, bien que ce ne soit pas systématique".

Guillaume Jauseau explique en revanche que, "les régions les plus touchées par El Niño se trouvent principalement autour de l'équateur, comme l'Indonésie et le Pérou. Les perturbations climatiques résultant de ce phénomène, entraîne des sécheresses graves, tandis qu'au Pérou, il provoque des inondations."

Il est toutefois important de noter que, "Bien qu'El Niño puisse causer des hivers plus froids en Amérique du Nord, il n'entraîne pas nécessairement une baisse des températures à l'échelle mondiale".

Les inquiétudes de la communauté scientifique

Cette année, la hausse des températures observée dans l'Atlantique Nord depuis avril a suscité des inquiétudes quant aux conséquences potentielles d'El Niño sur les conditions météorologiques. Des températures élevées, des incendies de forêt, des inondations, et une sécheresse intense ont marqué l'été dans de nombreuses régions du monde.

Un impact sur l'hiver ?

Alors que la saison estivale a tiré sa révérence, on se demande alors si El Niño influencera ou non les conditions hivernales et comment. Les météorologues estiment que certaines parties des États-Unis pourraient connaître un hiver plus froid et plus sec que d'habitude. Cela serait lié à la persistance des effets associés à El Niño.

Guillaume Jauseau nuance ces propos : "prédire avec précision l'intensité et les effets d'El Niño est un défi en raison de la complexité du phénomène. Néanmoins, les météorologues surveillent attentivement les signes précurseurs, comme l'augmentation de la température de la mer dans la ceinture équatoriale".