Photo datée du 03 avril 1974 de Jean-Pierre F (D), 17 ans, lors de la reconstitution du crime de la petit Brigitte Dewevre, 16 ans, retrouvée morte à moitié devêtue à Bruay-en-Artois le 05 avril 1972. Jean-Pierre F., qui avait avoué le crime, reviendra sur ses aveux et sera relaxé au bénéfice du doute. - STF / AFPAFP
Rebondissements, coupables innocentés, témoignages contradictoires… Retour sur cinq affaires criminelles françaises qui ont défrayé la chronique. 
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Affaires criminelles mystérieuses : la disparition d’Estelle Mouzin

Le 9 janvier 2003, la France entière s’émeut de l’affaire de la petite Estelle Mouzin, âgée de 9 ans. Alors qu’elle rentrait à pied chez sa mère, à Guermantes en Seine-et-Marne, la petite fille disparaît. Elle a été vue pour la dernière fois par une passante vers 18 h 15 devant la boulangerie, à 750 m de son domicile. L'enquête emploie des moyens sans précédent, comme la perquisition des 350 maisons de la commune le 14 janvier, ce qui mobilise 170 policiers, 300 gendarmes et CRS pour bloquer toutes les entrées et sorties de la ville. La photo d’Estelle est diffusée partout et les médias couvrent largement sa disparition.

Dès juillet 2003, les enquêteurs pensent au tueur en série Michel Fourniret. « L’ogre des Ardennes » n’a jamais avoué son implication dans la disparition de la petite Estelle, mais il ne l’a jamais totalement écartée non plus. Cette piste sera considérée puis écartée à de nombreuses reprises, jusqu’en septembre 2018. Le 7 septembre, des fouilles ont été menées dans la maison d’une des premières femmes de Michel Fourniret, mais n’ont donné aucun résultat. En 2014, l’enquête s’était également intéressée à un agent de voirie rôdant près d’une benne à ordure. Mais l’homme est décédé en 2009, ne laissant pas de pistes derrière lui. Quinze ans après les faits, la disparition d’Estelle Mouzin reste un mystère entier.

Affaires criminelles mystérieuses : l'énigme de la famille Godard

Le 1er septembre 1999, Yves Godard emmène ses deux enfants en bateau pour une croisière de quatre jours au départ de Saint-Malo. Mais le bateau ne rentre pas et un chalutier récupère le canot pneumatique. À l’intérieur, seuls des effets personnels du père de famille sont retrouvés. Dans le même temps, la femme d’Yves Godart, Marie-France, est introuvable. L’enquête démarre avec la perquisition du domicile familial à Tilly-sur-Seulles, dans le Calvados, où les découvertes macabres s’enchainent dans la maison et dans le véhicule du couple: du sang appartenant à la mère, des restes humains, ainsi que des cartes bancaires et des papiers.

De nombreuses affaires récupérées en mer cautionnent la thèse d’un naufrage, mais les enquêteurs n’y croient pas. Le 16 septembre, un gilet de sauvetage du voilier est retrouvé près de l’île anglaise de Guernesey, au nord-est du lieu où le bateau a été vu pour la dernière fois. Une semaine plus tard, c’est le radeau de survie gonflable du bateau qui est récupéré sur une plage au sud de l’Angleterre. Or, selon les experts, ces deux objets n’ont pas pu être déviés à ces endroits distincts par la seule force du courant : ils ont probablement été délibérément dispersés.

Le 6 juin 2000, le crâne de la petite Camille, 6 ans, est découvert dans des filets de pêche en baie de Saint-Brieuc. Fin 2006, un fémur d'Yves Godard est retrouvé, mais il n’y a toujours aucune trace des corps de Marie-France, l'épouse, ni de Marius, le second enfant âgé de 4 ans. En décembre 2008, une nouvelle carte de mutuelle appartenant au médecin est retrouvée sur une plage, en parfait état de conservation, épaississant encore un peu plus le mystère de l'affaire Godard. En 2016, le parquet de Caen prend la décision de déclarer « absents », c’est-à-dire décédés Marie-France et Marius. Si l’affaire est close, l’énigme reste entière : on ne sait toujours pas ce qu’il s’est passé lors de cette croisière ni où a disparu la femme d’Yves Godart.

Affaires criminelles mystérieuses : l’évaporation de la riche héritière Agnès Leroux

Agnès Le Roux, riche héritière d’un complexe hôtelier et notamment du casino le Palais de la Méditerranée à Nice disparaît le 26 octobre 1977 et n’a jamais été retrouvée. L’affaire connait de multiples rebondissements. La jeune femme était la maîtresse de Jean-Maurice Agnelet, un avocat de 38 ans, connu pour avoir une réputation de séducteur. Quand Agnès apprend ses tromperies, elle tente par deux fois de se suicider. L’amour et l’argent se mêlent alors.

L’avocat manipulateur convainc Agnès Leroux de voter contre sa mère à un conseil d’administration contre une somme d’argent versée par Fratoni, l’ennemi de la famille. Celui-ci entre alors dans l’entreprise. Mais l’argent versé sur un compte suisse au nom de la jeune femme réapparait ensuite sur le compte personnel de Jean-Maurice Agnelet. Quatre mois plus tard, Agnès disparaît.

L’avocat est rapidement suspecté, mais il se justifie d’un alibi grâce à une maitresse, Françoise Lausseure. Inculpé pour homicide, il est relâché en 1983, faute de preuves suffisantes. En 1999, treize ans après les faits, l’ancienne maitresse parle et avoue avoir menti sur l’alibi. Agnelet est alors de nouveau mis en examen et la thèse de l’assassinat est évoquée. Il est condamné en appel à vingt ans de réclusion criminelle. En 2013, un autre rebondissement éclate dans l’affaire. La Cour européenne des droits de l’homme estime que « le meurtre n’est pas formellement établi » et que Jean-Maurice Agnelet « n’a pas disposé d’informations suffisantes lui permettant de comprendre le verdict de la condamnation ». Il est actuellement toujours en prison.

Affaires criminelles mystérieuses : la tuerie de Chevaline

Le 5 septembre 2012, alors qu’il se promène à vélo en plein après-midi, un Britannique de 53 ans, découvre une scène digne d’un film d’horreur. Il voit tout à coup devant lui surgir une petite fille de 7 ans, blessée à la tête et titubant. À côté de la petite Zaïna al-Hilli gît le corps sans vie d’un cycliste qu’il vient de croiser sur la route, et une voiture dont le moteur tourne encore. Le citoyen britannique ouvre la porte et découvre la suite du massacre : le père de la petite fille, Saad al-Hilli, une balle dans la tête, et sur la banquette arrière, l’épouse, Iqbal, et la belle-mère, Suhaila al-Hallaf ont subi le même sort.

L’homme prévient alors les secours. Sur place, l’équipe mettra plusieurs heures à découvrir une survivante : Zeena, 4 ans, était assise, recroquevillée, sous les jambes de sa mère. Les enquêteurs suivent alors deux pistes. D’abord celle d’un motard, aperçu sur une route interdite aux véhicules proche du lieu du crime. Suite à un portrait-robot, l’homme est arrêté, il s’agit d’un ancien policier collectionneur d’armes. Mais les tests ADN l'innocentent. L’autre piste est celle d’un règlement de compte familial. Le père, ingénieur sous-traitant chez EADS, était en conflit avec son frère pour une histoire d’héritage. Faute d’éléments, Zaid al-Hilli est finalement relâché.

L’affaire connaît de nombreux soubresauts. L’ex-mari américain d’Iqbal al-Hilli serait mort un 5 septembre d’une crise cardiaque, mais le doute subsiste. Un Irakien, soupçonné d’avoir été contacté en tant que tueur à gages, est également entendu, mais l’homme nie en bloc. Malgré tous les moyens mis en œuvre, l’identité du tueur et les raisons de ce massacre sont toujours ignorées. S’agit-il d’un drame local ? Y a-t-il un tueur fou dans la région ? La meilleure piste reste celle de l’arme du crime : un Luger PO6, un vieux modèle de pistolet automatique suisse.

Affaires criminelles mystérieuses : le meurtre de Brigitte Dewèvre à Bruay-en-Artois

Le 6 avril 1972, la jeune Brigitte Dewèvre, 15 ans, est retrouvée morte dans un terrain vague dans le Pas-de-Calais. Fille d’un mineur de la région, l’affaire devient rapidement un symbole de la lutte des classes. La jeune fille était partie la veille de chez ses parents pour aller dormir chez sa grand-mère comme de nombreuses fois. Mais sa grand-mère ne la verra jamais arriver.

En chemin, Brigitte croise deux de ses amis, dont Jean-Pierre Flahaut. Elle emprunte alors un sentier près de la route, qui longe un quartier bourgeois de la ville. Selon l’autopsie, la jeune fille est morte aux alentours de 20h30, étranglée. Elle porte de nombreuses traces violentes sur tout le corps, notamment celle d’un objet tranchant comme une hachette. Le premier suspect entendu par la police est un notaire, Pierre Leroy. Inculpé le 13 avril, il est le coupable puissant idéal pour une partie de la ville. L’affaire prend une tournure politique, la ville se scinde en deux clans : les membres de la haute société et le Rotary Club et de l’autre, la classe ouvrière.

Finalement innocenté ainsi que sa maîtresse en 1974 après des reconstitutions et des témoignages, l’enquête s’arrête sur l’ami que Brigitte a croisé : Jean-Pierre Flahaut. Celui-ci avoue, mais son témoignage n’est pas cohérent avec les faits. En juin 1975, Jean-Pierre Flahaut est relaxé. Depuis, un ancien policier de la BAC assure connaître l’identité du tueur, mais refuse de dévoiler son nom.