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Président bavard ou maître des ondes ? Depuis son accession à l’Élysée en 2017, Emmanuel Macron semble omniprésent dans le paysage audiovisuel français. Si certains le qualifient de “président bavard”, ou du “plus bavard de la Ve République” comme le titrait l’Express l’année dernière, la réalité est plus nuancée.
Selon les archives du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) épluchées par Marianne fin 2021, Emmanuel Macron avait cumulé environ 173 heures d’interventions télévisées lors de sa dernière année de mandat, contre 170 heures d'intervention sur les chaînes d'information en continu et généralistes pour Nicolas Sarkozy et 165 heures pour François Hollande (les chiffres le concernant s'étalant jusqu'au 31 janvier 2017).
Une différence qui, à première vue, semble marginale. Cependant, elle prend une autre dimension à l’ère de la multiplication des chaînes d’information en continu. La création de France Info en 2016, la gratuité de LCI la même année ou encore l’omniprésence des plateformes de rediffusion sont autant de tremplins favorisant l’expression de la parole présidentielle.
Ainsi, le président Macron bénéficie d’une visibilité démultipliée par rapport à ses prédécesseurs, même si la durée réelle de ses interventions reste comparable. Ce phénomène est renforcé par les périodes de crise, comme celle du Covid-19, où ses allocutions télévisées ont atteint des records d’audience. Le 12 mars 2020, par exemple, sa première intervention solennelle sur la pandémie avait réuni près de 25 millions de téléspectateurs, toutes chaînes confondues.
Le lundi 13 avril suivant, à 20h02 et pendant 25 minutes, 36,7 millions de téléspectateurs ont suivi l’annonce du prolongement du confinement du président. Il s’agissait de sa quatrième intervention solennelle depuis le début de la crise sanitaire, et elle a battu un nouveau record d’audience. Quant à sa dernière allocution télévisée consacrée à la guerre en Ukraine et à la situation internationale le mercredi 5 mars dernier, elle a rassemblé plus de 15 millions de Français, selon Telerama.
Cette présence renforcée dans les médias n’a pas manqué de faire réagir l’opposition, notamment lors des élections européennes de 2024. Plusieurs responsables politiques ont accusé le chef de l’État d’utiliser les médias à des fins électorales, en prenant la parole à des moments stratégiques pour influencer l’opinion publique. Une controverse relayée notamment par Le Monde, qui rappelle que les règles du temps de parole imposent une certaine équité entre les acteurs politiques, surtout en période de campagne.
Ces critiques soulèvent une problématique : jusqu’où peut aller un président en exercice dans l’utilisation de la parole publique sans empiéter sur l’équilibre démocratique ? Si les institutions n’ont pas relevé de manquements formels, le débat reste ouvert quant à la frontière entre communication institutionnelle et stratégie politique.