Intelligence artificielle : un nouveau dispositif vous permet de répertorier les aides auxquelles vous êtes éligibile IllustrationIstock
INTERVIEW. RSA, APL... Et si ChatGPT vous permettait de mieux connaître vos droits ? Le 11 juillet 2023, le site Mes-Allocs a lancé son propre outil d'intelligence artificielle : AidesGPT. L'objectif est de mieux informer les utilisateurs sur les aides auxquelles ils peuvent prétendre. Son fondateur, Joseph Terzikhan, nous explique.
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L'intelligence artificielle intègre notre quotidien. Après les logiciels d'images, l'enregistreur vocal, cet outil est désormais utilisé pour vous informer. En effet, le 11 juillet 2023, le site Mes-Allocs.fr a lancé AidesGPT, un chatbot en ligne vous permettant de connaître les aides auxquelles vous êtes éligible. La plateforme experte en aide financière avait déjà pour objectif d'apporter une solution au problème de non-recours aux aides. 

En France, une personne sur trois ne bénéficie pas des aides auxquelles elle peut prétendre. L'intégration de l'intelligence artificielle permettrait alors de compléter le service déjà proposé. Comment ? Son fondateur, Joseph Terzikhan, répond à nos questions. 

Une plateforme de solution  

Planet. Le site Mes-Allocs.fr réunit près d'1 million d'utilisateurs. Qu'apporte-t-il comme solution au problème de non-recours aux aides ? 

Joseph Terzikhan. Notre plateforme apporte une solution à chaque petite cause de non-recours aux aides sociales. La première cause est le manque d’information : les Français ne savent pas à quelles aides ils ont le droit. Pour résoudre ce problème, on participe à fluidifier l’accès à l’information, c’est-à-dire la rendre plus simple à obtenir. Grâce à notre simulateur qui regroupe 1 800 aides nationales, locales et départementales. Cela concerne aussi bien l’aide pour acheter un vélo que l’aide pour garder ses enfants. On a une personne qui travaille à plein temps sur le simulateur et qui l’alimente avec de nouvelles assistances financières.

Notre deuxième réponse à ce problème est la mise en ligne de milliers d’articles gratuits écrits par des juristes sur notre site Internet pour apporter des informations précises aux internautes qui se posent des questions. 

Planet. Quelle est la valeur ajoutée de l'outil d'intelligence artificielle que vous venez de lancer ?

J.T. La nouveauté lancée il y a une semaine permet de compléter notre offre. Il s’agit d’une intelligence artificielle qui se nourrit à la fois des données provenant de notre base interne, c’est-à-dire à partir des questions réponses qui nous ont été posées, et à la fois de source externe comme les sites publics (impots.gouv ; la CAF). On va aller chercher l’information en temps réel et la mettre à jour toutes les semaines.

Le nouvel outil d'IA de Mes-Allocs.fr se présente comme un instrument au service des particuliers. Mais comment a-t-il été conçu ? 

Un outil gratuit d'utilité publique 

Planet. Il s’agit du premier service d’intelligence artificielle destiné aux aides sociales, comment vous est venue l’idée ?

J.T. On a regardé ce qu’apporte aujourd'hui l’intelligence artificielle au quotidien : c’est immense. Aujourd’hui, je le vois même dans mon équipe. Les gens se servent de ChatGPT dès qu’ils ont une question. Par exemple, pour le développement de la technique, ChatGPT est capable de vous corriger une ligne de code ou de rédiger un e-mail. On le voit donc dans l’utilisation quotidienne. On s'est alors demandé pourquoi on ne mettrait pas à profit nos données qui sont nombreuses avec une intelligence artificielle pour la rendre encore meilleure chaque jour. Cela permet d’apporter des réponses plus précises, plus directes, plus simples aux utilisateurs quand aujourd’hui l’information sur les aides est assez difficile à appréhender ou assez dispersée.

Planet. Vous indiquez que AidesGPT bénéficie d’une mise à jour de 2023 en comparaison de ChatGPT qui date de 2021. Quelles sont les améliorations importantes entre les deux versions ?

J.T. C’est le même principe. La différence se trouve dans le fait qu’on paye OpenAI, la boîte d’outil à accès ChatGPT, pour utiliser une version améliorée de celle proposée par ChatGPT gratuitement. On utilise GPT 3.5 Turbo qui est payant. On paye à chaque fois qu’un de nos utilisateurs vient tester notre outil. Cela nous permet d’être à jour toutes les semaines. En effet, on vérifie chaque semaine les sources, ce que ChatGPT ne fait pas dans sa version gratuite.

Planet. Y a-t-il une version payante de votre outil ?

J.T.Non, il n’y a pas de version payante de cet outil. Cela fait partie de notre mission d’utilité publique car on est labellisé startup à impact social par FranceDigital et la Banque Publique d'Investissement (BPI) depuis quatre ans. On participe donc à une meilleure circulation de l’information et à une meilleure disponibilité de cette dernière gratuitement auprès du grand public.

On a également un service payant permettant de résoudre d'autres problèmes puisqu'il en existe deux autres dans le non-recours aux aides en dehors du manque d’information :

  • La complexité des démarches
  • La pudeur : je m’en suis rendu compte dans mon entourage. Il y a beaucoup de personnes qui n’osent pas demander une aide alors qu’elles se savent éligibles. Elles ne veulent pas être considérées comme assistées ou elles souhaitent se débrouiller toutes seules. Elles ont également peur de devoir quelque chose à l’Etat plus tard.

Ces phénomènes sont des freins. Grâce à nos conseillers disponibles sur notre service payant d’accompagnement administratif, les utilisateurs qui le souhaitent peuvent parler à un conseiller formé en interne. Il est spécialisé dans toutes les démarches administratives qui ont trait au pouvoir d’achat et à la vie quotidienne des utilisateurs y compris la réduction des dépenses au quotidien dont ils n’ont pas le temps de s’occuper. Ce service restera payant et permet d’assurer la survie de la société puisque nous ne sommes pas encore financé par l'Etat. AidesGPT, lui, restera gratuit.

Hormis la gratuité du service, l'accent est mis sur la précision que cet outil peut apporter. Comment l'acquiert-il ? 

 Un service précis

Planet. Vous évoquez des experts chargés de vérifier les sources, qui sont-ils ?

J. T. Ça peut être des juristes de notre équipe. Il s’agit de ceux qui répondent aux commentaires des utilisateurs. Il y a aussi des conseillers qui suivent des clients et qui vérifient que les sources sont bien mises à jour. On a une grosse base de données de 15 000 questions réponses en interne qui est alimentée par nos soins et de 6 600 documents en source officielle. Notre équipe vérifie régulièrement que les sources sont à jour.

Planet. Si je sollicite votre service AidesGPT, comment se passe un échange classique sur le site ?

J.T. Le lien pour accéder à AidesGPT est encore peu visible, mais une fois que vous cliquez dessus, on vous demande une inscription rapide. Vous devez alors fournir un prénom, un nom, une adresse électronique et un mot de passe. Une fois que vous avez fourni ces coordonnées, vous avez accès à l’outil et vous pouvez poser les questions que vous souhaitez. Par exemple, vous pouvez demander si vous avez le droit à une aide pour acheter un ordinateur en tant qu’apprenti. L’outil va apporter une réponse. Ses réponses vont peut-être être moins précises au début. Une intelligence artificielle est un service qui apprend, c’est-à-dire qu’elle va s’améliorer au fur et à mesure des utilisations. Il devient alors de plus en plus précis.

En progression constante, l'intelligence artificielle s'enrichit au fur et à mesure des utilisations. Mais comment est envisagé son développement ? 

De nouvelles collaborations envisagées

Planet. Avez-vous une application disponible pour AidesGPT ?

J.T. Non, il n’existe pas d’application, mais on est en train d’y travailler.

Planet. Souhaitez-vous mettre en place d’autres dispositifs dans les prochaines années ?

J.T. Non, on est déjà présent à l’étranger, mais on se concentre sur cette mission-là. AidesGPT et notre simulateur d’aides représentent une charge importante de travail. Pour le moment, on n’a pas vocation à développer d’autres axes de présence. L'Etat se charge du service en présentiel avec des points d'accueil. On se complète bien ainsi. De plus, on a également une offre aux entreprises appelée "mes aides salariés". On travaille avec plusieurs sociétés qui ont une grande proportion d’employés non cadres et qui veulent offrir ce service d’accompagnement administratif et social à leur salarié. L’entreprise subventionne le service pour que leurs employés y aient accès gratuitement.

Planet. Y a-t-il eu un bond dans le nombre d’inscriptions sur votre site depuis le lancement de l’intelligence artificielle ? 

J.T. Effectivement, le trafic a été multiplié par trois au moment de la sortie. On espère qu’avec ce lancement, on va pouvoir ouvrir de nouvelles opportunités de collaboration avec le secteur public. On est en train de discuter depuis un moment avec la Caisse des Dépôts branche handicap. L’objectif est de faciliter l’accès au dispositif d’aide pour les personnes en situation de handicap. Il s’agirait donc d’un outil d’aide qui facilite le travail avec les organismes publics.