Témoignage : "A 50 ans, j’ai repris mes études pour avoir un master"Istock
A 50 ans, Caroline a repris une formation en master suite à un plan social dans son entreprise. Entre les cours, la réalisation de son mémoire, son emploi CDD et sa vie de famille, son année fût difficile mais très enrichissante.
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"J’allais me retrouver au chômage à 50 ans et je me suis posé beaucoup de questions"

Je m’appelle Caroline Lindé, j’ai 52 ans et je travaille dans le domaine de la gestion de flotte automobile, un milieu dans lequel j’évolue depuis 25 ans. Je suis titulaire d’un BTS en commerce international, et à l'occasion d’un plan social dans mon précédent emploi, j’ai profité de mesures d’accompagnement pour reprendre une formation au niveau master à l’ESSEC.

A l’époque des rumeurs de plan social, j’ai commencé à regarder les offres d’emploi sur le marché et beaucoup d’entre elles demandaient un bac+5 avec spécialisation dans les achats, diplôme que je ne possédais pas...

J’allais me retrouver au chômage à 50 ans et je me suis posé beaucoup de questions sur mon avenir et je me suis dit : “Qu’est ce que je vais faire maintenant ?” Je devais me différencier par rapport aux jeunes générations : j’allais coûter plus cher du fait de mes expériences passées que la concurrence. Je ne voulais surtout pas redémarrer au début : mon but, c’est d’avoir des responsabilités. Je cherchais à être en corrélation entre les besoins actuels des entreprises et le salaire que j’ai aujourd’hui.

Il m’a donc semblé judicieux - pour coller aux demandes des recruteurs - d’acquérir des mécanismes différents et de m’ouvrir à de nouvelles méthodes de travail. Car pour avoir le genre de job à responsabilité que je convoite, j’avais besoin d'asseoir mon parcours terrain par un diplôme.

Un retour à l’école très intense

Je me suis donc inscrite à cette formation. Mais quelques jours après mon inscription, j’ai eu l’opportunité d'intégrer une entreprise à un poste similaire à celui que je visais. J’ai donc accepté ce CDD de responsable achat tout en suivant la formation en parallèle. Conséquence : j’ai dû apprendre à gérer à la fois le travail, la formation, les travaux individuels ou en groupe et ma vie de famille…

Se remettre à prendre des cours en amphi, c’est loin d’être simple. A 50 ans, on n’a pas la même attention. L’école est très exigeante, il fallait donc cogiter et rester concentrée toute la journée.

Le cursus se déroulait sur une année avec 5 jours de présence mensuel puis un an pour monter un mémoire de fin d’étude. On devait travailler des études de cas, on avait des devoirs à rendre, beaucoup d’exercices à domicile ou en groupe. C’était chronophage !

L’une des choses les plus dures pour moi a été la rédaction du mémoire. J’avoue que cela a été bien plus difficile que ce que j'imaginais. Je ne m'attendais pas à ce taux d’intensité. On met littéralement sa vie “hors étudiant” entre parenthèses. Cela a été une année fatigante durant laquelle je n’ai fait que travailler : le soir je rentrais du bureau faire mes cas d’étude, les week-ends je travaillais sur des projets de groupe… On oublie un peu le reste de sa vie pendant cette période.

Mais un bilan très positif

Je ne regrette pas du tout ce choix car il m’a permis de m’enrichir professionnellement et personnellement. J’ai rencontré des gens venus de plein d’horizon, des formateurs passionnants avec qui on a beaucoup partagé.

Mais il est vrai qu’à 50 ans, c’est plus compliqué qu’à 25 ou 30 ans. L'intellect doit plus travailler et on a un taux d’exigence différent. Tout cela nécessite un réel investissement. J’avais l’impression de travailler plus que les jeunes de ma promotion. Ce n’était pas un handicap, mais j’ai vraiment dû fournir un effort intellectuel supplémentaire comparé aux trentenaires.

Je me suis toujours considérée comme ambitieuse avec le besoin d’aller plus loin, d’avancer et de découvrir de nouvelles choses. Je suis donc fière d’être arrivée jusqu’au bout, car ce n’était pas gagné d’avance.

"Il faut apprendre à s’adapter [...] pour ne pas se retrouver mis de côté"

Mes enfants sont grands et indépendants, ils ont supporté ce nouveau train de vie et m’ont aidé à leur niveau en relisant mon mémoire pour corriger des coquilles par exemple. Mais pour ceux qui avaient des enfants en bas âge, cela devait être beaucoup plus difficile à gérer !

Aujourd’hui, on est amené à changer de voie, de métier, de champs des possibles tout au long de notre carrière. Il faut donc s’y préparer et apprendre à s’adapter, à se former en conséquence pour ne pas se retrouver mis de côté.

Désormais, je suis en recherche d’emploi et je pense parvenir à trouver un poste dans les 6 mois. L’école étant connue et bien placée sur le marché, j’ai déjà quelques contacts qui me sollicitent...