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Mercredi, quatre résistants feront leur entrée au Panthéon à l'occasion de la journée nationale de la Résistance. Deux femmes et deux hommes qui se sont battus pour une France libre. Mais qui sont ces grands noms de l'Histoire ?  
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Geneviève de Gaulle – Anthonioz

© AFP

"Moi, une héroïne ? Sûrement pas. Les héros et les héroïnes sont des gens d’exception, j’appartiens à ce qu’on peut appeler les braves gens, je suis une brave femme, pas beaucoup plus", a déclaré Geneviève De Gaulle. 

Résistante à tout juste 20 ans, la nièce du général de Gaulle est une figure emblématique de la Résistance française.

En juin 1940, elle rejoint le Groupe du Musée de l’Homme et multiplie les actions de renseignements et d’informations puis intègre le réseau Défense de la France.

Le 20 juillet 1943, elle est arrêtée par la Gestapo française suite à une trahison et est emprisonnée à Fresnes. Transférée au camp de Royallieu à Compiègne, elle est ensuite déportée au camp de concentration de Ravensbrück (Allemagne) en janvier 1944.

Au cours de sa détention, elle se lie d’amitié avec d’autres résistantes, notamment Germaine Tillon. Geneviève De Gaulle-Anthonioz sera libérée en avril 1945 par l’Armée rouge.

A la fin de la guerre, elle devient membre puis présidente de l’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Resistance et s’investit dans le mouvement politique lancé par son oncle, Charles de Gaulle, le RPF.

Elle s’engage également pour l’association ATD Quart Monde qui lutte pour les droits de l’homme et la pauvreté. Elle sera la présidente de la branche française de l’association pendant plus de 34 ans.

Geneviève de Gaulle-Anthonioz décède le 14 février 2002 à Paris. Le cercueil qui reposera au Panthéon contiendra uniquement de la terre issue de son cimetière, sa famille refusant qu’elle soit séparée de son mari.

Germaine Tillon

© AFP

"Au terme de mon parcours je me rends compte que l’homme est fragile et malléable. Rien n’est jamais acquis. Notre devoir de vigilance doit être absolu. Le mal peut venir à tout moment, il couve partout et nous devons agir au moment où il est encore temps d’empêcher le pire", a déclaré Germaine Tillon en 1973. 

Alors diplômée de l’Institut d’ethnologie, Germaine Tillon rejoint Paris le 9 juin 1940 en pleine débâcle de l’armée française. Elle s’oppose de manière immédiate et catégorique au discours du 17 juin 1940 du maréchal Pétain qui appelle à cesser le combat.

Peu après l’armistice, elle se rapproche d’un réseau d’assistance aux prisonniers de guerre notamment africains et du mouvement résistant Groupe du Musée de l’Homme.

Elle participe également au renseignement militaire. Elle devient adjointe de Paul Hauet dans le cadre de l’Union nationale des Combattants coloniaux, qui sert de couverture à leurs activités.

Après l’arrestation d’une grande partie de ses camarades, elle prend la tête du réseau. Mais elle est arrêtée le 13 août 1942 à la Gare de Lyon à la suite d’une dénonciation d’un agent infiltré.

Germaine Tillon est incarcérée à la prison de la Santé puis à Fresnes. Elle est déportée le 21 octobre 1943 au camp de concentration allemand de Ravensbrück. Sa mère également résistante est déportée en février 1944 et sera gazée en mars 1945.

Le 24 avril 1945, Germaine Tillon est évacuée par la Croix-Rouge Internationale à Göteborg en Suède. Dès son arrivée, elle lance un travail de recherche sur le camp de Ravensbrück.

En 1947, elle reçoit le prix Pulitzer pour ses actes héroïques pendant la Seconde Guerre mondiale.

Tout au long de sa vie, elle mène différent combat, notamment celui de l’enseignement dans les prisons, contre la clochardisation du peuple algérien, contre la torture pratiquée par l’armée française en Algérie ainsi que pour l’émancipation des femmes de Méditerranée.

Germaine Tillon décède le 19 avril 2008 à Saint-Mandé. Uniquement de la terre prélevée sur sa tombe fera son entrée Panthéon. Sa famille ayant souhaité que son corps demeure près des siens.  

Pierre Brossolette

"Tout est fini. Ce pays n’existe plus… Et, enfin comme il faut bien faire quelque chose, même quand il n’y a plus rien à faire, je suis des vôtres", avait déclaré Pierre Brossolette lors de son entrée dans la résistance. 

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Brossolette entre dans l’armée et est promu capitaine avant la défaite de l’armée française. Il est dans le même temps décoré de la Croix de Guerre en 1940. 

Mais hostile au régime de Vichy, il rejoint le Groupe du Musée de l’Homme. Il participe également à la rédaction du dernier numéro de Résistance et échappe de peu à son démantèlement.

Pierre Brossolette et sa femme rachètent une libraire parisienne qui sert de lieu de rencontre et de "boîte aux lettres" pour les résistants. Dans la bibliothèque tournante dans le sous-sol, plusieurs documents ont été échangés pendant cette période dont les plans de l'usine Renault.  

En avril 1942, il se rend à Londres afin de rencontre le Général de Gaulle. Il est alors commandant pour les services secrets de la France Libre. En mai de la même année, Pierre Brossolette envoie sa famille à Londres suite à plusieurs perquisitions effectuées à son domicile. Il continue alors seul la résistance en France.

Alors qu’il tente de se rendre à Londres, il est arrêté le 3 février 1944 et emmené à la prison de Rennes. Le 19 mars il est transféré au quartier général de la Gestapo

Pierre Brossolette est torturé. Le 22 mars 1944, il se défenestre craignant de parler sous les coups. 

Jean Zay

© AFP

"Les hommes qui ne rêvent point la nuit perdent un tiers de leur existence", a déclaré Jean Zay.

Député radical-socialiste, sous secrétaire d’Etat à le présidence du Conseil puis ministre de l’Education nationale et des Beaux-arts, Jean Zay rejoint l’armée au début de la guerre.

En juin 1940, il embarque sur le Massilia avec les parlementaires opposés à l’armistice pour rejoindre l’Afrique du Nord.  

En octobre 1940 Vichy le condamne pour désertion en présence de l'ennemi, à la déportation à vie et à la dégradation militaire. Sa peine est commuée en internement et il est incarcéré à Riom. C’est dans sa prison qu’il est enlevé le 20 juin 1944 par des miliciens français déguisés en résistants.

Jean Zay est abattu par Charles Develle. Puis afin qu'il ne soit pas identifié, les tueurs le déshabillent, lui ôtent son alliance, jettent la dépouille dans la crevasse du Puits-du-Diable, et y lancent quelques grenades pour cacher le corps par des éboulis. Il avait 40 ans. Son corps ne sera retrouvé qu'en 1946.

Le 5 juillet 1945, la cour d’appel de Riom, réexaminant les faits reprochés au sous-lieutenant Jean Zay, constate qu’à aucun moment il ne s’est soustrait à l’autorité militaire. Elle annule donc le jugement du 4 octobre 1940, et Jean Zay est pleinement réhabilité à titre posthume.