Andros : pourquoi le roi des compotes cultive le secret ?AFP
Connaissez-vous le patron d'Andros ? Probablement pas. Il est pourtant à la tête d'un impressionnant empire agro-alimentaire…
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Qui ignore le nom du président-directeur général de LVMH ? Ceux des deux patrons de Chanel où de l'héritière de L'Oréal ? En France, les géants de l'industrie ne passent généralement pas inaperçus. Ils font occasionnellement l'objet de débats - d'aucuns questionnent, en effet, le rapport de l'Hexagone à l'argent et le tabou que serait ce sujet dans l'espace public quand d'autres soutiennent au contraire que de telles fortunes se font nécessairement au détriment du reste de la collectivité. Peu importe la grille de lecture à laquelle tout un chacun souscrit : la seule question illustre leur poids sur la société. Certains magazines, dont Challenges, dédient un numéro annuel à l'évolution de leurs patrimoines et émoluments…

Pourtant, certains cultivent le mystère bien davantage que d'autres. Certes, le nom de Bernard Arnault, première fortune du pays qui oscille entre la deuxième et la troisième place sur le podium mondial, est connu de l'essentiel des Français. Ce n'est pas nécessairement le cas de celui de Frédéric Gervoson, le roi de la confiture et des jus de fruits frais à qui le quotidienLes Echos consacre un long article. Il n'est pourtant pas à la tête d'un petit empire, aisément oubliable… puisqu'il s'agit du P-DG du groupe familial Andros. Parmi les marques que détient la tribu figurent notamment Bonne Maman ou Mamie Nova. Sans oublier Pierrot Gourmand.

Les étranges secrets qui entourent le patron d'Andros 

En tout et pour tout, le fabricant de confiture - qui exporte très bien à l'international - emploie 1 500 personnes sur le seul village de Biars-sur-Cère (Lot, Occitanie)... Qui en compte 2 100 au total. C'est là, d'ailleurs, que Jean Gervoson - le père du P-DG actuel - a fondé l'entreprise familiale. Depuis, l'aventure fonctionne très bien : le groupe peut se targuer de 62 % des ventes de compotes réfrigérées, de 47% des ventes de confitures et de 20% de celles de jus de fruits frais sur le seul sol français. Sans jamais (ou presque) divulguer un seul de ses secrets…

Pourquoi le patron d'Andros cultive-t-il autant le secret ?

Le voile de mystère qui habille l'entreprise familiale n'a rien d'anodin, affirme le quotidien spécialisé en économie. Il est pensé et réfléchi par sa direction depuis sa fondation. La société, insistent nos confrères, se refuse même à publier ses comptes ! Mais pourquoi faire tant de secrets ?

"Mon père ne parlait pas aux journalistes et m'avait interdit de le faire après un article de 'L'Expansion' au milieu des années 1970", résume sobrement Frédéric Gervoson, qui a finalement accepté de aux Échos à l'occasion d'un bref entretien téléphonique. Le passif remonte à loin et s'explique assez aisément : les dirigeants d'Andros estiment ne pas avoir besoin de la presse pour vendre leurs produits.

C'est loin d'être l'unique raison qui pousse la famille Gervoson au silence, cependant…

Andros avide de secrets : protéger son entreprise d'une rude concurrence

Le silence, dit-on parfois, n'a pas de prix. Un proverbe auquel adhère peut-être la direction d'Andros, puisque sa discrétion camoufle en vérité une certaine forme de prudence : l'entreprise évolue dans un secteur particulièrement concurrentiel, dont elle craint les assauts, note Les Echos

Et le titre de presse de rappeler, tout de même, que l'entreprise a néanmoins été condamnée pour entente sur les prix tant auprès du "cartel du yaourt" que de "celui de la compote", en 2015 et en 2019.