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Reconduite dans le nouveau gouvernement de Manuel Valls, Christiane Taubira a pourtant bien failli quitter le ministère de la Justice. Convaincue à la dernière minute, la garde des Sceaux avait émis deux conditions : rester à la place Vendôme et mettre en application la réforme pénale.

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Christiane Taubira de nouveau au gouvernement. Elle conserve son portefeuille de la Justice au sein de la nouvelle équipe conduite par Manuel Valls. Selon les révélations du journal Le Monde, la garde des Sceaux avait pourtant émis le souhait de quitter la place Vendôme.

"J’ai envie de rentrer chez moi. Ça suffit. Tout ça me gonfle"

La ministre elle-même avait envisagé son éviction du gouvernement suite au revers de la gauche lors des dernières élections municipales. Les socialistes, privés des écologistes suite à la démission de Cécile Duflot et Pascal Canfin, l'avaient pourtant appelée à rester au gouvernement. Rien ne semblait y faire. Christiane Taubira se montrant insensible aux conjurations. Même l'intervention de François Hollande n'avait pas réussi à la convaincre. "J’ai envie de rentrer chez moi. Ça suffit. Tout ça me gonfle", glissait-elle à ses proches. C'est finalement Manuel Valls qui serait parvenu à la faire changer d'avis. Ce dernier s'était entretenu mardi dernier avec Christiane Taubira à Matignon. "Le président tient à ce que tu sois là. C'est important pour la gauche", aurait fait valoir le nouveau Premier ministre. Christiane Taubira a finalement accepté, après avoir refusé le portefeuille de la Culture puis celui de l'Education. En échange, elle aurait éxigé la mise en oeuvre imminente de la réforme pénale. Le projet de loi, initié en 2013 sous le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, vise à modifier un ensemble de mesures concernant le mode d'incarcération et de sanctions pour les personnes condamnées.

Un choix qui ne fait pas l'unanimité

Le maintien de Christiane Taubira dans le nouveau gouvernement a soulevé bon nombre d'opinions mitigées. Pour les magistrats de l'USM (Union Syndicale des Magistrats), le choix de Manuel Valls est "surprenant". "On aurait préféré un changement de ministre. L'état est catastrophique dans ce ministère et rien n'est fait", a dénoncé Christophe Régnard, le président du syndicat, sur Europe 1. "Après 22 mois de sur-place, de discussions sans fin et d'absence de loi et de modification nécessaire de la justice, on espère qu'enfin l'attitude, la ligne changent et qu'on puisse avoir des choses concrètes", a-t-il ajouté. De son côté, le Syndicat de la magistrature appelle la ministre à "mettre enfin ses paroles en actes", attendant également du gouvernement Valls "qu'il lui donne les moyens et la latitude nécessaire pour mener le 'combat' et répondre ainsi aux défis auxquels la justice est confrontée".