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Le gel du taux d'intérêt à 0,75% est lourd de conséquences. Les bénéfices tirés du livret A sont aujourd'hui extrêmement bas. Pire, les Français perdent une somme colossale…
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Livret A : une perte de pouvoir d’achat historique

Déception !L’épargne préférée des Français leur fait aujourd’hui défaut.Alors que plus de 55 millions d’entre vous perçoivent actuellement les intérêts de vos 360 milliards d’euros placés sur des livrets A et LDDS (livret de développement durable solidaire), la désillusion est grande.

Depuis mi-2015, le taux d’intérêt est en effet gelé à 0,75%. Problème, aucun alignement n’a été effectué au retour de l’inflation. Les bénéfices sont donc dérisoires et font même perdre plus de 3,6 milliards d’euros de pouvoir d’achat aux épargnants.

Interrogé par Le Parisien, François Carlier, délégué général de la confédération du logement et du cadre de vie (CLCV) indique ce rendement négatif est "historique". "Jamais depuis le début des années 1980, cet outil d’épargne pour les classes moyennes et populaires n’a fait perdre autant d’argent. Il y avait un consensus ces dernières années : il devait, a minima, être aussi rémunérateur que l’inflation."

Ce n’est malheureusement plus le cas. Il manque en effet plus de 1 % au livret A pour qu’il couvre l’inflation, estimée à 1,8% environ en 2018.

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Livret A : une décision politique en cause ?

Toujours selon François Carlier, "en 2017, le gouvernement a décidé de geler le taux de 0,75 % jusqu’au début 2020, afin de favoriser le financement du logement social. Or, nous ne sommes plus dans la même situation au moment où la décision a été prise, avec des niveaux d’inflation proche de zéro."

En effet, celle-ci est bel est bien de retour. Un réajustement devrait donc être effectué afin que le taux du livret A revienne au-dessus de l’inflation.Il semble également que ce gel provient d’une demande des banques. Si fin 2018, elles ont annoncé le gel de tous leurs tarifs, pour un montant total de 500 millions d’euros, elles n’ont toutefois pas souhaité cumuler les deux mesures (gel des tarifs et dégel du taux du livret A).

Pourtant, selon délégué général de la CLCV, "elles sont encore largement bénéficiaires". Un tel dispositif de soutien aurait pu booster le pouvoir d’achat.

Livret A : une réforme en vue

Pour faire face à la crise des Gilets Jaunes, il est vrai que le dégel du taux du livret A aurait pu être bénéfique aux classes moyennes. C’est d’ailleurs ce que la CLCV a suggéré au gouvernement, en décembre dernier. Cela n’a toutefois pas été retenu. Mais en 2020, une nouvelle formule apparaît. Et il risque fortement de ne pas satisfaire les épargnants...

Afin de limiter le coût pour les banques et "satisfaire la BCE qui réclame une réforme du livret A", le taux ne sera en effet pas "forcément supérieur au niveau de l’inflation. Il sera le fruit d’une moyenne entre l’inflation et les taux auxquels les banques se prêtent de l’argent", rapporte Le Parisien. Le plancher sera toutefois fixé à 0,5%.