Guerre économique USA-Europe : combien va-t-elle vraiment vous coûter ?Istock
Souhaitée par Donald Trump, la guerre économique avec les Etats-Unis pourrait coûter cher au Français, si elle se confirme. Mais ils ne seraient pas les seules victimes…
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Guerre économique USA-Europe : une perte de 1125 euros par an et par Français ?

"J’avais l’intention de parvenir à un accord aujourd’hui. Et nous avons un accord aujourd’hui", a déclaré Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, au sujet de la guerre économique amorcée par Donald Trump, rapporte Le Monde. Après une rencontre ce mercredi 25 juillet, les deux hommes ont signé un armistice commercial, surprenant une grande partie des observateurs.

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Pour autant, les questions demeurent. "La déclaration commune dit qu’on ‘veut’ le faire. C’est une déclaration d’intention, si les conditions de marché sont là, pas un engagement", précise un expert de la délégation européenne au sujet de l’une des promesses de Jean-Claude Juncker : la hausse des importations de soja et de gaz naturel liquéfiés américains. Or, indique le quotidien Les Echos, la décision appartient en réalité aux Etats membres. Et le fait est que l’Europe est loin d’être unie derrière le président de la Commission. A Paris, par exemple, les engagements de la délégation européenne n’ont pas été très appréciés. "Une bonne discussion commerciale ne peut se faire que sur des bases claires et ne peut pas être conduite sous la pression. Il n’est pas question d’entrer dans la négociation d’un accord global avec les Etats-Unis", précise une source diplomatique Française, comme l’indique le quotidien.

Le Conseil d’analyse économique (CAE), un organisme composé d’économistes et qui réalise des études pour le gouvernement, a d’ailleurs calculé le coût pour les Français d’une guerre économique opposant l’Union Européenne aux Etats-Unis. Si les tensions commerciales devaient s’accentuer, l’augmentation des tarifs douaniers constituerait le principal risque. S’ils grimpaient jusqu’à 60%, comme l’envisage le CAE, ils engendreraient une baisse permanente du PIB de 3,3% environ. Concrètement, chaque Français perdrait 1125 euros par an, explique Business Insider.

"La guerre économique est là. On la voit. Elle se manifeste par menaces, des sanctions… Il ne faut pas oublier que c’est loin d’être la première. Elles ont été nombreuses depuis des années. Barack Obama lui-même en menait. Donald Trump est plus brutal, donc cela se ressent plus. Mais il se place dans la droite continuité de la politique économique américaine de ces 20 dernières années", souligne Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne.

Guerre économique : la France parmi les moins exposées en Europe ?

Selon lui, il est important de ne rien exagérer. "La situation n’a rien de comparable avec celle des années 30. Il s’agit de tensions plus que d’une guerre totale. Elle ne devrait d’ailleurs pas, ou peu, se durcir : il n’y aura pas de protectionnisme dur. L’administration américaine sait qu’elle aurait trop à y perdre", tempère l’économiste. "Dans de telles situations, les puissances protectionnistes sont très souvent les premières victimes de leur mesures", rappelle-t-il, non sans souligner que la France compte parmi les pays les moins exposés de l’Union Européenne. «

La France est nettement moins ouverte sur les Etats-Unis que ne peuvent l’être nos amis allemands. Mécaniquement, nous serions donc moins touchés, si la guerre économique se poursuit et s’amplifie. Pour une fois, l’une de nos faiblesses pourrait devenir une force", analyse-t-il.

Toutefois, il lui semble très compliqué de fournir une simulation précise des conséquences de la guerre économique. "Les tarifs douaniers ne seront pas majorés de 60%, c’est certain. Mais il est trop tôt pour dire combien pourrait coûter la guerre économique à l’Europe", indique-t-il, s’inscrivant en faux avec le postulat du CAE.

En pratique, la France pourrait même profiter d’une telle situation. "La guerre commerciale engendrerait naturellement une saturation du marché mondial, ce qui serait plutôt positif pour notre économie. Mais on en est encore très loin", insiste Philippe Crevel.