Incendie de Notre-Dame de Paris : 5 ans après l'incendie, pourquoi le mystère perdure autour du départ de feu ? AFP
Cinq années se sont écoulés depuis que les flammes ont dévoré Notre-Dame de Paris. Comment cet incendie a-t-il pu prendre une telle ampleur ? Et surtout, que savons-nous aujourd'hui sur ses origines ? On fait le point
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La cathédrale Notre-Dame de Paris, dévastée par un incendie en avril 2019, devrait rouvrir ses portes le 8 décembre 2024, selon une lettre pastorale publiée par l'archevêque de Paris, le 2 février 2024. Initialement prévue pour accueillir les Jeux Olympiques, sa réouverture au public est un défi colossal.

Un chantier hors norme

Depuis l'incendie, près de 250 entreprises et de nombreux professionnels ont œuvré pour la reconstruction de la cathédrale. Des centaines d’artisans d’art, d’architectes et de travailleurs qualifiés ont participé à cette tâche monumentale. Avec un budget atteignant 846 millions d’euros, collectés grâce à une souscription nationale lancée par le président Emmanuel Macron.

Malgré les obstacles rencontrés, en grande partie dus à une interruption en 2020 liée au covid-19, les travaux de restauration ont progressé ces quatre dernières années.

Que reste-t-il à faire d’ici décembre ?

D'ici à l’été, les travaux sur les toitures de la nef, du chœur et de la flèche, ainsi que la restauration des sols et du mobilier d’art intérieur, devraient être finalisés, annonce Huffingtonpost. À partir de l’automne, l'attention se portera sur le dégagement et le réaménagement du parvis et des accès, en collaboration avec la Ville de Paris, chargée de repenser les abords. 

Le parvis de la cathédrale sera alors totalement reconfiguré avec des espaces d’accueil répartis sur 3000 mètres carrés, de quoi absorber plus de visites tout en limitant les files d’attente.

Ainsi, le chantier de la cathédrale laissera donc sa place à celui des extérieurs. Et comme l’explique la mairie de Paris à nos confrères du Huffingtonpost, les abords de Notre-Dame seront progressivement réaménagés, secteur par secteur. Mais ce chantier sera presque aussi long que celui de l’édifice. De 2025 à 2028. La mairie de Paris a confirmé qu’il faudra attendre l’année prochaine pour que "les emprises de la reconstruction de la cathédrale" soient définitivement enlevées. "L’année en cours est consacrée au dépôt des autorisations d’urbanisme".

Avec la réouverture de Notre-Dame prévue pour la fin de cette année, une question persiste : où en est l'enquête pour déterminer l'origine du départ du feu ?

De nombreuses hypothèses autour de l'origine du feu

Dès les premières heures suivant l'incendie, des rumeurs ont circulé, évoquant la possibilité d'un acte criminel. Cependant, aucune preuve n'a jamais étayé cette théorie, et les enquêteurs se concentrent désormais sur d'autres pistes.

Le chantier de reconstruction a également posé des défis particuliers pour les enquêteurs. La configuration complexe de la scène d'incendie, les conditions météorologiques et la nécessité de sécuriser les lieux ont retardé certaines expertises. 

Le point de départ de l’incendie identifié

Malgré le retard et les obstacles, les spécialistes identifient une première pièce du puzzle : la zone de départ de l’incendie. Le 8 avril 2021, l’architecte en chef de Notre-Dame, Philippe Villeneuve, est auditionné par les députés. Il révèle que les enquêteurs s’intéressent à un point précis, un pied de voûte à la croisée du transept (angle sud-est du transept et du chœur, c’est-à-dire côté Seine).

L’incendie aurait commencé au niveau de ce qu’on nomme en architecture une poutre sablière, une pièce de bois installée à l’horizontale en haut d’un mur de façade et sur laquelle vient prendre appui la charpente. "À partir des dépôts de suie, du niveau de carbonisation du bois, on peut savoir d’où un incendie est parti", explique Daniel Joyeux pour La Croix.

Alors aura-t-on bientôt une réponse sur les raisons de ce départ de feu ?

Aura-t-on une réponse un jour ?

Les autorités judiciaires croisent les résultats des analyses avec les témoignages recueillis au fil des cinq années écoulées. Depuis le drame, plusieurs hypothèses ont été avancées, dont celle impliquant l'entreprise Socra. Cette dernière était chargée de retirer les statues des apôtres de Viollet-le-Duc du toit de la cathédrale pour des travaux de rénovation.

Didier Rykner, spécialiste du patrimoine, évoque dans Notre-Dame : une affaire d'État, l'utilisation d'outils tels qu'une disqueuse ou un chalumeau comme possibles sources de l'incendie. Cependant, le directeur de Socra, Richard Boyer, réfute fermement ces allégations auprès de La Croix, affirmant que les travaux préparatoires étaient terminés depuis un mois et qu'aucun équipement susceptible de provoquer un incendie n'était utilisé ce jour-là.

"Dire qu’on ne saura rien, c’est faux, assure pour sa part Frédéric Macé. Une ordonnance de non-lieu se doit d’être extrêmement motivée, davantage encore qu’en cas d’ordonnance de renvoi, car il faut reprendre une à une toutes les pistes et justifier pourquoi on ne les retient pas", explique le magistrat pour La Croix.

La résolution de cette affaire semble désormais imminente, selon l'avis de plusieurs experts.