Pourquoi le prix de cet aliment de substitution va baisser en 2026 ?
Une évolution fiscale pourrait bientôt se concrétiser dans les rayons de vos supermarchés. Dans le cadre de l’examen du Projet de loi de finances pour 2026 (PLF 2026), le Sénat, révèle RMC, a voté une mesure attendue de longue date par les associations de consommateurs et les industriels du secteur : la réduction drastique de la TVA appliquée aux margarines et graisses végétales solides.
Une baisse de TVA votée par le Sénat
Jusqu’à présent, une étrange distorsion fiscale persistait dans les linéaires. Alors que le beurre bénéficie d'un taux réduit de 5,5 %, comme tous les autres produits alimentaires comme le définit l'article 278-0 bis du Code général des impôts, la margarine restait taxée au taux normal de 20 %. Cette exception (qui persiste toutefois pour certains chocolats et produits au cacao, certaines confiseries, le caviar ou l'alcool) est en passe de disparaître. La TVA de la margarine, bien que surnommée "le beurre du pauvre", devrait être alignée sur celle de son modèle.
Si le texte poursuit son chemin législatif sans encombre, cette mesure entrerait en vigueur dès le 1er janvier. Toutefois, rien n’est encore définitivement joué. Le texte doit désormais survivre à la navette parlementaire et notamment à la Commission Mixte Paritaire (CMP) prévue le 19 décembre 2025. Cette instance, composée de députés et de sénateurs, devra s'accorder sur la version finale du budget. L’adoption de l'amendement sur une TVA 5,5% (qui concerne d'autres biens de consommations ou encore le prix de l'électricité) dépendra donc de ce compromis politique ultime.
Fin d'une discrimination fiscale obsolète
Pourquoi une telle différence de traitement existait-elle ? Il faut remonter aux années 1960 pour comprendre, expliquent nos confrères de Radio Monte-Carlo. À l'époque, l'État avait instauré ce taux prohibitif de 20 % dans un but protectionniste, afin de soutenir la filière laitière française face à l'émergence des graisses végétales. Aujourd'hui, cet argument est jugé dépassé, voire injuste. Les sénateurs ont souligné que cette distinction ne repose plus sur aucune justification nutritionnelle, d'autant que la margarine, riche en Oméga-3, présente des intérêts reconnus pour la santé cardiovasculaire.
RMC cite le sénateur Rémy Pointerau, à l'origine de l'amendement. Il estime que la mesure était "anachronique" et que la margarine s'est imposée chez "les ménages les plus modestes pour lesquels chaque euro compte." Et il insiste sur le fait que "la France est le seul pays européen à pratiquer un tel taux de TVA sur la margarine." Pour le consommateur, l'enjeu est immédiat. En théorie, les conséquences de la réduction de la TVA sur les graisses végétales pourraient se traduire par une baisse des prix en rayon d'environ 12 %. Reste à savoir si la grande distribution jouera le jeu quand les producteurs militent pour cette petite révolution depuis 15 ans.
Le tabac pour financer la mesure
Comme toute modification du budget de l'État entraînant une baisse de recettes, cette mesure doit être compensée financièrement. C'est la règle stricte imposée par l'Article 40 de la Constitution. Pour que leur amendement soit recevable, les sénateurs ont dû prévoir une compensation fiscale à la baisse TVA margarine.
La solution technique retenue est un classique de la procédure parlementaire : le coût de la mesure est gagé sur une taxe additionnelle à l'accise sur les tabacs. Il est important de préciser, comme explication de la taxe additionnelle à l'accise sur les tabacs, qu'il s'agit souvent d'un mécanisme juridique obligatoire pour valider le vote ("gager" la dépense), plutôt que d'une volonté politique ferme d'augmenter immédiatement le prix du paquet de cigarettes uniquement pour financer la margarine. C’est désormais au gouvernement de décider s’il lève ce gage ou s’il maintient la compensation.