Attentats du 13 novembre 2015 : les déconcertantes confidences de Salah Abdeslam à des codétenusAFP
Un récit édifiant. Dans des écoutes de conversations révélées par Le Parisien, Salah Abdeslam revient sur le déroulé des attaques. Il dévoile à deux détenus la soirée du 13 novembre 2015 qui a fait 131 morts et plus de 450 blessés à Paris.
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Plus de doute : Salah Abdeslam a bel et bien eu un rôle dans les attaques du 13 novembre 2015 à Paris. C’est ce que révèlent les écoutes déclassifiées en octobre 2019, réalisées par le service de renseignement belges et dévoilées en exclusivité par Le parisien. Celles-ci ont eu lieu entre le 22 mars et le 17 avril 2016, lorsque l’unique survivant des commandos du Stade de France et du Bataclan était incarcéré à Bruges. Il avait alors pour voisins de cellule Mehdi Nemmouche, l’auteur de l’attentat du Musée juif de Bruxelles en 2014, et Mohamed Bakkali, soupçonné d’être impliqué dans les attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 131 morts et plus de 450 blessés.

Confidences de Salah Abdeslam : comment s’est-il débarrassé de son gilet explosif "trop voyant" ?

Ignorant être écouté, celui qui oppose son silence face aux juges trouve cependant un moyen pour communiquer avec eux. Il leur relate alors, qu’après avoir déposé trois complices au Stade de France, il s’est enfui vers Châtillon le soir des attaques. Il leur explique également comment il est parvenu à se débarrasser de son gilet explosif. Le tout sur un ton très léger.

- "T’avais déjà jeté le truc (la ceinture explosive) ?", demande Mohamed Bakkali.

- "Oui évidemment, t’es ouf ou quoi ? (rires) En fait, j’ai demandé un renseignement à un type. Il m’a regardé de la tête aux pieds : il regardait ma veste. Il voyait qu’il y avait quelque chose de bizarre […]. On dirait que je faisais 90 kg, mon frère. Avec la sacoche et tout, on dirait que j’avais de grosses fesses. C’était trop voyant, je savais que je devais m’en débarrasser."

S'il se défait de sa ceinture à Montrouge, nul ne sait encore s'il a tenté d’activer le dispositif. Des expertises techniques ont toutefois démontré que le système d’explosifs était défaillant.

Confidences de Salah Abdeslam : il suit l’attaque du Bataclan avec un groupe de jeunes

Avant d’expliquer son extraction vers la Belgique, le djihadiste confie qu’il a d’abord fait un détour par un Mac Donald’s pour y acheter à manger, puis passer la nuit dans la cage d’escalier d’un immeuble à Châtillon.

Il détaille également avoir sympathisé avec un groupe de jeunes, avec lesquels il a pu suivre l’attaque du Bataclan.

"Ils étaient en train de fumer des joints. J’ai parlé avec eux parce qu’en fait, ils avaient un appareil et, tu vois, il y avait les actualités. Ça me permettait d’être à jour", détaille-t-il.

Confidences de Salah Abdeslam : une scène surréaliste !

Alors que deux complices l’aident à s’évader en voiture le lendemain, une scène surréaliste se déroule. L’état d’urgence venant d’être décrété, les contrôles se renforcent. Au troisième barrage, le trio se voit interviewer par une journaliste.

"Elle me dit : "Vous trouvez normal qu’il y ait des barrages comme ça ? "J’ai dit : "Oui c’est normal, vu les circonstances, il faut bien renforcer les barrages hein ! "

Le prisonnier, pourtant peu bavard face à la justice et se plaignant de ses conditions de détentions, confie à ses voisins de cellules avoir pris peur devant le déploiement des forces de l’ordre. "Ils étaient avec leurs mitraillettes. Ils avaient entouré la voiture, c’était choquant […] J’ai dit : “Ça y’est c’est la fin."

Confidences de Salah Abdeslam : une évasion sans encombre

Malgré les craintes, Salah Abdeslam parvient finalement sans encombre dans la capitale belge. Quatre mois plus tard, il est arrêté à Molenbeek puis transféré de la prison de Bruges à Fleury-Mérogis. Condamné en avril 2018 en Belgique à 20 ans de prison pour avoir tiré sur des policiers lors de son arrestation, il est aussi inculpé dans ce pays pour son implication dans les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.

Le procès des attentats du 13 Novembre 2015, doit, lui, se tenir en 2021 à Paris. Plus de 1700 parties civiles et 350 avocats devraient y participer.