D'ici 2100, la température moyenne dans le nord de la France sera comparable à celle de la région de Montpellier actuellement. La faute au réchauffement climatique.
"La sodomie au beurre" : l’histoire d’une scène controversée
Jamais un film n’a autant fait parler de lui. En 1972, le film Le Dernier Tango à Paris était projeté dans tous les cinémas de France. Réalisé par le cinéaste italien Bernardo Bertolucci, l’histoire suit la relation tumultueuse entre Paul (Marlon Brando), un quadragénaire américain vivant à Paris, et Jeanne (Maria Schneider), une jeune femme dans la vingtaine.
Alors qu’ils viennent tous deux visiter un appartement à louer dans le quartier de Passy, les deux inconnus se rencontrent par hasard. Sans apprendre à se connaître, ils font l’amour et se donnent avec passion l’un à l’autre alors qu’ils ont chacun leur partenaire respectif. Au fil du temps, le couple se donne rendez-vous dans cet appartement pour se livrer à leurs plaisirs charnels, mais la nature de cette relation devient très instable et insoutenable.
À l’image d’une scène mémorable du film, pourtant simulée à l’époque qui va créer une sérieuse controverse. Au cœur de cette séquence sulfureuse, l’acteur Marlon Brando pratique une sodomie sur sa partenaire de jeu Maria Schneider avec du beurre comme lubrifiant. Une véritable agression sexuelle qui va faire trembler les salles obscures, aux yeux des spectateurs à l’époque.
À l’origine de cette scène culte du septième art, le cinéaste Bernardo Bertolucci avec Marlon Brando. Dans une interview accordée à la télé italienne datant de 2013, le cinéaste avoue avoir eu cette idée lorsqu’il prenait son petit-déjeuner. "La séquence du beurre est une idée que j'ai eue avec Marlon le matin même où elle devait être tournée", n’imaginant pas à un seul instant que cette relation (non consentie) allait provoquer une onde de choc.
Le film est boycotté en Italie jusqu’en 1988
À sa sortie dans les années 1970, Le Dernier Tango à Paris est attaqué par la critique dans toute l’Europe. Interdit aux spectateurs de moins de 18 ans en France et classé X dans certains pays européens, le sixième long-métrage de Bertolucci fait même scandale en Italie (son pays natal), jusqu’à être boycotté de tous les cinémas.
Qualifié de film pornographique, conspué par le Vatican et les associations familiales et critiques cinématographiques, ce long-métrage a bousculé la carrière du cinéaste, qui a notamment été déchu de ses droits civiques pendant cinq ans. Mais la purge ne s’arrête pas là, car en 1978, la justice italienne ordonne la destruction de toutes les copies existantes du film. Il faut attendre 1988 avant que les Italiens ne puissent revoir intégralement les images du Dernier Tango à Paris.
Maria Schneider et Marlon Brando traumatisés
Face à l’ampleur controversée de la scène, ce fantasme assouvi par Bernardo Bertolucci a néanmoins causé de nombreuses séquelles. À commencer par la Française et regrettée Maria Schneider qui ne se remettra pas de ce viol à l’écran. "Je me suis sentie violentée. Oui, mes larmes étaient vraies", a-t-elle avoué dans les pages de Libération. "J’étais jeune, innocente, je ne comprenais pas ce que je faisais. Aujourd’hui, je refuserais. Tout ce tapage autour de moi m’a déboussolée". Une sordide descente aux enfers, entre drogues et alcool, qui emportera l’actrice d'un cancer en 2011 à l'âge de 58 ans.
Si Marlon Brando a été l’un des instigateurs de cette scène de viol, selon les dires du réalisateur, l’acteur américain a également été touché par la polémique si bien qu’il n’a plus jamais voulu revoir le film de son vivant. Ce qui n’enlève en rien sa part de responsabilité face au traumatisme qu’il a fait subir à l’actrice. Quant au cinéaste Bertolucci, il n’a seulement reconnu ses torts en 2013. "Je reconnais que ce fut horrible pour Maria parce que je ne lui en ai pas parlé. Parce que je voulais sa réaction de fille, pas celle d'une actrice. Je voulais capter sa réaction de fille humiliée".
Reconnaissant sa culpabilité, le réalisateur italien disparu en 2018 n’a pourtant exprimé aucun regret. "Non, mais je me sens coupable. Pour faire des films, quelquefois, pour obtenir quelque chose, je pense que vous devez être totalement libre", s’est-il justifié. "Je ne voulais pas que Maria joue l'humiliation, la rage ; je voulais qu'elle ressente l'humiliation et la rage. Et elle m'a haï toute sa vie pour cela". De quoi provoquer la colère de certains cinéphiles et associations féministes encore aujourd’hui.