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Le 23 octobre prochain, le chanteur Plastic Bertrand revient avec un nouvel album intitulé "L'expérience Humaine". À cette occasion, la star de 66 ans a accepté de revenir en détail sur ses débuts dans la musique, sur sa carrière de rockstar et sur ses projets à venir.
- Avant d’entamer une carrière solo, vous avez créé en 1974 le groupe "Hubble Bubble". Vous sortez même un album l’année suivante. Mais un drame vient mettre fin à ce groupe. Il s’agit de la disparition tragique du bassiste Daniel Massart.
J’étais très très mal car en plus on tournait beaucoup avec ce groupe. On avait signé un album chez Barclay et puis on était en plein dedans. C’était très violent pendant six mois surtout que ça ne s’est pas fini comme ça. Le pauvre, il est resté dans le coma. C’était très long, pénible. J’étais complétement lobotomisé. Je n’avais aucun projet, j’étais atterré. J’allais voir mon ami Daniel à l’hôpital et j’étais complètement à plat.
- Malgré ce drame vous continuez dans la musique et en 1977, c’est la consécration pour vous avec le titre Ça plane pour moi. Désormais on voit connaît sous le nom de Plastic Bertrand.
C’est arrivé au moment où j’étais complètement mort. En l’espace de quelques mois, j’étais numéro 1 dans le monde entier. C’était hallucinant. Ça a complètement changé ma vie. On a bossé comme des fous pour y arriver. Ce qu’on voulait, nous, c’était tourner. Le lendemain, très vite, ça a été une première émission chez Drucker dans Rendez-vous dimanche le 6 novembre 1977, ça je ne peux pas l’oublier. Du jour au lendemain, on vendait 80 000 puis 100 000 singles par semaine voire 50 000 par jour. C’était complètement fou.
- Par la suite, vous enchaînez les tournées partout dans le monde...
Pendant 10 ans, ça n’a pas arrêté. C’était du grand délire. En plus, c’était dans les années 80. C’était des années de fric. Dans les maisons de disques, il y avait beaucoup d’argent. J’ai vraiment vécu le trip de la rockstar totale puisque je voyageais beaucoup, en concorde encore à l’époque alors qu’avant je prenais le bus pour aller répéter (rire).
- Est-ce que vos tournées ressemblaient à l'image que les gens se font sur les rockeurs ? Drogue, sexe et Rock’n’roll ?
Complètement ! Nous l’argent, on ne le voyait pas passer par contre on était hyper confortable et puis c’était organisé pour qu’on ne se mêle pas des comptes et du fric. On était juste très confortable. C’était vraiment le cliché de la rockstar.
- Votre carrière de rockstar n'était-elle pas un frein pour votre vie intime ?
Ma vie intime était complètement inexistante. C’était boulot, boulot, boulot. On était très confortable mais il fallait vraiment beaucoup travailler. Je m’étais marié à Los Angeles, j’étais caché. Je n'avais plus de vie. La vie privée en prend un coup.
- Quel est votre ressenti sur l’industrie de la musique actuelle comparée à celle d’il y a 30 ans ?
Je suis très partagé. Aujourd’hui, ça doit être très compliqué. Les moyens ont changé. Le principe reste le même, il faut en vouloir à mourir, être enragé pour être un artiste jusqu’au bout des ongles. La façon d’y arriver est un peu différente car avant il y avait trois personnes qui décidaient de la musique en France, aujourd’hui avec le net et la possibilité de sortir soi-même sous des labels, il y a moyen de s’exposer plus. Mais ça demande une énergie incroyable car il y a mille décideurs. Avec mon album, je suis confronté à cette manière de travailler. Il faut vraiment convaincre des millions de gens.
- Vous sortez un album le 23 octobre prochain, quels sont les thèmes abordés ?
J’ai pris le temps, on a beaucoup réfléchi au sens de cet album. Ce que je dis dans cet album c’est une vision du monde vue par quelqu’un qui ne serait pas d’ici. Au départ, ça parle de ma relation ou de la relation de quelqu’un d'autre avec les humains mais en même temps, chaque chanson, on peut la lire différemment. La première chanson de L’expérience Humaine, c’est l’histoire d’une séparation et d’un retour éventuel. C’est presque l’album le plus humain que j’ai fait.
- Ce n’est pas compliqué pour vous de sortir un album en pleine période de pandémie ?
C’est très compliqué. L’album devait sortir avant l’été et puis c’était impossible. C’est une année horrible. J’ai travaillé encore plus. En plus, j’étais tout le temps en tournée et là c’est la première fois que je reste autant de temps au même endroit. On dirait une autre vie qui n’est pas la mienne. Je n’ai jamais vécu comme ça. J’ai perdu une centaine de concerts avec "Stars 80". On ne sait pas quand ça va reprendre. Mes dates à moi vont être compliquées à rattraper.
- Au total, vous avez sorti 11 albums, plus d’une vingtaine de singles. Comptez-vous vous arrêter un jour ?
Je n’ai pas le temps de m’arrêter. J’ai eu la chance de continuer à travailler avec l’internationale et c’est ce qui me passionne le plus. J’ai une carrière en Italie, en Allemagne, aux États-Unis et je vais souvent au Canada. Mes chansons sont reprises par des grands groupes tels que "Metallica" ou "The Presidents of the United States of America" et cela me donne une visibilité. Je suis assez présent pour pouvoir continuer à travailler.