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Pénuries, rationnement : comment la France s’est-elle débrouillée par le passé ?
Depuis le début du conflit russo-ukrainien, on craint des pénuries d’essence, de gaz, de blé, d’huile… Notre quotidien pourrait-il être chamboulé par ce manque ? Voici comment la France s’est (difficilement) adaptée à diverses pénuries à travers l’histoire.

Alors que la guerre en Ukraine continue de sévir, l'inquiétude monte dans de nombreux pays européens. Si pour l’heure, la France ne s’est pas engagée dans le conflit, reste que l’invasion de la Russie en Ukraine provoque une crise économique de grande ampleur, dont les ménages sont les premières victimes.

Flambée des prix de l'énergie, hausse des prix dans les supermarchés Sur l’Europe plane aussi un risque de pénurie de pétrole et de gaz russe, mais aussi de certains aliments. Car la Russie comme l’Ukraine sont de grands producteurs de blé, de colza, d’engrais…

Et la guerre rend de plus en plus difficile l’approvisionnement des commerces. 

En Belgique et en Espagne, on a déjà commencé à rationner l’achat de certaines denrées, pour éviter que des consommateurs trop anxieux écoulent les stocks.

Dans l’Hexagone, aucune pénurie n’est pour l’heure à déplorer. Mais ce climat n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres de notre histoire… 

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“Jours sans”, “Pain noir” : le quotidien des Français face aux pénuries

Quand on parle de rationnement, l’image qui nous vient souvent en tête, c’est celle de files interminables devant les épiceries, sous l’Occupation (1940-1945). Car pendant la seconde guerre mondiale, le système de production est complètement désorganisé. Les pénuries de produits de première nécessité s'enchaînent. La misère s’invite dans les foyers. La France a faim. A tel point que Vichy décide d'instaurer un système de rationnement bien réglementé. Toutes les semaines, chaque foyer a droit à une quantité précise de nourriture.

Parfois, les commerces n’ont plus ce qu’il faut : ce sont les “jours sans”; Les familles doivent redoubler d'inventivité pour éviter la famine. 

Les conséquences de ces pénuries vont durer jusqu’en 1949, bien après l’Armistice. Jusqu’à cette année-là, le pain restera noir, et le rationnement de mise.

Dans notre diaporama, découvrez comment le quotidien des Français a été bouleversé, par le passé, par plusieurs pénuries alimentaires de grande envergure. 

1789 : naissance des tickets de rationnement

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1789 : naissance des tickets de rationnement

Pendant la Révolution française et au début de la Première République, l’Assemblée nationale vote une série de lois pour rationner le pain et fixer ses prix.

Plusieurs villes de l’Hexagone distribuent alors à leurs habitants des “cartes à pain”, échangeables contre une miche. En récupérant ces coupons, les boulangeries se fournissent à leur tour en farine. 

1870 : Rationnement de la viande et steak d’éléphant

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1870 : Rationnement de la viande et steak d’éléphant

Lors de la guerre franco-allemande de 1870-1871, Paris est assiégé par l'ennemi. Un rationnement de la viande est mis en place dès le mois d’octobre 1870. 

En novembre, deux éléphants du Jardin des plantes sont abattus et vendus à une boucherie du 9ème arrondissement, qui propose alors à ses clients de la “viande exotique”.

Le préfet ordonne qu’on abatte les chevaux, mais aussi les chats, les chiens et les rats pour les manger. 

Le bois et le charbon viennent aussi rapidement à manquer. 

1914 : rationnement de plusieurs denrées alimentaires

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1914 : rationnement de plusieurs denrées alimentaires

Pendant la Grande Guerre, les pénuries sont nombreuses. En  1914, le rationnement du pain est mis en place dans la partie occupée de l’Hexagone, avant d’être rapidement étendu à l'ensemble du territoire. 

Le pain, à cette période, est gris, voire noir : pour économiser la farine de blé, on y ajoute en grande quantité du son ou du seigle. 

D’autres denrées sont également rationnées : le sucre, la farine, la viande, le lait, le pétrole… Certaines pénuries vont même durer jusqu’en 1921. 

1940 : système de rationnement à grande échelle

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1940 : système de rationnement à grande échelle

En mars 1940, un système de rationnement est mis en place dans la France occupée. 

Le gouvernement crée alors un ministère du Ravitaillement pour recenser la population et établir des catégories : les Français sont classés par âge, besoins énergétiques, sexe et actitvité professionnelle, et chacun reçoit une ration censée correspondre à ces critères. 

La liste des produits rationnées est longue : pain, viande, poisson, sucre, matières grasses, vin… Mais aussi des produits non alimentaires : vêtements, produits ménagers, tabac et charbon…

Des cartes et tickets de rationnement hebdomadaires sont distribués aux citoyens, qui font la queue pendant plusieurs heures devant leurs commerces afin de se procurer les précieuses denrées. 

Le rationnement restera en place même après la fin de la guerre. Les derniers tickets de rationnement disparaîtront en 1949. Le pain restera également noir jusqu’à cette année-là dans de nombreuses régions. 

1940 : restrictions dans les restaurants

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1940 : restrictions dans les restaurants

En 1940, les restaurants ne peuvent servir plus de deux assiettes à un client. Le pain est aussi limité à 150 grammes par couvert. 

1940 : les jours sans

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1940 : les jours sans

Sous l’Occupation, malgré le système de rationnement, il arrive que les commerçants n’aient plus de stocks, plus de marchandise à écouler. Ce sont “les jours sans”. Certains vendent alors ce qu’il leur reste uniquement aux familles ayant de jeunes enfants, aux femmes enceintes…

“Plus de pain. Pas de viande depuis avant-hier. Que de pauvres gens souffrent. Beaucoup de boutiques n'ont pas ouvert, faute de chauffage ou de marchandise à vendre. Lyon est silencieux et presque désert”, écrivait le médecin lyonnais William Brunat en janvier 1941. 

Le marché noir se développe. Les français rivalisent d’ingéniosité pour éviter la famine : ils élèvent des lapins, des poules, cultivent des légumes comme le rutabaga et le topinambour… 

1940 : pénurie de carburant

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1940 : pénurie de carburant

Après l'armistice du 22 juin 1940, il ne restait en France que 200 000 tonnes de carburant en réserve. On se met alors à remplacer l’essence par le gazogène. Certaines voitures roulent au charbon de bois

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