Déficit public : qui pourrait voir ses impôts augmenter ?Istock
Pour faire face au déficit budgétaire, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, envisage toutes les solutions pour réduire les coûts. Mais qui sera impacté par la hausse des impôts ? Philippe Crevel, président du Cercle des épargnants, donne des pistes.
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Les chiffres du déficit budgétaire ont été dévoilés ce mardi 26 mars, par l’Insee. La France a atteint un déficit de 5,5% du PIB, bien loin des estimations du gouvernement à 4,9%. Soit une différence de 0,6%. Un bilan compliqué pour la France qui a été impacté par des facteurs extérieurs comme des événements géopolitique ou encore, le Covid-19, qui a duré près de deux ans. Face à ces évènements, la France a dû piocher dans les caisses afin d'épauler les commerçants pendant la période de crise sanitaire. La guerre en Ukraine a aussi eu une conséquence directe sur le prix des matières premières dont le gaz et l'électricité qui ont flambé. Une inflation qui touche les Français de plein fouet. 

Aujourd’hui, le gouvernement doit donner des pistes pour respecter la trajectoire budgétaire fixée à long terme. A savoir, atteindre la barre des 3% d’ici 2027. Et ce, sans toucher aux impôts des Français les plus modestes, comme l’indique Bruno Le Maire. “Notre objectif doit rester le plein emploi, le soutien aux entreprises, une fiscalité stable ou en baisse (...) Ne faisons pas de tête-à-queue dans le quinquennat, ne finissons pas le prochain quinquennat en augmentant les impôts et en laissant filer le chômage et le déficit public”, rassure le ministre de l’économie. 

Une imposition minimale sur le revenu 

Bruno Le Maire souhaite mettre en place une imposition minimale sur les plus hauts revenus européen et internationaux, afin de ne pas toucher aux impôts des plus modestes. “Je suis prêt, après avoir mis en place l’imposition sur les géants du numérique et l’imposition internationale sur les très grandes multinationales, à mettre en place une imposition minimale au niveau international sur les plus hauts revenus. Mais ça ne peut se faire qu’au niveau européen ou international, sinon on risque de voir ces gens partir de chez nous”, souligne-t-il.

Ces pistes envisagées par l’exécutif 

Philippe Crevel, président du cercle des épargnants, propose différentes pistes afin accroître les recettes fiscales et réduire le déficit public. 

  • Un retour de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF)

Bien que son rendement potentiel soit relativement limité, générant entre 3 et 4 milliards d'euros par an. Cependant, Philippe Crevel souligne les possibles effets négatifs de cette mesure. "Les investissements étrangers reculeraient, car la France serait moins attractive. Et il y aurait un risque d’exode fiscal de la part de certains contribuables, qui préféreraient payer leurs impôts dans des pays où ils seraient moins taxés", alerte-t-il. 

  • La taxation des superprofits des entreprises

Cependant, définir ces superprofits pose un défi, et une telle taxe pourrait entraîner des stratégies d'évasion fiscale de la part des entreprises. Son efficacité serait amoindri "année après année, car les entreprises chercheraient à échapper à l’impôt. C’est humain. In fine, elles ne réaliseraient donc plus de superprofits. L’État pourrait même être perdant. La taxation des superprofits n’est vraiment efficace que s’il s’agit d’un ‘one shot’", souligne l'expert."

  • Une augmentation de la TVA

Une hausse de la TVA est également envisagée en raison de son potentiel de rendement significatif. En effet, un point de TVA rapporte 21 milliards d'euros, mais elle touche directement le consommateur. "L’augmenter ferait donc ralentir la consommation et la croissance. De plus, c’est un impôt injuste : il touche davantage les plus modestes, parce que ce sont eux qui consomment le plus, au regard de leurs revenus. Relever la TVA serait donc extrêmement impopulaire. Et le gouvernement aurait du mal, dans la situation politique actuelle, à trouver une majorité prête à voter cette mesure". 

  • Augmenter les impôts des français les plus aisés

Une proposition qui consiste à introduire une tranche supplémentaire d'impôt sur le revenu, touchant principalement les contribuables les plus aisés. "Aujourd’hui, la tranche maximale est à 45 %, on pourrait revenir à 50 %. Ce qui permettrait de gagner quelques milliards d’euros", indique Philippe Crevel. Une mesure qui toucherait les cadres supérieurs ou les cadres dirigeants d’entreprise. "Sachant que 50 % de la population n’est pas assujettie à l’impôt sur le revenu, cette moitié-là ne serait certainement pas opposée à une telle mesure, qui toucherait les 10 % des Français les plus riches".

  • La mise en place d'un impôt européen

Un impôt commun pour tous les Françaus tel qu'une TVA sociale commune, est évoquée pour éviter les distorsions de concurrence entre les États membres de l'Union européenne. Cependant, cette proposition est confrontée à des réticences, notamment de la part des pays européens ayant une politique fiscale plus stricte."Les pays d’Europe du Nord ou l´Allemagne, qui ont une gestion rigoureuse, la rejetteraient. Ils diraient qu’il n’y a pas de raison de créer un impôt uniquement pour permettre au plus mauvais élève de la zone euro de réduire son déficit", précise-t-il.

Les axes officiels seront donnés par le Premier ministre, Gabriel Attal, ce mercredi 27 mars, au 20 heures sur TF1.