Blues de la retraite : voilà comment ils s’en sont sortis Istock
Plus de raison de se lever le matin, plus envie de faire quoi que ce soit... Le blues de la retraite vous guette ? Ce n'est pas inhabituel. Des retraités passés par là nous racontent comment ils en sont sortis.
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Et d’un coup, tout s’arrête. Après plus de 40 ans de carrière, vous êtes enfin à la retraite. Vous n’avez plus à vous lever le matin pour aller travailler, vous n’avez plus à jongler entre vie professionnelle et vie de famille, à courir partout et à satisfaire tout le monde. Enfin, vous avez du temps pour vous, rien que pour vous. Vous pouvez reprendre la natation, apprendre à jouer au bridge, visiter toutes ces villes que vous avez toujours rêvé de voir…

Blues des retraités : "On se retrouve facilement seul"

Vous pensiez vivre un rêve éveillé mais, les premiers matins, ça ressemble plutôt à un cauchemar. Vous ne l’aviez pas vu venir, mais le blues s’est emparé de vous et ça n’est pas anormal. De nombreuses personnes ressentent cette nostalgie une fois le cap passé et, parfois, elle s’installe pour longtemps. C’est notamment le cas de Brigitte, qui redoutait de s’arrêter avant même d’en prendre la décision à l’été 2021. Jusqu’au bout, cette enseignante a fait cours à ses élèves et il lui a fallu beaucoup de temps pour s’habituer à ce nouveau rythme.

À l’instar de nombreux retraités que nous avons interrogés, la sexagénaire a ressenti un vide en quittant son lieu de travail et, depuis, elle a le sentiment d’être "inutile". L’absence de ce lien social qu’elle avait quotidiennement a été difficile à supporter les premiers mois, ce qui n’est pas étonnant. L’association OPAR est au cœur de la vie des retraités à Rennes (Ille-et-Vilaine), où elle organise des activités spécialement pour eux. Interrogée par Planet, elle confirme qu’à la retraite, "si on ne va pas vers les autres, vers les associations, on se retrouve facilement seul si on n’a pas soi-même un bon réseau amical ou familial".

À l’accueil de leur infrastructure, l'association reçoit souvent des personnes qui disent "qu’elles ont eu besoin d’un an ou deux pour franchir la porte". "Elles ont eu besoin de temps pour se dire qu’elles étaient à la retraite, pour faire des activités avec d’autres retraités. Accepter tout cela, psychologiquement, ça prend du temps pour certaines personnes", conclut l'OPAR auprès de Planet. Plusieurs retraités nous ont raconté cette étape parfois douloureuse de leur nouvelle vie et surtout la manière dont ils en sont sortis. Rencontre.

Blues des retraités : "Il vaut mieux s'arrêter au printemps"

Comment s’occuper quand on n’a plus d’impératifs pour se lever le matin ? Brigitte a pris sa retraite à l’automne, entrant dans une période de "cocooning" durant laquelle elle n’avait pas particulièrement envie de sortir de chez elle. "À cette saison-là, c’est plus difficile de se motiver, il fait gris, il commence à faire froid, il fait nuit tôt…", se souvient la sexagénaire auprès de Planet. Résultat, elle passe la plus grande partie de son temps chez elle et ne sort que pour voir des amies ou de la famille. Ce rythme ralenti, qui sied à l’hiver, prend fin au printemps et avec lui sa déprime post-retraite commence un peu à s’atténuer.

"Il m’a fallu du temps pour m’habituer à ce nouveau rythme, mais au printemps j’ai fait beaucoup de tri dans ma maison. J’ai jeté des choses qui traînaient depuis des mois, voire des années. Ça m’a vidé l’esprit et, avec les beaux jours, j’ai réussi à voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide", conclut-elle. Si elle a un conseil à donner à ceux qui n’ont pas encore pris leur retraite et qui ont peur de cette déprime c’est qu’"il vaut mieux s’arrêter au printemps, car on a plus de dynamisme que durant l’automne ou l’hiver". Elle insiste également sur le tri, qui lui a été bénéfique, comme si elle disait au revoir à cette ancienne partie de sa vie. Ce n’est pas la seule chose qu’elle a changé chez elle.

Blues des retraités : des activités pour passer le cap

La première année, Brigitte n’a participé à aucune activité, ne s’est inscrite nulle part. Elle n’en avait pas envie, pas le besoin et préférait alors passer une grande partie de son temps chez elle. Une fois le printemps arrivé, elle a eu envie de rencontrer de nouveau du monde et s’est donc renseignée pour s’inscrire à différentes activités.

Elisabeth a aussi eu besoin de faire des activités pour goûter au plaisir d’être à la retraite. Restée chez elle plusieurs mois avec son mari, elle commençait à se sentir de plus en plus lasse, avec "la flemme" de faire quelque chose. Elle a pris le taureau par les cornes et a décidé de s’inscrire à différents ateliers organisés dans sa ville : bridge, belote… Elle a aussi rencontré de nouvelles personnes, avec lesquelles elle va à l’aquagym une fois par semaine. Pour Elisabeth, ce sont vraiment ces activités qui l’ont "aidée à passer le cap" : "J'aurais dû le faire plus tôt ! Peut-être que j'avais besoin de ce moment d'entre-deux, ça m'a donné le courage de sauter le pas quand je m'en suis sentie capable".

Pour Sophie, au contraire, c’est se replonger un peu dans son ancienne vie qui lui a permis de savourer la nouvelle. Cette ancienne enseignante a donné des cours de soutien à des élèves plusieurs mois après sa retraite. Une manière de faire la transition en douceur, alors que son mari travaillait encore. Si elle a désormais arrêté, pour s’occuper de ses petits-enfants, elle ne regrette pas d’avoir pris ce temps pour de jeunes adolescents.